Algérie

Le combat de trop pour Mugabe



En maintenant le black-out sur les résultats de l'élection présidentielle qui s'est déroulée voilàmaintenant une quinzaine de jours au Zimbabwe, le président en titre de ce pays,Robert Mugabe, a créé les conditions à la survenance dans son pays d'unscénario de crise à la kenyane.C'est pour tenter de conjurer ce risque d'explosion que les14 dirigeants de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), dontle Zimbabwe est membre, sont réunis à Lusaka, en Zambie. Les participants ausommet ont invité à leur réunion aussi bien le président zimbabwéen que soncompétiteur, Morgan Tsvangirai, qui revendique lavictoire dans une élection présidentielle dont les résultats sonttoujours tenus cachés.La majorité des chefs d'Etat membres de la SADC, qui ont toujourssoutenu contre vents et marées Robert Mugabe, espèrent cette fois encore luisauver la mise en trouvant une forme d'accord entre lui et son adversaire. C'estla mission dont a été chargé le président sud-africain Thomas Mbeki. Mission impossible, selon les observateurs, qui fontvaloir que «la frustration est telle au Zimbabwe qu'elle pourrait déboucher surdes affrontements». D'autant que les protagonistes de la crise zimbabwéennecampent sur des positions irréductibles. Preuve en est que Tsvangiraiet son parti, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), revendiquentla victoire et excluent tout second tour et que Robert Mugabe a refusé de serendre au sommet de Lusaka, où son compétiteur se trouve lui. Pour RobertMugabe, la situation risque de devenir vite intenable. Il n'y a aucun doutequ'en refusant de faire connaître les résultats du scrutin présidentiel, ilsigne ainsi l'aveu de sa défaite. Ce que confirme par ailleurs la déroute deson parti à l'élection couplée des législatives. Robert Mugabe ne peut cettefois invoquer le «complot occidental». Les élections au Zimbabwe ont étéorganisées par l'administration subordonnée au président Mugabe et à son régime.Si malgré cela, ce dernier n'a pas pu emporter sans contestation la «victoire»,c'est qu'il est vrai que ses compatriotes sont lassés de son pouvoir et veulentle changement.«Le vieux lion, héros de l'indépendance», semble déterminéà engager le combat de trop. Que non seulement il perdra, mais qui risqued'entraîner son pays déjà exsangue dans le désastre absolu de la guerre civile.Robert Mugabe a fini avec le temps par incarner jusqu'à lacaricature qu'affectionnent les Occidentaux, le prototype du dirigeant africainapte à ruiner son pays pour se maintenir au pouvoir. Ses pairs africains quipersistent à lui accorder leur soutien ne rendent service ni au peuple duZimbabwe, ni au continent. Et ce n'est pas en soutenant l'insoutenable qu'ilsconvaincront l'opinion internationale que l'Afrique n'est pas malade de sesdirigeants mais des ingérences et manoeuvres étrangères.Le bilan de Mugabe au Zimbabwe est lasinistre preuve que l'enfer dans lequel est enfermée l'Afrique est l'oeuvre deses élites dirigeantes avant tout.
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