Algérie

La jurisprudence des priorités au niveau des actes cultuels



La jurisprudence des priorités au niveau des actes cultuels Il faut savoir que l’accomplissement des obligations religieuses est la première chose qui incombe au Musulman responsable, surtout s’il s’agit des piliers de la religion. Par ailleurs, la surérogation par des œuvres pies est une chose que Dieu apprécie et qui permet de se rapprocher se Son Agrément. Al-Boukhârî rapporte le hadith transcendant (hadîth qoudousî) suivant : « Mon Serviteur ne cessera de se rapprocher de Moi en exécutant ce que Je lui ai ordonné, et il ne cessera de se rapprocher de Moi par des surérogations jusqu’à ce que Je l’aime. Et si Je l’aime, Je deviens l’ouïe par laquelle il entend et la vue par laquelle il voit [...] »Â Dieu n’accepte pas la surérogation si l’obligation est délaissée. En conséquence, tous ceux qui accomplissent des pèlerinages surérogatoires mais négligent le paiement obligatoire de l’aumône légale purificatrice (zakâh), que ce soit la totalité ou une partie de la somme, voient leurs pèlerinages refusés. Il est en effet plus important de purifier son argent par le paiement de l’aumône légale que de le dépenser dans le pèlerinage surérogatoire. Il en est de même pour ceux qui croulent sous des dettes, comme les commerçants par exemple, ou de ceux qui achètent une marchandise avec paiement à durée déterminée et ne paient pas la somme convenue à l’échéance de la dette, ou encore de ceux qui font un emprunt et qui ne le remboursent pas. Il est défendu pour une telle personne d’accomplir un pèlerinage surérogatoire avant de s’être débarrassée de toutes ses dettes. Dieu n’accepte pas la surérogation si elle mène à la transgression d’un interdit, car se préserver du péché est prioritaire par rapport à l’accomplissement d’œuvres pies. L’affluence excessive entraîne des difficultés sans fin, comme la propagation des maladies ou la mort de personnes piétinées par les autres pèlerins. Ces personnes meurent soit parce qu’elles perdent connaissance, soit parce qu’elles ne parviennent pas à se dégager. Dans ce contexte, il devient impératif pour les pèlerins partis sur la base du volontariat de s’abstenir de se rendre au pèlerinage, afin de diminuer cette affluence autant que faire se peut. Le premier pas à faire pour réduire cette affluence est donc l’abstention de ceux qui ont déjà effectué le pèlerinage à maintes reprises, afin qu’ils laissent leur place à autrui, parmi ceux qui n’ont pas encore effectué leur pèlerinage obligatoire. L’Imâm Al-Ghazâlî mentionne parmi les règles que le pèlerin doit observer : «qu’il ne vienne pas en aide aux ennemis de Dieu en leur payant le mikass (impôt prélevé injustement). Ces ennemis de Dieu sont les gouverneurs de la Mecque, obstruant le chemin menant à la Mosquée Sacrée, ainsi que les Bédouins pratiquant le grand banditisme. Le pèlerin qui leur payerait la somme qu’ils réclament leur viendrait de fait en aide dans leur injustice et leur faciliterait les voies de celle-ci. L’aide financière qu’il leur apporterait serait similaire à une aide personnelle. Il doit donc trouver une ruse pour leur échapper. S’il n’y parvient pas, alors dans ce cas, certains savants sont d’avis — et cet avis semble correct — que le pèlerin doit abandonner son pèlerinage surérogatoire. Faire demi-tour lui est préférable que d’aider les injustes. Et qu’on ne dise pas qu’on a été contraint de payer l’impôt qu’ils réclament. Car s’il demeure chez lui ou s’il fait demi-tour, ils ne lui prendront rien du tout. S’il paye, c’est que c’est lui qui a fait en sorte d’être contraint à payer. » (conférer Al-Ihyâ’, section 1, page 236, édition Al-Halabî ; conférer également notre livre Al-‘Ibâdah fî Al-Islâm (L’Adoration en Islam), pages 324 et suivantes, deuxième et troisième éditions). L’argument que nous tirons de cet extrait est que le pèlerinage surérogatoire n’est ni louable ni légitime, s’il mène à la transgression d’interdits, ou à une aide à cette transgression, même si cette aide est indirecte. Il est dès lors préférable pour le Musulman qui recherche l’Agrément de son Seigneur d’abandonner un tel pèlerinage. Voilà la jurisprudence éclairée. La répulsion des torts est prioritaire sur la recherche des intérêts, surtout si les torts sont généraux alors que les intérêts sont privés. Si l’intérêt de certains individus se trouve dans le fait d’accomplir de manière répétée des pèlerinages surérogatoires et que cela constitue un tort à l’encontre de milliers, voire de centaines de milliers de pèlerins, qui subissent ainsi des dommages dans leurs âmes et dans leurs corps — les pèlerins en situation de surérogation n’étant eux-mêmes pas épargnés par ces dommages -, alors il devient obligatoire de se prémunir contre un tel tort en repoussant sa cause, c’est-à-dire cette affluence excessive. Les portes de la surérogation par des œuvres pies sont nombreuses et grandes ouvertes. Dieu ne les a pas rendues étroites pour Ses Serviteurs. Le Croyant perspicace est celui qui choisit parmi ces portes celles qu’il considère comme étant plus seyantes à sa situation et plus adaptées à son époque et à son environnement.   A suivre... Cheikh Youcef El Qaradaoui
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