Algérie

La Commission permanente de l'APN consacre le pouvoir de l'argent dans la presse Rejetant la quasi-totalité des amendements autres que ceux qu'elle a elle-même introduits


La Commission permanente de l'APN consacre le pouvoir de l'argent dans la presse                                    Rejetant la quasi-totalité des amendements autres que ceux qu'elle a elle-même introduits
C'est sans illusion aucune que des parlementaires, ayant milité pour la pleine liberté de la presse et sa protection contre les lobbies et les gens du métier, ont découvert que quasiment aucun amendement n'a été accepté par la Commission de la culture et de l'information, autres que ceux qu'elle a elle-même introduits dans son rapport préliminaire. Lequel a fait l'objet d'un très long débat. Elle va, au contraire, à contresens des aspirations d'ouverture du secteur vers plus de liberté et de professionnalisme. Au lieu d'encourager les organes de presse à l'élévation du niveau des journalistes, de leur éviter le diktat du pouvoir de l'argent, la commission pousse, à travers les arguments qu'elle a avancés pour rejeter les amendements, à la poursuite de la clochardisation du secteur déjà assez avancée. Il en a été ainsi pour le rejet d'un amendement proposé et, selon lequel, il fallait exiger du propriétaire de l'organe de presse, dans l'article 12 du projet de loi, un diplôme universitaire dans le secteur. La commission a argué qu'on ne pouvait pas mettre sur un pied d'égalité le directeur de la publication et le propriétaire du titre. Le premier, a estimé encore la commission, «est un professionnel de l'information qui exerce son activité avec professionnalisme dans le traitement de l'information et sa présentation au public. C'est la raison pour laquelle, il lui est exigé une qualification. Tandis que le deuxième, c'est un investisseur qui est soumis aux critères économiques et commerciaux». En plus clair, n'importe quelle personne n'ayant aucune instruction, n'importe quel maquignon analphabète et illettré peut être propriétaire d'un journal, pour peu qu'il ait les fonds nécessaires. C'est lui qui définit la ligne éditoriale qui lui sied. Et ce, d'autant que l'agrément n'est pas délivré au journaliste, mais à la société éditrice, c'est-à-dire cet homme d'affaires en est le propriétaire. Dès lors, rien ne l'empêche d'imposer sa ligne politique, y compris en déclenchant des campagnes à des desseins politiques ou économiques, et d'imposer également son diktat sur les journalistes. Qu'il ira chercher non pas parmi les professionnels, mais parmi ceux issus de l'université en quête d'emploi et inscrits à l'Anem, pour mieux les exploiter à moindre coût, puisqu'il bénéficiera des mesures législatives prises en matière d'encouragement à la création d'emploi. Pourquoi donc élaborer un code spécifique à la presse si ce sont les règles économiques, notamment d'investissement, qui sont le critère principal pour la création de journaux ' L'on notera que la commission avait introduit une dizaine d'amendements, beaucoup plus de forme que de fond, si l'on excepte l'acceptation, par cette structure, d'une proposition faisant obligation aux journalistes qui seraient élus au sein de l'autorité de régulation, de justifier de 15 ans d'expérience. Ainsi que la revue à la baisse des amendes en matière des délits de presse et la co-responsabilité des écrits entre le journaliste et le directeur de la publication. On notera que le propriétaire (investisseur) n'est pas concerné par cette mesure. Le projet de loi organique relatif à l'information sera soumis, demain, au vote des députés. Et ceux parmi eux qui ont maintenu leur amendement, pour le soumettre à la plénière, se verront certainement opposer une fin de non-recevoir, la majorité parlementaire étant acquise à la Commission permanente de l'APN. Avec l'adoption de ce code antidémocratique, la Chambre basse du Parlement aura clôturé son mandat avec un crédit qui lui sera compté. Pour l'histoire.
F. A.


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