Algérie

«Les réformes sont frappées d'inefficience dès le départ» Le politologue Mohamed Hennad au sujet des réformes



«Les réformes sont frappées d'inefficience dès le départ»                                    Le politologue Mohamed Hennad au sujet des réformes
Entretien réalisé par
Amirouche Yazid
Des voix reprochent à l'actuelle APN de bloquer les réformes initiées par le Président. L'APN a-t-elle vraiment un poids politique pour une telle 'uvre '
En fin de compte, ce n'est ni une question de réformes, telles qu'elles ont été décidées, ni de blocage de ces réformes par l'APN du moment qu'il s'agit de réformes «octroyées» et que ce Parlement est bien un Parlement croupion, dont la majorité écrasante reflète celle à la tête de l'Exécutif, lequel prétend appliquer le «programme du Président». La question qui se pose est de savoir si l'on n'est pas devant un jeu malsain, dont les auteurs veulent entretenir une certaine confusion. D'aucuns pensent même qu'il s'agit là d'une distribution de rôles : le Président promet beaucoup de choses - pas suffisamment claires par ailleurs -, à charge pour l'APN d'en retarder l'échéance ou d'en limiter la portée dans la mesure du possible. Par ailleurs, force est de constater qu'on est bien de cette situation où la'ab Hmida wa racham Hmida. Les soi-disant réformes projetées ont été, dès le départ, frappées du sceau de l'inefficience vu la manière dont elles ont été élaborées, unilatéralement, quoi que l'on puisse dire des soi-disant «consultations nationales». Celles-ci ne pouvaient être que ce que leur nom indiquait. D'autant plus que c'est bien la légitimité du système de gouvernance qui est remise en question ici. Pour l'anecdote, comment pourriez-vous avoir confiance en un Parlement dont les membres exigent, d'ores et déjà, une grosse «indemnité de sortie», pour fin de mandat le printemps prochain '
Il y a ceux qui estiment qu'il n'y a eu ni réformes ni contenu de réformes. Que pensez-vous '
Il est clair que ceux qui disent ça ont largement raison. En plus de ce qui vient d'être dit, le problème n'est pas, à mon sens, un problème de textes, mais plutôt un problème de façon de faire. Car, il ne suffit pas que vous donniez l'impression d'être animé des meilleurs intentions du monde pour être suivi : vous serez jugé à l'aune de votre manière de procéder. Si vous voulez réagir à des demandes de changement, vous ne pourrez pas procéder sans vous entendre avec ceux qui le réclament. Et si vous-vous entêtez à choisir les interlocuteurs qui vous conviennent pour décider tout seul ensuite, sachez que vous ne pourrez jamais aller très loin.
Un échec des réformes traduirait-il un manque de volonté politique du régime pour une réelle réforme ou signifierait-il une erreur dans l'élaboration du processus '
Non ! Le problème n'est pas seulement relatif à un manque de volonté politique ni d'une simple erreur dans l'élaboration du processus de la part du régime de gouvernance en place, mais aussi et surtout à une incapacité inhérente à ce régime. Cette incapacité est la résultante d'une culture politique qui a dominé jusqu'à présent, c'est-à-dire une culture du monopole politique au nom d'une légitimité autoproclamée, prétendument indépassable ! Il est évident que ce pouvoir - comme tout pouvoir d'ailleurs - veut se maintenir, mais il est, en même temps, conscient de la difficulté de la tâche vu tout ce qui se passe chez nous, autour de nous et ailleurs. Toute l'intelligence pour ce régime est de se ménager en ménageant !En même temps, il me semble qu'on se fait piéger en demandant au régime actuel de procéder à des réformes, alors qu'on le tient, justement, pour responsable de la chute que connaît ce pays.
Il s'agit là d'une incohérence flagrante qui ne peut être corrigée qu'à travers un nouveau discours, celui qui consiste à dire à ce régime : «Reconnaissez, d'abord, votre responsabilité, et arrêtez votre tutelle. Vous n'êtes pas investis d'une mission divine. L'avenir du pays nous concerne tous. Essayons, ensemble, de trouver une issue à la crise et décider des réformes à appliquer d'une manière consensuelle.» Mais vu l'état actuel des lieux, serait-ce un simple v'u pieux ' Peut-être ! Dans ce cas, osons espérer que les élections du printemps (encore le printemps !) prochain sauront ouvrir la voie à un changement des m'urs politiques dans notre pays, à la faveur d'un changement dans son élite politique.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)