Algérie

La calligraphie, un art magique



Exalter la beauté du verbe Le mot calligraphie vient du grec « Kallos « (beauté) et de « graphein « (écrire). La calligraphie est l’art de la belle écriture, l’art de bien former les caractères d’écriture. L’écriture arabe n’est née qu’au cours du sixième siècle après J.C. car l’état nomade des Arabes favorisait surtout la culture orale. Le Coran a joué un rôle central dans la formation de l’écriture arabe. En effet, le Coran ne pouvant être récité qu’en arabe, la diffusion de l’Islam a obligé les musulmans à définir une typographie la plus explicite qui soit afin d’éviter que le message d’Allah ne puisse être trahi. L’écriture qui retranscrit les paroles du Coran est considérée sacrée. La première révélation du Coran a pour sujet l’art de l’écriture que Dieu a octroyé à l’homme : Il enseigna par le Calame et enseigna à l’Homme ce qu’il ignorait. (Coran XCVI, 4-5). L’ensemble des paroles concernant l’écriture arabe fait partie de la culture arabe, ainsi un dicton dit : « Le mot écrit est un talisman, et le processus d’écriture un art magique lié non seulement à la technique, l’habileté de l’art du maître, mais aussi à sa personnalité spirituelle et morale «. De plus, l’interdiction par l’Islam de représenter des figures humaines a conduit les musulmans à développer de manière très riche et diversifiée la calligraphie pour exalter la parole de Dieu. Donc, la calligraphie a pour but d’exalter la beauté et l’harmonie du verbe. L’écriture arabe et la calligraphie ont connu de nombreuses évolutions. Ibn Moqlah peut être considéré comme le maître de la calligraphie car il a introduit l’étape la plus importante dans son développement : la proportion. Il a, de plus, instauré un code de la calligraphie arabe et a défini six écritures de base : six styles. Il a fait de la calligraphie une discipline rigoureuse que ses élèves ont fait évoluer. Deux grandes écoles (aux 11è et 13è siècles) ont perfectionné les procédés de la calligraphie. De nos jours, des calligraphes contemporains continuent de faire évoluer cet art. L’instrument de l’écriture est le calame (un roseau taillé en biseau au bec refendu). La calligraphie est l’entrelacs d’une ligne de base simple et de lignes verticales. Elles sont complétées par des signes typographiques (voyelles brèves, ...). La calligraphie répond à une logique interne fondée sur l’équilibre et le dynamisme de la composition. La forme même des lettres ( montantes, descendantes, allongées) oblige les calligraphes à beaucoup de recherches. Leur tracé n’est pas le même selon que les lettres se placent au début ou à la fin d’un mot. L’espace dans lequel elles s’inscrivent doit être mesuré (au détail près). La calligraphie prend son sens en elle-même : la compréhension du texte n’est pas obligatoire. Cela permet d’expliquer pourquoi la calligraphie peut émouvoir les non-arabophones (c’est la beauté de la calligraphie qui émeut, les impressions qui en ressortent). Cependant quelques artistes contemporains réalisent des calligraphies à partir de phrases célèbres françaises (d’écrivains) ou traduites de l’Arabe. Ces oeuvres mettent en évidence la cohérence d’un thème (avec un mot ou une phrase) avec un dessin : une vraie poésie où la rime se retrouve dans l’ornement des lettres. La calligraphe ne produit pas une œuvre indépendante, au contraire, elle ajoute de la valeur, de la beauté à des objets qui préexistent déjà et qui ont une fonction utilitaire.


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