Algérie - Revue de Presse


Tout le monde était content, les hommes comme les moutons, les agriculteurs du lointain comme les dirigeants du centre, les fillettes en jerrican et les terres en déshérence. Il y a de l?eau. Partout. Dans l?air, dans le sous-sol et dans les robinets, de l?eau qui ruisselle par les fuites des grands boulevards, qui coule sous les ponts, embue les yeux des jeunes filles amoureuses et humidifie les rapports entre gouvernés et gouvernants. La bonne pluviométrie observée depuis quelques années a conduit à trouver des fruits et légumes à des prix raisonnables et à se doucher sans y voir le résultat d?une intervention divine, ce qui a aidé à rendre plus supportable la promiscuité dans les transports publics. Mais comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, l?Etat a décidé d?augmenter l?eau de 65%. Maintenant qu?il y en a. On comprendrait l?augmentation des prix de l?intelligence ou de l?imagination puisqu?elles sont de plus en plus rares, une taxation supplémentaire sur l?honnêteté puisqu?elle est en voie de disparition, une imposition compensatoire sur la redjla puisqu?elle est devenue de plus en plus difficile à trouver. Mais augmenter l?eau au moment où il y en a ressemble un peu à demander à amnistier les terroristes maintenant qu?il n?y en a plus ou faciliter les procédures de délivrance de passeports maintenant que plus personne dans le monde ne veut des Algériens. Tout vient trop tard ou trop tôt, en décalage permanent. Comme une malédiction fatale, un non-sens de fond ou une impasse systémique, les Algériens ne comprendront jamais pourquoi l?essence est aussi chère pour eux et le pétrole aussi accessible aux compagnies étrangères. Comme le soulignait un ancien banquier reconverti dans la vente de dessous féminins : « On ne sait toujours pas si le gestionnaire algérien est un bon gestionnaire. Parce qu?on ne l?a pas encore vu gérer. »



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