Algérie

L'aberration du «conflit gelé»



L'aberration du «conflit gelé»
Tout compte fait, la diplomatie ne sera jamais à court d'idées, mais elle manquera ou ne se donnera pas de moyens pour aller jusqu'au bout de sa mission consistant à éviter les guerres, sinon y mettre fin.Ainsi en est-il de sa position à l'égard du conflit du Nagorny-Karabakh toujours aussi sanglant. La guerre a en effet repris pour une courte durée après la conclusion, mardi, d'un accord de cessez-le-feu. C'est encore une fois la fin du statu quo, ou encore de ce qu'on continuait jusqu'à il y a quelques jours à considérer comme «un conflit gelé». Une bien belle expression n'était l'image absolument négative que cela renvoyait. Celle d'une guerre en plein continent européen et qui pose manifestement des questions autres que celles soulevées à ses débuts il y a près de trente années. Puisqu'il faut en parler ainsi, la première guerre a éclaté en 1988, prenant fin en 1994 et après 30 000 morts et des centaines de milliers de réfugiés, principalement azerbaïdjanais. Ce que l'on retiendra du Nagorny-Karabakh, c'est qu'il s'agit d'une région séparatiste d'Azerbaïdjan à majorité arménienne dont Bakou veut reprendre le contrôle.Ce territoire a proclamé fin 1991 son indépendance et qu'aucun pays, même l'Arménie, ne reconnaît. Située entre l'Iran, la Russie et la Turquie, la zone, qui appartient toujours à l'Azerbaïdjan aux yeux de la communauté internationale, est stratégique. A l'époque soviétique, le Nagorny-Karabakh est rattaché à l'Azerbaïdjan. Le 10 décembre 1991, à la suite de la disparition de l'URSS, les habitants du Nagorny-Karabakh votent massivement pour l'indépendance.En 1993, après cinq années de guerre, les Arméniens récupèrent les villages contrôlés par Bakou, s'emparant d'une «zone de sécurité» de 8000 km2 ? soit 20% du territoire azerbaïdjanais ? située entre le Nagorny-Karabakh et l'Arménie. Un cessez-le-feu fut conclu en mai 1994 après la victoire de la partie arménienne, mais aucun accord de paix n'a été signé. En novembre 2008, l'Arménie et l'Azerbaïdjan ont bien signé une déclaration appelant à un «règlement pacifique» du conflit, mais la guerre en réalité n'avait jamais cessé et la notion-même de conflit gelé n'a en fait jamais eu la moindre substance. Une réelle aberration.Des mots et rien d'autre, comme le prouve la reprise, même sur une courte durée, la semaine dernière de cette guerre, sans même surprendre qui que ce soit en l'absence de règlement durable. Mais pourquoi et très justement maintenant alors que les conflits se multiplient non loin de cette région, en fait à sa périphérie ' Comment, à cet égard, considérer les déclarations des dirigeants turcs soulignant que leur pays, allié traditionnel de l'Azerbaïdjan, affirme qu'il sera aux côtés de celui-ci «jusqu'à l'apocalypse» ' Le président Tayyip Erdogan a affirmé, quant à lui, que «le Karabakh retournera un jour, sans aucun doute, à son propriétaire originel», l'Azerbaïdjan.Pourquoi de tels propos et maintenant ' Seraient-ils liés à d'autres considérations et dans ce cas lesquelles ' Pourtant, très rapidement, ce conflit est passé en tête des discussions entre les chefs de diplomatie des Etats-Unis et de Russie, les deux pays exhortant «les deux camps à cesser immédiatement l'usage de la force et à éviter toute forme d'escalade». Sauf qu'il est question de «parties extérieures» au conflit qui aggraveraient «la confrontation» que l'on se garde d'identifier. L'Europe est véritablement mal à l'aise, elle qui croyait réellement à la fin des guerres sur son territoire. C'est bien ce qu'elle annonçait en 1992 lors de la création de l'organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), prenant ainsi un pari en fin de compte risqué sur l'avenir puisque celui-ci s'avèrera bien morose et même sanglant avec de nombreuses guerres dans la région des Balkans. Le dégel de ce conflit survient, quant à lui, au moment où les relations entre la Russie et la Turquie sont en crise. Il y a donc urgence à y mettre fin et de manière durable.







Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)