Khelli l'bir beghtah Tout est funeste, mauvais et mensonges

Dans une atmosphère lourde de senteurs âcres et chargée de poudre, où l'appréhension du lendemain pousse du coude la violence, et où la fripouille de la pire espèce ne trouve rien à envier aux fripouilles de la bureaucratie, il est des moments qui viennent déchirer le voile de la laideur. L'incapacité d'être autre chose qu'une incapacité, et de faire autre chose que ce que font les incapables, s'étale alors de tout son long par terre comme une vieille bête épuisée à mort, ne pouvant plus servir à rien, ni à labourer ni à transporter, ni même à intéresser les corbeaux. Dès lors, on ne peut en vouloir à ceux qui, privés de rêves en ces lieux et interdits de rêve, et jusqu'au rêve de partager l'exploit des autres nations, montent vite sur leurs chevaux pour partir à l'assaut d'une télévision nationale stupide, terne et renfermée.
Une télévision qui semble se complaire, comme l'idiot, à regarder les étoiles en fourrageant dans son nez et où les tours de passe-passe font un pied de nez au professionnalisme, au savoir-faire et à la compétence. L'ouverture du paysage de l'audiovisuel et des télévisions privées est venue pour changer le décor. Des télévisions qui, toutes animées de l'esprit de concurrence et de compétitivité, font vite pour damer le pion aux grandes chaînes arabes et même aux grandes chaînes de l'Occident avec des producteurs, des réalisateurs, animateurs, des journalistes et des techniciens algériens. Comme la libéralisation de la presse écrite avait donné libre cours à une armada de titres, dont certains, sinon beaucoup subissent le diktat d'une faune de malfrats qui, depuis la disparition de l'Enamep, impose sa seule loi à la distribution. Qu'importent les efforts consentis par les éditeurs pour confectionner un «canard» crédible, en sus, à 100% algérien. Les promesses de soutien à la presse privée ' Tout est funeste, tout est mauvais, tout n'est que mensonges. Et vogue la galère. Enfin, de quoi je me mêle ' Khelli l'bir beghtah.