Algérie

JIJEL : L’olive n’est pas encore bien huilée


JIJEL : L’olive n’est pas encore bien huilée

En dépit des efforts consentis par les pouvoirs publics pour le développement de l’oléiculture, avec d’énormes potentialités dans le pays, force est de reconnaître que ce créneau agricole demeure confronté à un certain nombre de contraintes qui constituent un handicap de taille pour que ce produit soit commercialisable sur le marché international.

En effet, le chef de service de l’organisation et des appuis techniques au sein de la direction des services agricoles de la wilaya de Jijel, Kamel Chiheb, nous a affirmé que l’oléiculture s’étend sur une superficie de 14.000 hectares. Selon lui, un important atout qui nécessite une meilleure valorisation économique pour qu’il puisse jouer un rôle dans l’économie locale dans une conjoncture économique nationale où l’agriculture constitue l’une des priorités des pouvoirs publics, qui ont mis le paquet dans le cadre des programmes d’appui, notamment le PNDRA et FNRDA.

Concernant la production de l’huile d’olive, notre interlocuteur a indiqué que la moyenne annuelle de la wilaya est de 3.500.000 litres et que la wilaya de Jijel occupe la 3ème place à l’échelle nationale en matière de production et de rendement, qui varie entre 20 et 25 litres par quintal, tout en soulignant que la production a atteint en 2003 le chiffre record de 5.500.000 litres, alors qu’elle était catastrophique en 2004 en raison des intempéries et de la vague de neige qui s’est abattue sur l’ensemble de la wilaya. Développant un discours réaliste, et en sa qualité de spécialiste en la matière, Kamel Chiheb n’a pas manqué de dévoiler certaines incohérences des discours populistes développés par ceux qui estiment que la wilaya de Jijel est en mesure d’exporter de l’huile d’olive vers le marché européen.

En déclarant que «nous n’avons pas encore un marché national d’huile d’olive pour que nous puissions envisager sérieusement une éventuelle exportation de ce produit !».

Plus explicite, notre interlocuteur souleva le problème du taux d’acidité de notre huile d’olive, qui, selon lui, est élevé et varie entre 3 et 4%, alors que les normes internationales exigent que l’huile d’olive exportable ne dépasse pas les 0,3% et qu’elle soit raffinée, alors que ce n’est pas le cas pour l’huile d’olive produite localement.

Notre interlocuteur a énuméré par ailleurs un certain nombre de facteurs objectifs qui entravent toute éventualité d’exportation de ce produit, dont, entre autres, la désorganisation de la filière, l’inexistence d’un design chez les gérants des huileries, la micro-partialité des champs d’oléiculture, ce qui empêche l’application de nouvelles techniques pour l’amélioration du rendement, l’inexistence d’un marché national de l’huile d’olive. Cependant, le chef de service de l’organisation et des appuis techniques a affiché un certain optimisme quant à l’avenir de l’oléiculture, la nouvelle optique développée par l’Etat, notamment dans le cadre du programme de soutien FNRDA, accordant une grande importance à l’identification des oléiculteurs et à la plantation de grandes surfaces, notamment dans la région de hauts-plateaux avec la densification des oliviers, car «nous pouvons aller jusqu’à 600 arbres par hectare», a-t-il ajouté. Au passage, il a affirmé que la wilaya compte 138 huileries, dont 28 automatiques, alors que 20 ont été réalisées dans le cadre du programme de soutien, le FNRDA, ce qui a permis la plantation de 3.000 hectares d’oliviers, et que l’Etat a injecté plus de 14,5 milliards de centimes dans ce domaine, qui est appelé à devenir un créneau économique destiné à satisfaire une demande nationale et prévoir l’exportation vers le marché européen, à condition que la qualité de l’huile d’olive réponde aux exigences et normes internationales.

En somme, des mesures draconiennes que l’oléiculteur de Settera ou de Texenna doit respecter pour que son produit soit un jour sur les étals des magasins de Carrefour en France... Un défi à relever et un pari à gagner par nos nobles fellahs.


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