Algérie

Incertitudes sur la transition en Libye



La communauté internationale et une partie des Libyens ont beaucoup insisté sur la tenue des élections, comme cela avait été prévu par l'ONU qui parraine le processus de paix.Les élections du 24 décembre 2021 auront-elles lieu en Libye ' pas sûr, au vu des agissements des responsables du gouvernement de transition d'Abdelhamid Dbeibah, dont la rhétorique insinue chaque fois son intention de se maintenir au pouvoir au-delà de cette date.
À la veille de la Conférence internationale à Tripoli, des voix libyennes l'ont même accusé d'avoir enlevé ce sujet du projet de texte de déclaration finale de cette rencontre qui a eu lieu jeudi, en présence de nombreux acteurs locaux, mais aussi régionaux, continentaux et internationaux.
Si tout ce beau monde a insisté sur cette échéance, considérée comme une première étape dans le processus de sortie de crise en Libye, c'est parce que Dbeibah a maintenu le flou, en affirmant, il y a quelques semaines, que la solution à la guerre en Libye n'est pas forcément liée à ces élections, qui approchent à grands pas, au moment où beaucoup de choses n'ont toujours pas été faites, dont l'adoption de la loi électorale.
Dans le communiqué final de la rencontre de jeudi, lu par la cheffe libyenne de la diplomatie, Najla al-Manghoushi, il est clairement mentionné "l'importance de prendre les mesures nécessaires pour renforcer la confiance et créer un environnement propice à la tenue d'élections nationales de manière juste, transparente et inclusive le 24 décembre 2021".
Mme Al-Manghoushi a réaffirmé "le soutien du gouvernement aux efforts déployés par le Comité militaire conjoint (5+5) dans la pleine mise en ?uvre des termes de l'accord de cessez-le-feu et du plan d'action approuvé lors du treizième cycle des travaux du comité qui s'est tenu à Genève du 6 au 8 octobre 2021".
Certes, le communiqué donne des signaux positifs sur la volonté des autorités de transition à aller jusqu'au bout du processus de stabilisation en cours, mais des voix s'élèvent ici et là pour rejeter cette élection, à l'exemple du fils d'Abderahmane Souihli (ancien président du Conseil d'Etat libyen), qui estime que ce scrutin ne sera pas valable si la loi électorale est confectionnée par le Parlement de l'est, sous le contrôle quasi total des autorités parallèles dirigées en partie par le général Khalifa Haftar.
Les frictions opposant la partie aux autorités actuelles ne sont pas un fait nouveau, mais l'héritage de dix années de guerre, aggravée par les ingérences étrangères, qui ne sont pas encore réglées, malgré les incessants appels à laisser les Libyens décider, eux-mêmes, de leur avenir. Et ce que dénonce d'ailleurs le communiqué final de la conférence de jeudi. Le départ des mercenaires constitue aussi la condition sine qua non pour faire avancer le processus de paix.
Or, les fragiles équilibres sont menacés par la présence de 20 000 mercenaires sur le sol libyen et que les parties en conflit pourrait actionner à n'importe quel moment. Cela s'est d'ailleurs vérifié par le passé, à la veille de la tenue en avril 2019 de la rencontre de Ghadamès, reportée à la dernière minute après l'offensive lancée par Khalifa Haftar contre Tripoli.
Cette opération, qui a duré un an, a fini par le retrait des troupes de Haftar de la capitale libyenne, après l'implication militaire directe de la Turquie aux côtés du défunt Gouvernement d'union nationale de Fayez al-Serraj dès janvier 2020.

Lyès MENACER
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