Algérie

Il avait inventé le cinéma arabe libre et moderne



Il avait inventé le cinéma arabe libre et moderne Le rebelle Youssef Chahine est sûrement l’un des rares cinéastes arabes qui ne s’est pas compromis avec les régimes de son pays. Il a produit ses films en iconoclaste et artiste libre. Que ce soit sous Nasser, Sadate ou Hosni Mobarek. Comme il a été précisé en 2007, «un cinéaste du tiers-monde n’est jamais assez engagé». «Chaque fois qu’il fait un film, il écrit trois scénarios: l’histoire qu’il veut raconter, l’éloge du gouvernement qui le commandite et le combat qu’il mène contre les adversaires politiques». C’était aussi un innovateur dans l’industrie de la pellicule à la limite de la subversion avec une liberté de ton et de pensée inconnue avant lui. Pour se démarquer, Chahine est le pionnier du cinéma d’auteur en Egypte et dans le Monde arabe. Avec son film «Les Eaux noires» qu’il réalise en 1956, le public découvre une nouvelle forme de narration. Dans ce long métrage, Chahine traite des conditions de vie de la classe ouvrière avec une crudité et un naturalisme frappants. Peut-être une qualité qu’il a nourrie de son passage aux USA où il avait acquis sa formation de cinéaste. Mais la grande rupture, Chahine l’affirme par «Gare centrale» (1958) où il bouleverse fondamentalement le montage et le cadrage. Il se permet même à cette époque -ou l’illusion se cultivait pour endormir les peuples- d’introduire dans ses films conjointement à la trame des récits parallèles. Cinéaste de progrès et de modernité, il a révélé des valeurs sûres de la culture arabe en faisant jouer des visages nouveaux: Omar Sharif dans «Ciel d’enfer» (1954) ou Majda Roumi en 1976 dans «Le Retour de l’Enfant prodige». L’égyptienne Asma el Bakry, l’une de ses assistantes et aujourd’hui réalisatrice, résume un peu son talent de pédagogue et de maître: «Chahine se battait pour le socialisme, comme nous tous. «Nous sommes tous ses élèves. Nous l’aimions parce que nous approuvions souvent ses prises de position». Authentique enfant d’Alexandrie, -la cité marine qui respire la tolérance et la beauté de l’ouverture- Chahine n’a pas cédé d’un iota de sa liberté d’esprit aux moments forts de l’offensive de l’intégrisme. Pour ces positions, il a souvent été traité de pro-occidental. Pourtant, il a prématurément osé parler dans ses textes cinématographiques de l’impérialisme américain et de la démission des régimes. D’ailleurs n’est-ce pas lui qui fait dire à l’un de ses personnages: «L’Amérique a découvert que l’Arabie saoudite flotte sur une mer de pétrole, elle veut être sûre d’avoir des soldats dans la région»?   Sid Ahmed Sahla



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