Algérie

Les mille et une nuits



Histoire d’Aboulhassan Ali Ebn Becar et de Schemselnihar, favorite du calife Haroun Al-Raschid CLIIe nuit Le prince de Perse et Ebn Thaher s’arrêtèrent longtemps à examiner cette grande magnificence. A chaque chose qui les frappait, ils s’écriaient, pour marquer leur surprise et leur admiration, particulièrement le prince de Perse, qui n’avait jamais rien vu de comparable à ce qu’il voyait alors. Ebn Thaher, quoiqu’il fût entré quelquefois dans ce bel endroit, ne laissait pas d’y remarquer des beautés qui lui paraissaient toutes nouvelles. Enfin, ils ne se lassaient pas d’admirer tant de choses singulières, et ils en étaient encore agréablement occupés, lorsqu’ils aperçurent une troupe de femmes richement habillées. Elles étaient toutes assises au dehors et à quelque distance du dôme, chacune sur un siège de bois de platane des Indes, enrichi de fil d’argent à compartiments, avec un instrument de musique à la main; et elles n’attendaient que le moment qu’on leur commandât d’en jouer. Ils allèrent tous deux se mettre dans l’avance d’où on les voyait en face, et, en regardant à la droite, ils virent une grande cour d’où l’on montait au jardin par des degrés, et qui était environnée de très beaux appartements. L’esclave les avait quittés; et, comme ils étaient seuls, ils s’entretinrent quelque temps. «Pour vous, qui êtes un homme sage, dit le prince de Perse, je ne doute pas que vous ne regardiez avec bien de la satisfaction toutes ces marques de grandeur et de puissance. A mon égard, je ne pense pas qu’il n’y ait rien au monde de plus surprenant; mais quand je viens à faire réflexion que c’est ici la demeure éclatante de la trop aimable Schemselnihar, et que c’est le premier monarque de la terre qui l’y retient, je vous avoue que je me crois le plus infortuné de tous les hommes. Il me paraît qu’il n’y a point de destinée plus cruelle que la mienne, d’aimer un objet soumis à mon rival, et dans un lieu où ce rival est si puissant, que je ne suis pas même, en ce moment, assuré de ma vie». Ebn Thaher, entendant parler ainsi le prince de Perse, lui dit: «Seigneur, plût à Dieu que je puisse vous donner des assurances aussi certaines de l’heureux succès de vos amours, que je le puis de la sûreté de votre vie! Quoique ce palais superbe appartienne au calife qui l’a fait bâtir exprès pour Schemselnihar, sous le nom de Palais des plaisirs éternels, et qu’il fasse partie du sien propre, néanmoins il faut que vous sachiez que cette dame y vit dans une entière liberté. Elle n’est point obsédée d’eunuques qui veillent sur ses actions. Elle a sa maison particulière, dont elle dispose absolument. Elle sort de chez elle pour aller dans la ville, sans en demander permission à personne; elle rentre lorsqu’il lui plaît; et jamais le calife ne vient la voir qu’il ne lui ait envoyé auparavant Mesrour, chef de ses eunuques, pour lui en donner avis et la mettre à même de se préparer à le recevoir. Ainsi, vous devez avoir l’esprit tranquille et donner toute votre attention au concert dont je vois que Schemselnihar veut vous régaler.   A suivre...



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