Hommage posthume à El Maâlema Yamna Salle El Mougar

El Maâlema Yamna Bent El Hadj El Mehdi, décédée en 1933, a été au centre d'une soirée hommage posthume à la salle El Mougar à Alger.
C'est parce qu'elle a su, El Maâlema Yamna Bent El Hadj El Mehdi, imposer son talent dès l'âge de vingt ans, dans les années 1879, que les organisateurs, la Fondation Abdelkrim Dali en partenariat avec le ministère de la Culture, ont voulu lui consacrer une soirée à la hauteur des espérances. Il y avait foule et du beau monde, vendredi soir, dans l'immense salle bleue de la salle El Mougar. Ce public très select était composé de la famille de la défunte El Maâlema Yamna, des membres d'associations musicales et des mélomanes. La présidente de la Fondation Abdelkrim Dali, Wahiba Dali, qui n' en est d'ailleurs, pas à son premier hommage, indique que la regrettée El Maâlema
Yamna mérite tous les honneurs et tous les égards. «Les jeunes talents d'aujourd'hui se doivent de rendre hommage à leurs aînés.» Le coup d'envoi de la soirée a été donné par l'association Dar El Gharnatia de Koléa, laquelle a subjugué l'assistance dès les premières notes musicales jouées. Les musiciens, vêtus tous de belles tenues traditionnelles, sont entrés en communion avec leur instrument, et ce, sous la houlette du chef d'orchestre Mohamed Cherif Saoudi.
Un délicieux Becheraf suivi de la langoureuse nouba Maya ont été servis par cette association. Après un bref rappel du parcours de la défunte, El Maâlema Yamna, par la présidente de la Fondation Abdelkrim Dali, le président de l'association Cordoba, Nadjib Kateb, et la musicienne, Fazilette Dif, ont pris le relais pour parler d'une façon subtile et complice à la fois de cette grande dame de la chanson algérienne. Ces derniers indiqueront que le musicologue et producteur, Fayçal Belkhelfet, est en train de dépoussiérer d'anciens enregistrements d'El Maâlema Yamna sur cylindres phonographiques. Désormais, ces 'uvres seront de meilleure qualité et disponibles via Internet aux associations musicales andalouses. El Maâlama Yamna était à la fois exigeante et pointilleuse. Preuve en est, avec ce témoignage livré par le défunt Mahieddine Bachtarzi, dans ses mémoires. En effet, l'exigence d'El Maâlema Yamna aux familles désirant louer ses services pour un mariage, était de prendre en charge les tenues vestimentaires de tout son orchestre, y compris elle, et de séjourner une semaine chez les intéressés. Mieux encore, cette dame ayant vécu sous le joug colonial avait son propre chauffeur. Elle a côtoyé les plus grands artistes contemporains.
Elle a enregistré plus de 500 oeuvres dont son premier 33 tours à Paris avec l'aide précieuse d'Edmond Nathan Yafil. Retour à la musique avec le passage sur scène d'un imposant orchestre constitué de trente musiciens. En fait, six musiciens issus de cinq associations musicales andalouses : Dar El Gharnatia de Koléa, Essendoussia d'Alger, la Cordoba d'Alger, El Bachtarzia de Koléa, et El Djanadia de Boufarik ont fusionné pour accompagner les artistes Lamia Madini et Nardjess, et ce, sous la direction du président de l'association Cordoba, Nadjib Kateb. Si Lamia Madini a choisi, avec le charisme qu'on lui connaît, d'interpréter la nouba Ghrib, la chanteuse a offert, quant à elle, une série de Hwazet. Comme le veut l'usage dans ce genre d'hommage posthume, la soirée s'est clôturée par la remise d'un trophée d'honneur et une somme d'argent à une parente de la regrettée chanteuse. Cette dernière, Mme Zakia Chérie Oulmane, ne nous a pas caché, en aparté, sa joie de voir aujourd'hui sa proche honorée. «Je ne l'ai pas connue hélas, mais ma mère ne me racontait que de belles choses sur elle. Cheikha Yamna n'a jamais eu d'enfants, mais ma mère était sa bru.
La chanteuse Nardjas a également un lien de parenté avec Yamna. Aujourd'hui, nous ne détenons rien d'elle. Aucune tenue vestimentaire ou encore de disques. Nous avons perdu une vieille tante qui détenait beaucoup d'informations sur elle, mais hélas.» «Je pense qu'en faisant des recherches approfondies sur sa filiation, nous pourrons détenir d'autres informations enrichissantes», dit-elle avec une touche de fierté. Il est à noter, par ailleurs , que les responsables de la salle El Mougar auraient pu faire des efforts de taille afin d'offrir aux convives un système de climatisation adéquat et une meilleure sonorisation.