Algérie

Haflou iitizal ou le théâtre en chantier...


Haflou iitizal ou le théâtre en chantier...
La fine pluie d'avril n'a pas empêché le public de venir assister, mercredi après- midi, au château Al Mokrani de Bordj Bou Arréridj, à la première présentation de Haflou iitizal de Khaled Belhadj.Produite par l'association Skamla de Bou Ismaïl (Tipasa), la pièce a été présentée à la faveur des premières Journées du théâtre populaire, clôturées jeudi soir, à la maison de la culture Mohamed Boudiaf.Haflou iitizal est une satire sociale adaptée de la farce d'Anton Tchékhov, Le Jubilé. Une farce qui fait partie des derniers écrits du dramaturge russe portant une critique féroce sur la haute société de l'époque tsariste et une dénonciation de la situation de misère du peuple. Haflou iitizal évoque l'histoire de Si Attef (Mahdi Kasdi), un directeur de chantier, de Dounia (Sif Al Dine Boumaza) sa jeune épouse, et de Khodja (Abdelraouf Dadi), le vieux comptable.Les trois personnages croisent le destin de Yma Kheira (Oussama Sidhoum), une veille femme malicieuse qui débarque dans le chantier par erreur. Si Attef fête le jubilé de son entreprise (une banque dans le texte original de Tchékhov), mais Khodja joue le rabat-joie. Dounia ne cesse de parler et entre en conflit avec Yma Kheira qui, malgré son âge, ne se laisse pas faire et revendique la bagarre. Les employés du chantier assistent au déroulement d'événements loufoques et irrationnels sans rester passifs...La pièce est marquée par un rythme rapide, un changement de tableaux bien maîtrisé, une musique adaptée au jeu et une improvisation plutôt bien menée. Khaled Belhadj a enregistré un texte du poète irakien Ahmed Mattar, Makaaidou al masrah (les sièges du théâtre), sur un chant opéral, pour interpeller le public et l'améner à réfléchir sur le sens artistique et politique de la représentation théâtrale.Au château El Mokrani, les pierres et la couleur ocre dominante ont mis en valeur le rouge et le blanc choisis pour les costumes. La grisaille du ciel et le froid vif ont rajouté une couche de dramaturgie imprévue.L'imprévu n'est-il pas le sel du théâtre de l'espace ouvert ' «C'est la première fois de ma vie que je joue dehors. Il en est de même pour les autres comédiens. Pour moi, le véritable théâtre est celui qui se joue dans la rue. Nous avons décidé de jouer même s'il pleuvait. C'était un défi pour nous», a estimé Mahdi Kasdi, ravi d'avoir été invité par la coopérative Al Taj. «Nous allons continuer cette expérience de théâtre de rue jusqu'au bout», a promis le jeune comédien.La pièce est le fruit d'une formation menée par Khaled Belhadj avec les jeunes de la troupe Skamla pendant plus d'une année. «Je voulais travailler sur un texte avec une véritable dramaturgie pour éviter de passer à côté, surtout avec des jeunes peu habitués aux techniques du théâtre. L'histoire du Tchekhov est amusante, riche en parodie.Cela m'a permis de travailler sur tous les registres, de la pantomime au clown, avec la présence du chant. Je vous avoue que je n'ai jamais pensé à présenter cette pièce dans la rue, mais dès le départ j'ai écarté l'utilisation de lumière sophistiquée. Comme il s'agit de débutants, j'ai évité d'aller en profondeur.Avant de jouer, j'ai montré plusieurs espaces aux comédiens. Nous avons fait un choix démocratique», a expliqué Khaled Belhadj. La pièce est, selon lui, construite sur le principe de laisser les comédiens s'exprimer et s'engager à leur manière. «Aujourd'hui, j'ai découvert mes comédiens, un public attentif et un espace original. Un spectateur m'a interpellé à la fin et m'a dit que cela lui rappelait ce qu'il avait vu en Europe, notamment à Londres.Nous n'étions pas dans une structure classique où il y a de l'intimité pour mieux écouter le texte et les petits détails. Dans la rue, le texte est entendu autrement. J'ai demandé aux comédiens de ne pas aller au-delà de leurs limites pour ne pas perdre la valeur artistique du travail et être à la hauteur du texte», a souligné le metteur en scène.L'association Skamla (qui signifie trépied pour un plateau en cuivre) entend brasser large dans le domaine culturel comme la poésie, le théâtre pour enfants et les arts visuels.


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