Algérie

H’lal alihoum, H’ram Alina


Des têtes, M. le Président! «Je ne blâme personne, c’est de l’autocritique». Rarement, un gouvernant, Président de surcroît, aura tenu ce genre de propos dans un pays où seules sont écoutées les voix porteuses de l’écho du Maître. Aucun président, aucun ministre et aucun haut commis de l’Etat n’a eu le courage de faire publiquement -Et devant quel parterre!- son autocritique ou, tout au moins, remettre en cause le produit de ses orientations. Si Bouteflika ne s’est pas «auto flagellé», il a eu l’honnêteté de dire à tous les représentants de la République et du peuple qu’il y a eu mauvaise interprétation de la démocratie, de la gouvernance, de la libéralisation et en filigrane, des libertés individuelles et des droits de chacun. Ce ne sera pas la promesse des changements annoncés qui a été le fait marquant de cette rencontre présentée comme la première du genre depuis l’indépendance, donc revêtant un caractère historique, mais cette petite phrase «c’est de l’autocritique»; même si la teneur du discours présidentiel avait de fortes consonances de programme électoral. L’hypocrite «Ouhda talita» lancée par quelques opportunistes en quête de reconnaissance vocale, en est une preuve. Si le Président a à cœur d’achever les chantiers entamés -une mission- il a le devoir d’affronter le peuple et présenter sa candidature. Le propos, ici, n’est pas de saisir une opportunité de le soutenir car nous ne désirons nullement faire partie de cette «presse amie qui nous flatte un jour, et qui nous démolit le lendemain», comme l’a relevé le président, mais de reconnaître qu’en Algérie -comme dans tout pays sous-développé- les projets meurent, sont remis en cause ou s’oublient aussi vite que leurs initiateurs, une fois partis. Et nous ne voulons pas que toutes les bonnes choses entamées connaissent le même destin qu’avait connu Bouteflika, le ministre des AE. L’Algérie, en dépit de travers, de dysfonctionnements et de l’inertie passée qui donna l’impression qu’il n’y avait pas d’Etat à une certaine période, a besoin de continuer le combat dans un environnement qui n’a, qui ne fait et qui ne fera jamais de cadeaux. Notre journal en sait quelque chose: il a soutenu à bout de bras le président en 2004 quand peu de journaux avaient le courage de prendre fait et cause pour lui. La reconnaissance a été dure du fait de la politique d’ostracisme dont il est frappé et qui le prive des revenus importants que procure la publicité. En dépit de ces attaques, nous disons que notre voix n’est pas un écho assassin qui trompe, mais une voix discordante parfois, certes, mais qui s’inscrit en droite ligne de la demande du Président qui désire écouter des propositions venant de la base parce que «La présidence n’est pas la destination de la Révélation». Nous considérons que nous faisons partie de cette base, parce que partie prenante de cette société civile à laquelle on propose, aujourd’hui, une démocratie participative. Le propos n’est pas de rappeler que dans ces mêmes colonnes nous avions mis en garde contre ces privatisations hâtives, le bradage de notre potentiel et le diktat de certains commis de l’Etat qui pensaient concurrencer le Ciel, et parfois même s’élever au dessus, mais de dire que nous sommes des patriotes responsables, que nous aimons notre pays -non pas parce que nous n’en avons pas d’autres, mais parce nous avons beaucoup d’ennemis et que sans ses enfants, l’Algérie viendrait allonger la liste de ces nombreux pays qui n’ont d’indépendance qu’une date inscrite sur un manuel d’histoire. Ouhda talita? Pourquoi pas si les changements annoncés et si l’autocritique est accompagnée de têtes appartenant à ceux qui ont failli. Parce qu’à ce niveau, l’erreur se paie. Des centaines de jeunes ont perdu la vie non pas en rejoignant les maquis mais en choisissant les flots pour éviter d’incendier davantage leur pays; et des centaines de milliers de familles, la dignité qu’on leur avait promise.   Miloud Horr
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