H’lal alihoum, H’ram Alina

UPM, impair passe et perd La mariée était belle mais sans cervelle. Telle est la morale que l’on serait tenté de tirer de cette Union que Sarkozy a imposée à trois continents. Maintenant que la fête est finie et que la table est desservie, les convives se retirent avec une impression de déjà vu. Six projets calqués sur ceux du Processus de Barcelone et des mots. Rien que des mots. Pour entretenir le suspense, on reporte à plus tard la mise en place des superstructures de ce Titanic qui fait naufrage sans heurter d’Iceberg et avant même d’avoir pris le large. Le prochain sommet est annoncé pour 2010 et on laisse aux ministres des Affaires étrangères le soin de trouver de quoi renflouer la coque, chaque année.Bouteflika n’a pas eu tort d’aller à Paris. S’il n’a rien gagné, comme tous les pays qui ont participé à la naissance de ce nouvel espace, il n’a rien perdu, et l’Algérie avec. Dépolluer la Méditerranée, bâtir des voies de communication et construire cette université euroméditerranéenne sont des projets auxquels Moubarek et Sarkozy vont s’agripper pour se donner l’impression que l’UPM sert à quelque chose, alors qu’il ne s’agit que de travaux d’utilité publique quelconques, certes, mais qui nécessitent des fonds. Pas question de piocher dans les 13 milliards que l’UE détient. Si Sarkozy veut jouer aux Napoléons, il n’a qu’à trouver ailleurs les 2 milliards d’euros dont il a besoin. Il ne faut pas espérer un centime de la part des pays européens que Bruxelles presse comme des citrons. Damas a fort à faire avec les bruits de bottes qui se font entendre dans la région et Israël tout comme l’Egypte sont des pays qui vivent de l’aide extérieure. La Libye ne veut pas financer ce qu’elle a qualifié de champ de mines et le Liban attend toujours les dollars promis par la Conférence des donateurs pour reconstruire ce qu’ont détruit les avions israéliens l’été 2006. Restera l’Algérie avec ses 130 milliards de réserves de change que le gouverneur de la Banque a annoncés la veille du Sommet -curieuse coïncidence- et le Qatar. Serait-ce pour encourager ces deux pays à mettre la main à la poche que le concept de fonds souverains a été inventé? Participer à la naissance de l’UPM est une chose, faire des concessions pour rapprocher des points de vue coule de source quand on appartient à un même espace, mais financer les besoins de 750 millions d’habitants, parce que notre bas de laine est bien garni, est une toute autre chose. L’Algérie a suffisamment de problèmes avec ses 35 millions d’habitants. Sarkozy aura-t-il la prétention de nous faire croire que la dépollution de la Méditerranée est une question prioritaire qui passera avant la construction de logements et la création de postes d’emploi à des milliers d’Algériens pour construire intra-muros cette paix dont on parle tant mais que tout le monde torpille? Un sou est un sou et il s’agit de bien le placer, maintenant que le voile est levé et que rien ne presse dans ce projet qui poursuit d’autres objectifs que ceux annoncés par le président français. Olmert a déclaré que «jamais Israéliens et Palestiniens n’avaient été aussi proches de la paix». Une déclaration qui exprime, on ne peut mieux, la grosse arnaque que cache l’Union pour la Méditerranée. Si Israël désire la paix, les Arabes ont fait la seule offre qui se devait d’être faite, une offre qui s’inscrit d’ailleurs en droite ligne des résolutions de l’ONU que tout le monde feint d’oublier. Oslo et Barcelone ont été des étapes inutiles et Paris ne pourra pas faire mieux parce qu’il n’y a pas de solution à une équation qu’on ne veut pas poser ou qu’on pose mal. Miloud Horr