Algérie

H’lal alihoum, H’ram Alina


Le syndrome de l’oignon A 100 dinars comme à 10, la pomme de terre fait l’actualité. Elle a été la vedette l’automne passé, et l’est restée cet été. Elle a fait jaser, et contraint les pouvoirs publics à revenir sur une décision souveraine: celle de ne plus importer de patate. Elle a été à l’origine d’une querelle de clocher entre deux ministères et on la soupçonne d’avoir été à l’origine du mini-remaniement qui a fait muter Barkat à la Santé, lui qui avait des prédispositions pour l’agriculture et la promotion de la datte. Elle a prouvé que l’autosuffisance alimentaire, en Algérie, passait par sa disponibilité et que la dégradation du pouvoir d’achat dépendait de sa bonne humeur. Elle a fait la fortune de spéculateurs qui ne se sont jamais hasardés sur un champ et s’est imposée comme un élément stratégique dans l’apaisement du front social.Impériale, reine ou simple courtisane, la pomme de terre fait le bonheur de tout le monde. Du ministre qui se frotte les mains, quand elle est abondante, à l’agriculteur qui y trouve son compte en passant par les parasites qui grappillent autour de tout ce qui est gain facile jusqu’au consommateur qui rentre satisfait à la maison, comme un vrai «Terras», parce qu’il a prouvé qu’il était encore capable de s’offrir 4 ou 5 kilos en faisant son marché hebdomadaire. Tous ceux qui fuyaient devant les micros, quand la pomme de terre se vendait à 100 dinars, se bousculent pour apporter des précisions, une manière de prouver qu’ils ont contribué à l’effondrement des prix. On jase, on se jette des fleurs et on crie à qui mieux-mieux que la stratégie a porté ses fruits et que les leçons du passé ont été retenues. C’est cet état d’esprit des responsables, qu’ils soient du Commerce ou de l’Agriculture, qui est blâmable. Si la pomme de terre fait du rase-mottes, c’est parce que tous les producteurs ont investi le créneau, chacun croyant qu’il est le seul à avoir la bonne idée de mettre toutes ses économies dans des champs de patate. En 1986, quand le kilo de sucre valait encore 2 dinars, l’oignon avait atteint des records en dépassant les 60 dinars, et heureux étaient ceux qui arrivaient à s’en procurer. L’année suivante, il pourrissait sur les étals à 1 dinar le kilo. C’est ce qui risque d’arriver cette année à la pomme de terre, à la seule différence que beaucoup d’agriculteurs risquent de se retrouver sur la paille et que très peu songeront à en produire de nouveau. Ce qui aura pour effet d’incendier le marché et provoquer une flambée sans précédent qui fera qu’elle se vendra à 120 ou 150 dinars le kilo. Les responsables de l’Agriculture parlent d’un surplus de production de 3 millions de quintaux. Pourvu qu’ils n’aient pas la bonne idée de songer à l’exportation. Avec la culture des extrêmes dans un pays en quête de débouchés hors hydrocarbures, on peut s’attendre à tout. Si l’Etat doit jouer son rôle de régulateur, c’est maintenant qu’il faut le faire en absorbant le surplus, en payant les agriculteurs le prix qu’il faut pour les encourager à toujours s’impliquer, et en stockant ce qu’il y a à stocker en procédant par un travail scientifique rigoureux qui tienne compte des densités des populations et en répertoriant les sites. Car s’il faut attendre que la pomme de terre flambe pour dénoncer les spéculateurs, tout en assurant que le produit est disponible en quantité et accuser les circuits désorganisés, il ne faut pas s’étonner que les Algériens prévoient, à l’avenir, des chambres froides dans leurs constructions pour stocker quand ils peuvent le faire, et jouer le rôle de l’Etat, comme ils le font pour l’eau. Les bâches à eau et les citernes qui fleurissent sur les toits sont là pour nous rappeler qu’il y a autant d’ADE que de maisons.   Miloud Horr


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