Algérie

Le point




Redéfinir le concept de laïcité La Turquie a un choix à faire. Demeurer la première puissance musulmane, en regardant du côté de l’Organisation des pays islamiques et tracter le monde musulman vers la modernité que peut charrier la laïcité, ou passer vainement son temps à frapper à la porte de l’Union Européenne. Hors de l’Eurofoot où son équipe avait assez avancé avant l’élimination, la Turquie est au centre de l’actualité. Après un rejet de l’espoir à l’accès à l’Union européenne, après les incursions en territoire irakien en vertu d’un certain droit de poursuite, c’est sur la question du voile et une certaine idée de la laïcité que se recentre le débat. L’avenir même du parti islamiste au pouvoir serait compté. La volonté ferme exprimée par la Turquie d’adhérer à l’Union européenne avait failli induire en réaction l’introduction dans le traité constitutionnel européen d’une disposition qui consacre la religion chrétienne, religion de l’Union, ce qui signifie le refus opposé à la Turquie. C’est beaucoup plus en raison du fait religieux que de celui de la délimitation des frontières de l’Europe ou de la mise à niveau de la Turquie sur le plan des droits de l’Homme, plus particulièrement pour ce qui concerne la question kurde ou celle de la reconnaissance de la république de Chypre, qu’est, en réalité, rejetée la candidature de la Turquie, soutenue cependant par les Etats-Unis. Car la Turquie constitue pour l’Amérique une pièce essentielle dans sa vision géostratégique, un partenaire stratégique pour Israël, également, à qui, dit-on, il offre une profondeur stratégique pour son aviation, quand on sait qu’un avion de chasse israélien parcourt l’espace israélien en deux minutes. Sans oublier que la Turquie a fait partie de l’axe Tel Aviv-Ankara-Washington en 1996, lequel avait donné naissance, l’année d’après, par réaction, à l’axe Damas-Bagdad-Téhéran. Dans l’épisode actuel du feuilleton turc, il semble que tout est ramené à une lutte entre l’islamisation et la laïcisation, ou entre encore la démocratie et la théocratie. Il serait, quand même, assez édifiant que soit définie la laïcité en Turquie, et peut-être même que cela serait utile d’en étendre la démarche à tous les pays musulmans. Laïcité dans le sens de séparation du pouvoir et de la religion? Explication un peu trop simpliste dans la mesure où les pouvoirs dans tous les pays ont exercé et exercent une certaine tutelle sur la religion. Les nominations à des postes religieux ne leur échappent pas. Cependant, le mot laïcité paraît repoussant ou effrayant dans la meure où il est un tabou dans les pays musulmans. On se rappelle, par exemple, que Réda Malek avait qualifié l’intégrisme de matrice porteuse du terrorisme et que lui-même ainsi que les «démocrates» plaidaient pour la séparation d’entre la religion et la politique. Mais, le problème est que cette idée n’a pas été prolongée, rendant compte ainsi qu’avait été appliquée, par tradition, une politique de demi-mesures. Quelle distance y a-t-il entre laïcité et séparation de la politique et de la religion? Sur le plan intellectuel ou politique, seul le chef du RCD avait osé prononcer le mot laïcité. Si la laïcité est perçue comme une réelle séparation entre la politique et la religion, ce concept risquerait bien de ne pas tellement s’appliquer dans les pays musulmans dans la mesure où il a été observé que les pouvoirs successifs avaient instrumenté les partis dits islamistes pour les opposer à ceux de la gauche, ce qui a été fait pratiquement dans tous les pays arabes. Comment expliquer que de telles démarches n’ont pas abouti dans les pays musulmans et les pays arabes à consacrer la séparation entre la religion et la politique et qu’elles n’ont pas réussi à affaiblir le courant islamiste? Ce sont maintenant les partis islamistes dans ce genre de pays qui réclament la démocratie pour faire valoir leurs droits à s’enraciner dans les populations et à vendre en toute liberté leur projet de société.   Bachir Medjahed
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