Gaspillage du pain (baguettes) en Algérie : un défi urgent à relever
Contexte du gaspillage en Algérie
L’Algérie fait face à une crise de gestion des déchets, avec une production annuelle de 34 millions de tonnes, qui pourrait atteindre 70 à 75 millions de tonnes d’ici 2035 en raison de l’urbanisation rapide. Selon une étude du Centre de recherche économique (CREAD) de 2024, environ 30 % des aliments sont jetés, le pain représentant une part significative de ce gaspillage. D’après des rapports médiatiques, comme ceux publiés par El Khabar en 2023, l’Algérie gaspille quotidiennement l’équivalent de 7,2 millions de baguettes, soit environ 900 tonnes de pain, en raison d’habitudes de surconsommation et d’une gestion inefficace des ressources.
Ampleur du gaspillage des baguettes
Le pain, et notamment la baguette, est un pilier de l’alimentation algérienne, consommé en grande quantité à chaque repas. Pourtant, une part importante finit à la poubelle pour plusieurs raisons :
Surachat : Les ménages achètent souvent plus de pain que nécessaire, surtout lors des fêtes ou pendant le Ramadan.
Prix bas : Subventionné par l’État, le pain est vendu à un prix dérisoire (10 DZD la baguette), ce qui réduit sa valeur perçue et encourage le gaspillage.
Manque de réutilisation : Le pain rassis ou sec est rarement recyclé dans des plats traditionnels comme les « rghaïf » ou utilisé comme aliment pour animaux, contrairement aux pratiques d’antan.
Causes principales
Culture de surconsommation : Malgré l’inflation, les habitudes d’achat excessif persistent, soutenues par la disponibilité du pain subventionné.
Manque de sensibilisation : Les campagnes éducatives sur la réduction du gaspillage alimentaire sont insuffisantes, en particulier pour le pain.
Mauvaise gestion des stocks : Les boulangeries produisent en excès sans estimer précisément la demande, générant un surplus jeté.
Absence de structures de recyclage : Il n’existe pas de système organisé pour collecter le pain excédentaire et le transformer en produits comme des aliments pour animaux ou du compost.
Conséquences
Économiques : Le gaspillage de 900 tonnes de pain par jour représente une perte financière considérable, d’autant que la production repose sur du blé subventionné par l’État.
Environnementales : Le pain jeté contribue à l’accumulation de déchets organiques, entraînant une pollution des décharges et une augmentation des émissions de méthane.
Sociales : Dans un pays marqué par des inégalités économiques, gaspiller le pain est perçu comme un affront pour les familles à faible revenu luttant pour subvenir à leurs besoins.
Solutions proposées
Campagnes de sensibilisation : Lancer des initiatives nationales, à l’image de celles organisées dans les cantines universitaires contre le gaspillage alimentaire, pour encourager l’achat de quantités adaptées et la réutilisation du pain rassis.
Recyclage : Mettre en place des centres de collecte pour transformer le pain excédentaire en aliments pour animaux ou en compost, comme cela se fait dans d’autres pays.
Optimisation des boulangeries : Inciter les boulangeries à mieux estimer la demande et à réduire la surproduction.
Mesures incitatives : Introduire des amendes symboliques pour le gaspillage intentionnel ou offrir des incitations aux boulangeries qui donnent leur surplus à des associations caritatives.
Conclusion
Le gaspillage des baguettes en Algérie n’est pas seulement un problème économique, mais un défi culturel et environnemental qui exige des actions concertées. Grâce à la sensibilisation, une meilleure gestion des ressources et le développement de systèmes de recyclage, ce gaspillage peut être réduit, transformant le pain d’une source de déchets en une ressource durable. La collaboration entre le gouvernement, les citoyens et les boulangeries est essentielle pour faire du pain un bien valorisé plutôt qu’une perte quotidienne.
Posté par : frankfurter