Algérie

évocation. Halim Mokdad (journaliste) : une prison nommée solitude Culture : les autres articles




évocation. Halim Mokdad (journaliste) : une prison nommée solitude                                    Culture : les autres articles
On ne peut que se féliciter qu'Amar Belkhodja ait soulevé le voile sur une des prouesses de Halim Mokdad qui a vécu les dernières années de sa vie dans une solitude poignante, après qu'une terrible maladie ait brisé son immense talent.
Génial touche-à-tout, Halim a pratiqué avec une rare réussite tous les genres journalistiques. On lui doit notamment la vulgarisation du titre Cardinal que Hadj Omar avait décerné à El Anka et dont la musique a été remarquablement analysée par Halim. Cependant, l'aspect le moins connu de sa riche carrière fut la série de reportages exemplaires qu'il effectua dans les maquis angolais et de Guinée Bissau lorsque les peuples de cette région d'Afrique luttaient pour leur indépendance sous la conduite de leurs leaders Agostinho Neto et Amilcar Cabral. Alger était alors La Mecque des luttes de libération, et Halim était en phase de l'orientation politique officielle. Et les analyses et informations qu'il rapportera de ces expéditions aideront beaucoup la diplomatie algérienne, selon le ministre des Affaires africaines et maghrébines, Abdelkader Messahel.
Halim rapportera également de ces jungles moites et infestées de moustiques le paludisme qui le tenait prostré des jours durant. Ce fut le cas notamment à Casablanca, où il était en transit après un reportage en Afrique et où il restera cloitré dans sa chambre d'hôtel durant quinze jours en proie à la fièvre. Les chambres d'hôtel, comme les gargotes et les bouges malfamés seront les lieux où évoluera ce reporter au long cours. Ce qui rendra impossible une vie de couple pour cet être sensible et père de deux enfants. Son premier mariage ne résistera pas à ce régime dément, et lorsque fourbu et déglingué, il convolera pour la deuxième fois, sa s'ur et son beau-frère, qu'il a hébergés chez lui avec leurs enfants, n'auront pas le tact de regagner leur domicile à Belhadj, et permettre ainsi au nouveau couple de goûter aux bienfaits d'un hymne d'amour prometteur.
Résultat : sa nouvelle femme quittera le domicile conjugal pour aller vivre chez ses parents. Puis, c'est la sclérose en plaques, cette terrible maladie qui l'étouffera dans ses serres en brisant la coordination naturelle de ses gestes. Puis c'est la décennie rouge, avec son départ vers des lieux sécurisés où les journalistes seront hébergés pour éviter qu'ils ne soient tués par la horde. Puis, c'est la solitude impitoyable qui sera sa seule compagne dans cette triste chambre de l'hôtel El Manar, au lit continuellement défait et aux ustensiles épars grâce auxquels sa s'ur et ses collègues lui apportaient à manger. C'est dans cette ambiance morne qu'il tentera d'alimenter une chronique pour El Watan. Mais son style flamboyant avait disparu. Son espoir de bénéficier d'un traitement approprié s'évanouit quand les autorités refuseront de lui octroyer une prise en charge.
Puis, cette lourde chute qui le plongera dans un coma, dont il n'émergera jamais. Et c'est ainsi que Halim mourut, loin de sa famille et de ses enfants, partis étudier à l'étranger, de ses collègues et même de ce moudjahid connu de Berrouaghia qui n'a pas trouvé le temps d'aller le voir à l'hôtel El Manar. Finalement, ce qui a tué Halim, ce fut la saloperie ambiante faite de hogra, de corruption, d'intégrisme et de filouterie.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)