Algérie

Entre scepticisme et espoir Situation économique à Tizi Ouzou




Entre scepticisme et espoir                                    Situation économique à Tizi Ouzou
Photo : M. Hacène
De notre correspondant à Tizi Ouzou
Malik Boumati

De nombreux écrits journalistiques ont été consacrés à la situation économique de la wilaya de Tizi Ouzou. Tous s'accordent à dire qu'elle n'arrive toujours pas à décoller et beaucoup considèrent que les arguments avancés pour expliquer cette faillite cachent mal une volonté du pouvoir, non pas de punir la capitale de la Kabylie pour son engagement politique, mais de maintenir sa population dans une situation précaire qui l'éloignerait de l'action politique. Quand le wali actuel a été installé dans ses fonctions, il y a deux années, il avait l'air désespéré de la situation économique de la wilaya. La colère et le dépit étaient visibles sur son visage et dans ses mots à chaque réunion du conseil exécutif, particulièrement quand il s'agissait de faire le point sur la consommation des crédits de paiement alloués par les autorités centrales à la wilaya.
Après plusieurs coups de gueule qui ont visé plusieurs directeurs de l'exécutif de wilaya et des chefs de daïras, le premier responsable de la wilaya de Tizi Ouzou était particulièrement heureux d'organiser une rencontre, en janvier 2012, lors de laquelle des investisseurs avaient reçu les agréments qui leur permettraient de lancer leurs activités. Les heureux bénéficiaires étaient au nombre de quinze sur trente-trois investisseurs dont les dossiers avaient été examinés par le comité d'assistance à la localisation, la promotion de l'investissement et de régulation du foncier (Calpiref), qui devait toutefois examiner cent-cinq autres dossiers. L'assistance très sceptique, notamment en raison de la nature des investissements annoncés, semblait vouloir rester positive pensant que cette cérémonie serait une sorte de déclic qui allait réanimer l'investissement économique dans cette wilaya sinistrée. D'autant plus que la même cérémonie intervenait après une mesure gouvernementale allant dans le sens d'une plus grande décentralisation de la décision économique. Et dans ce cas, seul un manque de volonté politique localement pourrait empêcher le décollage économique de la région, ou certains cercles locaux qui, avec des appuis à Alger, se croient assez puissants pour empêcher des initiatives salvatrices que pourraient lancer les responsables de la wilaya, notamment le wali.
Aujourd'hui, il parait clair que l'année 2012 n'a pas enregistré une relance sérieuse de l'activité économique dans la wilaya de Tizi Ouzou. Elle reste sinistrée économiquement, non seulement pour toutes ces lenteurs bureaucratiques qui font de l'acte d'investir un parcours du combattant qui découragerait les plus tenaces des investisseurs patriotes, mais aussi en raison de ce sentiment d'insécurité que font vivre aux opérateurs économiques les dizaines de kidnappings qui les ciblent depuis sept longues années, sans que l'Etat ne soit capable d'y mettre fin. Il faut dire que cette histoire de kidnappings commence à prendre une autre tournure dans l'esprit des citoyens de cette wilaya. Ils ne croient plus à la piste islamo-terroriste que l'on présentait à la naissance du phénomène. Ni d'ailleurs au hasard qui fait que Tizi Ouzou soit la seule wilaya ciblée par ces kidnappeurs professionnels. Il faudra donc en finir parce qu'il y va définitivement de la crédibilité des institutions de l'Etat.
Il y a eu en 2012 un autre indice qui pourrait maintenir un peu l'espoir que la situation va s'améliorer. C'est le programme de réhabilitation et de viabilisation des zones d'activités de la wilaya qui a bénéficié, cette année, à deux autres zones, à savoir celle de Tadmaït, avec 53 milliards de centimes, et récemment celle de Tala Athman, dans la commune de Tizi Ouzou. Ces deux zones d'activités à réhabiliter sont venues après celle de Freha, inscrite en 2011 et viabilisée grâce au coût global de 22 milliards de centimes. Un autre point positif à signaler, l'inscription au profit de cette wilaya de deux zones industrielles à créer, dans le cadre d'un programme national de 42 nouvelles zones. Les responsables locaux ont toujours évoqué ce programme avec une certaine fierté, estimant que Tizi Ouzou a été privilégiée par les autorités centrales alors que le wali de Tizi Ouzou a qualifié celle de Souama (daïra de Mekla) de «véritable fleuron de l'industrie», parce que sa réalisation sur les 376 hectares retenus répond aux normes internationales, notamment de modernité.
Si les investisseurs potentiels peuvent garder espoir quant à une amélioration de la situation économique de la wilaya de Tizi Ouzou, il y a, aux côtés de toutes ces sources d'espoir, des problèmes qui inspirent de l'inquiétude en plus des lenteurs bureaucratiques et la mafia qui bloque la wilaya. La situation du foncier industriel se révèle un imbroglio que peu de gens, notamment les responsables, arrivent à comprendre. Entre le bureau d'étude de Blida (Urbab), la Société de gestion immobilière (Sogi, ex-Opgi) et l'Agence nationale d'intermédiation de la réserve foncière (Aniref), on ne sait plus qui est qui et qui gère quoi. Le foncier industriel de la wilaya de Tizi Ouzou, comme le développement économique et la relance des investissements, est devenu prisonnier de ces trois organismes publics qui se disputent les prérogatives de gestion des assiettes foncières industrielles. Un imbroglio qui a été à l'origine d'énormes retards dans l'assainissement des dix-neuf zones industrielles et d'activité de la wilaya de Tizi Ouzou. Exemple : la zone d'activités d'Azazga, créée en 1978, n'a à ce jour pas encore été lancée, parce que la procédure d'assainissement de sa situation juridique vient tout juste de connaître son épilogue. Les pouvoirs publics devraient aussi se pencher sur ce dossier qui semble, malgré son apparence abracadabrante, aisé à résoudre puisqu'il s'agit de mésentente entre organismes publics que le gouvernement peut régler par une décision, une signature.


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