Algérie

ENQUÊTE-TEMOIGNAGES Après les plages, les piscines prises d'assaut


Bondées de monde, sales, peu de commodités, pas assez de confort, les plages sont souvent critiquées, c'est pourquoi, de plus en plus d'estivants préfèrent se prélasser au bord d'une piscine publique ou privée. Affluence timide il y a de cela quelques années, les piscines semblent se «démocratiser» au grand bonheur des baigneurs. Ces derniers partagent leurs avis et astuces…
Houda, 35 ans, célibataire cadre dans une entreprise privée
Houda est, à l'image des nouvelles célibataires, indépendante, autonome financièrement et croquant la vie à pleines dents. Cadre dans une entreprise privée, son salaire lui permet de vivre au rythme qu'elle entend. «Cet été, je n'ai pas le droit au congé annuel. Notre entreprise connaît des turbulences, et nous devons rester tous à nos postes, mais pas question de ne pas me déstresser durant le weekend et de me priver de soleil.» Pour cela, elle ne va pas à la plage, mais préfère la piscine. «Depuis quelques années déjà, je préfère les piscines des hôtels, car il n'y a pas beaucoup de monde et je ne suis pas embêtée. Je peux y aller seule et me sentir en sécurité», explique-t-elle. Et d'ajouter : «Les piscines publiques sont bondées, et celles dites privées ne respectent pas forcément les règles d'hygiène.» Interrogée sur le budget qu'elle y consacre, Houda se racle un peu la gorge avant de répondre : «C'est vrai que c'est cher, j'ai honte de donner le montant que j'y mets. Mais, il faut comprendre que dans notre société, une femme seule dans un endroit public prête à équivoque. Alors, pour que je sois à l'aise sans être dérangée par des remarques malsaines, je débourse entre 2 400 et 3 400 DA la journée. C'est le prix de la paix !» D'autres jeunes femmes avancent le même argument sans toutefois se présenter dans des grands hôtels de l'Algérois.
Nawel, 32 ans, commerciale dans une entreprise publique
«Il existe des hôtels publics où vous pouvez payer entre 600 et 1 200 DA la journée. Vous n'avez pas le droit à des transats extra-plats ou à des serviettes douillettes, mais vous avez la tranquillité», relève pour sa part Nawel. «J'y vais avec des copines, là au moins, il y a peu de monde et surtout où l'on est tranquille.» S'agissant de l'hygiène, Nawel reprend : «Cela dépend des hôtels, il y en a qui sont à cheval sur la propreté et d'autres pas. De plus, dans certaines piscines, les maîtres-nageurs ne font pas partie de leur effectif. Donc, au plan sécurité, il faudrait repasser. A titre préventif, après ma séance de natation, je me douche systématiquement, car les piscines sont dotées de douches, heureusement d'ailleurs, et je reprends un bain chez moi pour plus de sécurité.»
Malek, 30 ans, employé dans une entreprise privée
Avec ses deux enfants, Malek s'est résolu cette année à prendre un abonnement dans une piscine d'un complexe touristique. «Mon épouse ne prendra son congé que durant le mois de Ramadhan, et pour que nos enfants puissent profiter un peu des vacances, j'ai décidé de prendre mon congé annuel et de m'abonner dans cette piscine», explique Malek, qui préfère ce genre d'établissement, parce qu'il y trouve plus de sécurité. «Ici, je peux les surveiller plus facilement, et en plus, je ne m'inquiète pas, car là, aucun risque qu'ils avalent du sable ! En plus, avec la formule d'abonnement, et vu que mes enfants sont en bas âge, je consacre un budget un peu plus modeste. Je paye 4 000 DA par mois avec un accès de 9h à 19h, et avec le temps, les gardiens me permettent de prendre ma nourriture et mes boissons.
Ce qui est fort appréciable en termes de gestion d'argent.» Pour ce qui est de l'hygiène, Malek est sans équivoque : «Cela va au-delà de l'administration du complexe. Les baigneurs eux-mêmes ne sont pas éduqués. Ils ne respectent pas les règles les plus élémentaires de propreté.» A titre d'exemple, soutient-il, «plusieurs panneaux sont affichés avec les consignes suivantes : obligation de prendre une douche avant de se baigner, interdiction de marcher avec des souliers aux abords de la piscine ou interdiction d'y manger également. Pourtant, pratiquement personne ne prend une douche avant de plonger dans la piscine. Heureusement que l'équipe qui travaille ici veille à nettoyer le bassin chaque matin, sinon cela serait une vrai catastrophe. Toutes les maladies et champignons imaginables pollueront la piscine. Ce complexe, par rapport à d'autres, a un autre atout. Il a recruté de vrais maîtres-nageurs. En cas de problème, ils peuvent aller au secours d'un baigneur. C'est rassurant pour moi en tant que parent», conclut Malek, en souriant.
Sabrina, mère au foyer, maman de trois enfants
Pour Sabrina, les piscines publiques ont réglé pas mal de problèmes. «Maintenant, le nombre de piscines publiques a augmenté. Il y a quelques années, c'était quasiment impossible d'avoir une place durant l'été. Il fallait s'y prendre très tôt ou bien faire appel à des connaissances. Maintenant, je peux y aller tranquillement avec mes trois enfants. C'est vrai que les horaires sont assez courts, entre 2 et 3 heures, mais cela vaut la peine. Le plus important est de se rafraîchir et de s'amuser», note Sabrina. Pour deux heures de nage, elle débourse par personne 200 DA. «Lorsque nous décidons de partir à la piscine, cela équivaut à un budget de pratiquement 1 000 DA la journée. Mes enfants sont heureux, mon mari est tranquille et moi, je suis satisfaite, car je partage des moments sans stress avec mes petits», ajoute Sabrina qui relève que les règles d'hygiène sont strictement respectées. «Tous les baigneurs passent par la douche. Le port du bonnet de bain est scrupuleusement respecté. Les maîtres-nageurs sont à leur poste et donnent même des conseils afin de perfectionner le crawl. Pour moi, une fois par quinzaine, débourser cette somme et sortir de temps en temps en forêt équivaut à passer de bonnes vacances. Nous ne sommes pas riches, mais nous arrivons à gérer notre argent et notre temps. Il faut juste savoir apprécier ce que nous avons entre les mains», conclut Sabrina.
Une piscine chez soi
Faute d'argent, ou à défaut d'habiter à proximité d'une piscine, des familles ont opté pour l'achat d'une piscine adaptée à la maison. «C'est plus pratique. Je n'ai pas besoin de sortir et de payer une quelconque charge que ce soit, l'essence ou place de parking. J'ai déboursé 5 000 DA pour une piscine que je gonfle et que je laisse pour toute la durée de l'été. Cette année, j'ai décidé d'acheter un moteur, de cette façon, je n'aurais plus besoin de changer l'eau aussi souvent. Tout le monde est content : mes enfants, mon épouse et moi-même», explique Zoheir heureux d'avoir fait une bonne affaire. Installée dans sa terrasse, la piscine accueille toute la famille. «Il y a moins de disputes maintenant à la maison. Ma femme ne me réclame plus aussi souvent des sorties car les enfants sont occupés à jouer. De temps en temps, nous nageons avec eux, c'est génial», ajoute-t-il. A défaut d'avoir de grands espaces, d'autres ont choisi des piscines plus petites et plus gérables. «Cette année, nous ne pouvons pas partir en vacances, de plus, aller chaque week-end à la plage me fatigue. Alors, j'ai acheté une piscine que j'ai installée au balcon. De cette manière, mes deux filles s'amusent et s'hydratent en toute tranquillité. Comme moi, beaucoup de parents ont opté pour cette solution.» Un phénomène qui n'est pas près de disparaître…


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