Algérie

El-Hadjar peut-il devenir la locomotive '



Sider n'est pas une entreprise comme les autres : le groupe public est appelé à devenir une véritable locomotive de développement entraînant tout un tissu de PME.Rares sont les informations qui ont filtré de la réunion tenue "à huis clos" par le ministre de l'Industrie, Ahmed Zeghdar, au complexe Sider d'El-Hadjar, à Annaba, où il a effectué une visite de deux jours. Un cadre de Sider, qui a requis l'anonymat, a bien voulu nous confier la teneur de la réunion au caractère "exceptionnel" qui s'est déroulée au complexe sidérurgique d'El-Hadjar, le 5 septembre dernier, avec les gestionnaires et le partenaire social, en présence du ministre de l'Industrie, Ahmed Zeghdar.
Pour notre interlocuteur qui a accepté de rendre publiques quelques "bribes d'informations", ce cénacle confidentiel laisse présager un redéploiement industriel dont le groupe Sider pourrait bien constituer une pièce maîtresse. "C'est en partant du constat qu'il subsiste, çà et là, dans le secteur public économique marchand, quelques signes de satisfaction, et non des moindres, que le gouvernement a décidé de mettre en chantier un nouveau projet de stratégie industrielle s'inscrivant dans la vision globale de son plan d'action présenté récemment au Parlement."
On apprendra ainsi que sous l'impulsion du ministre de l'Industrie, une réflexion est actuellement engagée au niveau du groupe Imetal, dont Sider est l'une des filiales, afin de répondre à quelques questions essentielles, à savoir quel état des lieux et quelles perspectives pour la sidérurgie en Algérie '
Dans quelle mesure ce secteur peut-il continuer à être une opportunité pour le développement socioéconomique du pays ' Quelle est sa contribution réelle au PIB ' À la balance commerciale ' "La participation, vivement saluée, de Sider El-Hadjar à l'effort national pour la fourniture de l'oxygène médical aux hôpitaux a démontré que les entreprises publiques à caractère économique avaient encore beaucoup de ressources.
Consciente de sa responsabilité sociétale face à la pandémie de Covid, l'entreprise Sider n'a pas hésité à faire preuve d'une grande réactivité en fournissant plus de 5 000 litres/jour d'oxygène au secteur de la santé, et cela, au détriment de sa production. Mais pour les pouvoirs publics, au-delà de cette solidarité qui coule de source en terre algérienne, Sider n'est pas une entreprise citoyenne comme les autres : le groupe public est appelé à devenir une véritable locomotive de développement entraînant tout un tissu de PME", confie, optimiste, notre source.
Sider, fer de lance de la stratégie industrielle '
Mais pourquoi Sider ' "Quoi que l'on dise, grâce à El-Hadjar, l'Algérie reste un pays encore assez autonome en matière de production d'acier. Le complexe a connu sa première coulée de fonte, il y a déjà plus d'un demi-siècle (1969, ndlr). Depuis, Sider El-Hadjar est au c?ur de tous les chantiers structurants qu'a connus l'Algérie.
On peut citer le secteur de l'énergie, l'alimentation en eau potable, les conduites d'irrigation, l'autoroute Est-Ouest, le métro d'Alger, la téléphonie mobile, l'industrie automobile, etc. Malgré tous les avatars et autres vicissitudes qui ont jalonné sa longue histoire, El-Hadjar tient encore debout grâce à son fort potentiel industriel, à une accumulation technologique certaine et à l'émergence d'un savoir-faire reconnu même à l'international. La normalisation des produits et la recherche constante de la qualité ont été des atouts que Sider El-Hadjar a toujours su exploiter et qui font aujourd'hui sa réputation." Peut mieux
faire ' "Sans aucun doute ! Le ministre a été très clair au sujet du management : si l'action de l'Etat doit être volontariste et déterminée dans le domaine industriel, il appartient aux gestionnaires et aux travailleurs d'être proactifs et de trouver les solutions idoines aux différents problèmes que rencontre leur entreprise. Il s'agit d'opter résolument pour de bonnes pratiques de gestion et de tendre vers la compétitivité, sinon l'excellence.
La mise en ?uvre du plan de croissance d'environ 80 milliards de dinars ne vise pas seulement à réhabiliter les équipements pour porter le niveau de production à près de 800 000 tonnes par an, il s'agit aussi de réhabiliter l'image d'une entreprise publique tournée vers la croissance et la création des richesses.
Pour rester dans la course, les dirigeants de Sider ont compris qu'ils avaient tout intérêt à innover et améliorer, sans cesse, leurs performances opérationnelles et organisationnelles. Gage de garantie de réussite de cette nouvelle ère industrielle : les cadres, les gestionnaires et les syndicats ont pleinement adhéré à la démarche du ministre et se sont dit prêts à relever le défi de la compétitivité et de la performance".
Quid des actifs inexploités '
Par ailleurs, le ministre a mis en exergue la nécessité de valoriser les actifs inexploités par Sider du fait de la baisse du niveau de l'activité sidérurgique. "L'ex-SNS dispose, en effet, d'un capital en patrimoine foncier, immobilier et industriel non négligeable. Le ministre n'a pas omis de rappeler que le développement du foncier économique et l'amélioration de son exploitation étaient un objectif majeur du gouvernement. Il faut préciser, sur ce registre, que les actuels dirigeants de Sider ont toujours considéré la récupération et l'utilisation optimum du patrimoine comme une 'priorité'. Plusieurs initiatives et démarches légales ont déjà été entreprises, afin de permettre au groupe industriel de jouir pleinement de ses biens en vue de leur rentabilisation."
Composé en grande partie de sites industriels et commerciaux répartis sur plusieurs wilayas, ce patrimoine fait l'objet aujourd'hui d'une grande attention pour la simple raison ? et ce n'est pas la seule ? que la gestion de ces infrastructures génère des charges fixes, des frais de gardiennage, une contribution aux charges communes des zones industrielles, des taxes foncières, des frais d'électricité, etc.
"Pour faire face à ces dépenses, le groupe Sider est dans l'obligation de faire fructifier son patrimoine immobilier et foncier à travers, notamment, le partenariat avec des entreprises publiques ou privées, ainsi que la location dans le cadre de projets d'investissement, créateurs de valeur ajoutée. Une réflexion est, chaque fois, engagée sur les solutions à privilégier. Sur le plan stratégique, la revalorisation de l'entreprise est un enjeu primordial. Cet effort, comme l'a martelé plusieurs fois le ministre, permettrait de recapitaliser l'entreprise et d'envisager de nouveaux montages financiers."
Benchmarking
Ainsi, au moment même où certains parlaient de "libéralisation tous azimuts", voilà qu'on assiste à un retour de l'Etat dans son rôle de régulateur, de stratège et de grand ordonnateur du développement industriel national.
"Il échoit, néanmoins, au groupe Imetal de présenter des approches concrètes par l'étude préalable d'un benchmarking destiné à définir un modèle économique qui réponde au mieux aux besoins du contexte industriel algérien caractérisé, comme chacun sait, par un très fort désinvestissement et par l'ouverture débridée du marché national. On sait déjà qu'il y a lieu de promouvoir, en aval, le savoir-faire local à travers une industrie de transformation innovante et concurrentielle."
Selon notre source, le ministre a souligné dans ce contexte l'importance de développer des partenariats avec les filiales de divers groupes industriels publics ou privés. "Il y a donc comme une nécessité pour le groupe Imetal, présidé par Tarik Bouslama, de rehausser le dialogue avec les différents intervenants et de concilier, autant que faire se peut, les intérêts parfois divergents d'un secteur d'activité composé de producteurs, de transformateurs, d'importateurs et de distributeurs."
L'objectif affiché étant de créer de la valeur ajoutée, l'idée est d'aller vers des industries techniquement et technologiquement plus élaborées. "Cela pourrait se traduire pour Sider El-Hadjar par une nouvelle offre d'aciers spéciaux." Autre axe de travail : cette réflexion prendrait également en charge le rôle de la sidérurgie dans la mise en ?uvre d'un développement territorial équilibré et harmonieux. "Bref, les opportunités sont très nombreuses et il suffit de faire preuve de détermination pour que les idées qui foisonnent ici et là se concrétisent.
Les dispositifs de soutien existent. Il s'agit de savoir les solliciter pour des projets dans des créneaux porteurs et dans des projets innovants", a affirmé, selon notre source, le ministre au cours de cette réunion tenue sans la présence des médias.

A. ALLIA
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