Algérie

Difficile digestion



Malgré ce qu?en disent ses détracteurs, ennemis politiques et structurels ou maîtresses répudiées et courtisans limogés, il faut reconnaître que le Président a beaucoup travaillé et s?il ne possédait qu?une seule qualité, ce serait cette capacité à être sur tous les fronts et de toutes les opérations. Après les grands repas d?alliances et les dîners diplomatiques, après les innombrables cocktails d?allégeance, réceptions d?équilibres et déjeuners d?affaires, après les multiples invitations de partenariats, de contrats ou d?accords, les fêtes de victoires électorales et festins de remerciements, le Président a finalement eu ce que n?importe qui aurait eu à sa place, une bonne indigestion. Au-delà des rumeurs nationales qui parlent déjà de tentative d?empoisonnement, il y a cette difficulté certaine à être au centre de toutes les forces et représentations sans être réellement nulle part et de fait, la nécessaire solidité de l?estomac pour contenter tout le monde et manger tout ce que tout le monde mange, dans le désordre, avec l?appétit de façade et l?entrain emprunté qui va avec. Pourtant, il est toujours remarquable de noter que dès qu?un officiel est malade, un simple dérèglement intestinal, selon l?APS, il court se faire soigner en France. La médecine algérienne est malade, tout le monde le sait, faisant qu?elle exporte encore des malades tout en important des médicaments, selon la bonne formule d?un médecin. Il n?y a pas qu?elle, malheureusement. La récente loi obligeant les écoles privées algériennes à assurer le même enseignement que les écoles publiques (à quoi servent donc les écoles privées ?) montre bien que les deux vitesses ne sont pas là où Boubakeur Benbouzid les situe. Dès que le ministre aura un problème d?éducation avec ses enfants, il courra les inscrire dans un lycée français, comme l?ont fait avant lui nombre de ministres de l?Education qui ont passé leur mandat à détruire l?école et déchirer les livres scolaires dans de grand autodafés sacrificiels pour plaire aux dieux du moment. La théorie de la réappropriation de l?identité chère à tous les gouvernants s?arrête donc là où commence la pratique. Ce qui est valable pour eux n?est pas valable pour les autres. Quand les officiels sont malades, ils se soignent en français. C?est plus prudent.



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