Algérie

Bouteflika subit un bilan médical approfondi


Secret médical ou secret d?Etat ? L?état de santé du président de la République est-il un secret d?Etat ? Possible, si l?on tient compte du black-out qui a toujours entouré les cas de maladie des anciens présidents algériens. Silences, rumeurs et contre-vérités ont toujours voilé, voire travesti les circonstances dans lesquelles furent hospitalisés nombre de chefs d?Etat algériens. La raison n?est pas tant d?ordre médical, mais plutôt pour des considérations liées à la raison d?Etat. D?ABORD LA RUMEUR Quand un Président est en proie à un quelconque malaise, on commence souvent par cacher sa maladie. Lorsque la rumeur persiste et les murmures se répandent, les autorités officielles réagissent d?abord par des démentis. Puis viennent des communiqués évoquant « un malaise, sans grande gravité ». Dans la plupart des cas, on ne saura la vérité que trop tard. Du fait, ce qui ne serait qu?une simple affaire de communication sur la « santé présidentielle », devient un mensonge d?Etat. Il faut reconnaître, toutefois, que la présidence de la République a, cette fois-ci, cassé un tabou et évité soigneusement de livrer l?information au règne de la rumeur et de la spéculation. Cependant avant, l?état de santé des dirigeants algériens a toujours été considéré comme un secret d?Etat. A commencer par l?époque de l?ancien président, Houari Boumediène. En septembre 1978, ses médecins ont commencé à s?inquiéter de sa situation physique. On a parlé d?abord d?une insuffisance rénale, puis d?un cancer du rein. Quelques jours plus tard, il a été hospitalisé au service urologie à Alger. Aucun communiqué officiel ni bilan d?information de santé n?ont été rendus publics. Entre octobre et novembre 1978, il a séjourné six semaines dans un hôpital à Moscou sous prétexte d?un « voyage de travail et d?amitié ». Le silence officiel n?a fait, par ailleurs, qu?aiguiser la rumeur publique, d?autant plus que l?ancien Président a brillé par son absence, durant cette période, dans plusieurs manifestations nationales et internationales. L?information a été dévoilée pour la première fois par une journaliste française travaillant pour l?AFP. Cette dernière, se trouvant à bord du même avion qu?Abdelaziz Bouteflika, alors ministre des Affaires étrangères, l?a interrogé sur l?état de santé de Boumediène. « Le Président (Boumediene, ndlr) est un être humain comme tous les êtres humains. Il a le droit de tomber malade », a déclaré Bouteflika, reconnaissant publiquement, la maladie de l?ancien chef d?Etat. Depuis, le journal El Moudjahid publiait dans chaque livraison un encadré en page « une » pour rendre publics... les messages de soutien au Président mal en point. Mais, avant le moment fatidique, aucun bulletin de santé n?a été publié. ENSUITE LE MENSONGE Même au moment où sa santé se dégradait davantage de jour en jour. Quelques jours après avoir quitté Moscou pour regagner la capitale algérienne, Boumediène a été hospitalisé à Alger. Il a sombré le même jour dans le coma. Le 18 décembre, une hémorragie interne aggrave encore la situation médicale et entraîne la mort neuf jours plus tard. Entre temps la rumeur avait fait son chemin. L?autre ancien président, Chadli Bendjdid, a été hospitalisé, au début des années 1980, durant un mois en Belgique, pour subir une opération chirurgicale d?hernie discale. Aucun communiqué officiel n?a fait état de son transfert pour des soins à l?étranger. Comme la rumeur court plus vite que la communication officielle, les « on-dit » ont parcouru l?Algérie du Nord au Sud et de l?Est à l?Ouest. Il suffisait de tendre l?oreille pour écouter des vertes et des pas mûres. « Chadli destitué par l?Armée, il a été victime d?un coup d?Etat, il est peut-être assassiné... », sont entre autres mensonges colportés par ce qu?on appelait à l?époque, dans le jargon populaire, « radio-trottoir ». Il a fallu une manifestation du personnel de l?hôpital Mustapha d?Alger qui a dénoncé l?hospitalisation du Président à l?étranger, pour que le grand public soit mis au courant de l?état de santé de Chadli. Liamine Zeroual n?a pas dérogé à la règle. Ce dernier a été évacué, à deux reprises, pour des soins à Barcelone (Espagne). La première fois, en 1996, pour une affection à la jambe et la deuxième fois, en 1997, pour subir une opération ophtalmologique. Cette fois-ci encore, rien n?a été dit sur l?hospitalisation de Zeroual. Le silence officiel a entraîné les rumeurs les plus folles. Certains ont évoqué « une maladie grave entraînant une longue indisponibilité du président ». D?autres ont carrément spéculé sur un attentat qui aurait été perpétré contre lui.


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