Algérie

Des milliardaires en culotte courte L'ARGENT «DOUTEUX» DU FOOTBALL ALGéRIEN


Le football paye bien. Il enrichit en un rien de temps. Les revenus des stars du ballon rond, ici ou ailleurs, donnent le vertige au reste des salariés. Si le phénomène est amplement justifié en Europe où l'industrie du jeu à onze génère une manne financière incroyable (Contrats publicitaires, droits de retransmission des compétitions, vente de tickets, produits dérivés et spéculation boursière), on a du mal à justifier la prodigalité des clubs algériens qui, officiellement, affichent tous des bilans annuels déficitaires. Des athlètes, tout juste moyens, se taillent des salaires qui dépassent tout entendement. En voici quelques illustrations. Le butteur de l'équipe nationale, Islam Slimani, rempile au CR Belouizadad pour une mensualité de 18 000 euros, nette d'impôts, soit 4 500 euros de plus que le président de la République française, François Hollande qui perçoit 13 500 euros. Le club de Laâquiba a dû casser sa tirelire pour maintenir le jeune baroudeur dans ses rangs. Slimani, qui évoluait, il n'y a pas si longtemps, dans un petit club de Chéraga, doit être fortement ému par un tel triomphe. Khaled Lemmouchia, qui est, jusque-là, le joueur le mieux payé d'Algérie, gagnait, durant la saison dernière, 45 000 euros par mois. En raison d'une baisse de régime manifeste, son employeur, l'USM Alger, s'apprête toutefois à revoir son salaire à la baisse avec une offre qui caracole à 22 000 euros, soit plus de 12 fois le salaire national minimum garanti (Snmg). Des clubs qu'on donnait, très récemment, en faillite, comme le MCA, se sont offert le luxe de recruter plusieurs individualités locales et un coach étranger. Le Doyen, qui ne fait jamais les choses à moitié, a programmé son stage d'avant saison en Pologne où flotte, encore, l'air rafraîchissant de l'Euro-2012. Ceci pour dire que les frais de prise en charge dans ce pays doivent être assez coûteux pour une équipe qui affiche un déficit de 25 milliards de centimes. Une modeste formation, comme le CS Constantine, s'est payé les services de Roger Lemerre, l'ancien sélectionneur de l'équipe de France, au détriment de plusieurs concurrents mieux nantis, comme le Club Africain (Tunisie). Rien qu'à voir le CV et le palmarès du technicien (Coupe du monde 1998, Euro-2000, CAN-2004'), on devine que son salaire doit peser très lourd sur la trésorerie des «Vert et Noir». Les exemples, comme ceux-là, sont légion. Il serait fastidieux de les citer tous, ici. En début de saison, tous les sociétaires des deux Ligues professionnelles, 1 et 2, dépensent sans compter et affichent des ambitions dignes des grandes écuries européennes. D'où vient l'argent ' Nul ne peut répondre avec exactitude. Pour éluder ce type de questions qui dérangent, de nombreux présidents de club, à l'image de Moh-Chérif Hannachi (JSK), évoquent, vaguement, des amis du club et de prétendus mécènes désintéressés. A la fin de l'exercice, tous ces clubs dépensiers établissent une comptabilité déficitaire à l'endroit de l'administration fiscale pour échapper, impunément, aux impôts. Les pouvoirs publics se montrent, alors, généreux et effacent, machinalement, l'ardoise. Mieux en encore, ils volent au secours de ces entreprises (Sspa) à travers diverses subventions, effacement de dettes et allègements fiscaux conséquents au profit de supposés sponsors. Cette approche est contraire au principe fondamental du professionnalisme qui exige beaucoup de transparence dans la gestion, une traçabilité irréprochable des fonds, une contribution au développement des valeurs de sportivité et de citoyenneté et la création de valeur ajoutée. A ce rythme, ce sont les clubs formateurs, essentiellement amateurs, qu'on étouffe. Car les aides qu'on leur consacre sont, carrément, insignifiantes. Cette politique nuit également aux autres disciplines sportives qui réalisent des performances (Boxe, volley-ball, athlétisme') sans être «payé» en retour. Désormais, l'Etat doit veiller de près à la surveillance des fonds «douteux» qui alimentent le football algérien, en appliquant strictement les lois de la République à tout le monde. Il est scandaleux d'imposer le maigre revenu d'un smicar, alors que des footballeurs gagnent mensuellement de petites fortunes sans verser le moindre sou au Trésor public. C'est une grande injustice qu'il va falloir réparer immédiatement !
K. A.
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