Algérie

Des foules excitées, 8 arrestations et une rumeur qui se confirme à Sidi Ben Adda



La promesse d’incendier le bar a été tenue La rumeur qui s’amplifiait depuis quelques jours à Sidi Ben Adda, à 3km à l’ouest d’Aïn-Témouchent, s’est confirmée mercredi soir. Ainsi après la prière du Maghreb, par le saccage et l’incendie du «Saf-Saf», anciennement dénommé Le «Tam-Tam» et classé «établissement touristique», les services officiels faisant état de 8 arrestations. Une atmosphère lourde et un calme précaire régnaient en cette journée fatidique du mercredi 21 février, dans la commune de Sidi Ben Adda, à 3km à l’ouest d’Aïn Témouchent, où était attendue la visite du ministre de la Ville, ajournée semble-t-il, alors que la rumeur circulait depuis quelques jours quant à l’imminence d’une manifestation, devant succéder à la prière du Maghreb et ciblant un établissement touristique de la localité, le «Saf-Saf», en l’occurrence, un ancien bar datant de l’ère coloniale, durant laquelle il s’était forgé une réputation à l’échelle de l’Oranie, sous le nom évocateur du «Tam-Tam». Cette rumeur serait même parvenue aux oreilles des services compétents. C’est ainsi que vers 17h00 ce même jour, 4 véhicules 4X4 (Land Cruiser), dans lesquels avaient pris place des «Ninjas», relevant de la gendarmerie, accompagnés de véhicules d’autres services, sont venus sillonner scrupuleusement les artères principales de la localité de Sidi Ben Adda, plus exactement les parages de l’établissement sus évoqué, situé à une centaine de mètres d’une mosquée et bordant la RN-96 menant à la ville de Béni-Saf. Puis, ne relevant rien de suspect, ils ont regagné leur base, mais ceci avant la prière du Maghreb. On ne sait si c’était une erreur d’appréciation. Mais ce retrait s’avéra lourd de conséquences, puisque juste après l’accomplissement de la prière, le parvis de la mosquée «Anis Ibn Malek» résonna sous les slogans «Allah Akbar» suivis de «la’Illaha Il’Allah» et de «Hadi Talia» (il n’y a de Dieu qu’Allah, c’est la dernière). A la suite de quoi, un groupuscule d’excités s’élança vers l’entrée de la ville, sur la RN-96, pour mettre le feu à des tas de pneus, tandis que la majorité des autres manifestants se dirigeait tout droit vers l’ex-»Tam-Tam», en l’arrosant d’abord de jets de pierres et de slogans virulents. Les deux véhicules stationnés devant, une Clio et une Daewoo Cielo, furent rapidement la proie des flammes, entraînant autour d’elles une sarabande jubilatoire. Ne s’arrêtant pas là, les émeutiers iront jusqu’à défoncer les portes de l’établissement pour mettre le feu aux meubles, non sans balancer dehors les caisses de bouteilles pleines de bière qui, en éclatant au sol, ont vite fait de transformer la chaussée en ruisseau de mousse, avant d’être submergées elles-mêmes par les tables et autres chaises qui avaient suivi la même trajectoire. Le propriétaire, resté sur les lieux, fut extirpé et entraîné de force vers la mosquée, où un triste sort lui fut épargné de justesse. Quant au videur du bar, il essuya une bordée d’injures, avant de faire l’objet d’un lynchage en règle, subissant une pluie de coups de pied et de poing. Le plus surprenant, c’est que ces quelque 200 émeutiers ont pu accomplir sans état d’âme leur forfait, et ce, en l’absence totale des 9 élus, parmi eux le P/APC qui, semble-t-il, réside depuis bien longtemps à... Béni-Saf. L’autre question qui ne cesse de tarauder la population de Sidi Ben Adda est que tout le monde était au courant, en premier lieu les élus et le propriétaire de l’établissement qui, la veille du week-end, grouillait de monde. Bizarrement, les premiers à se manifester, vers 19h55, furent les pompiers de la protection civile qui rebrousseront aussitôt chemin sans s’arrêter, sous une pluie de pierres et d’objets hétéroclites. Ce n’est que vers 20h20, qu’apparut un convoi de 4 cars des forces anti-émeutes bien armées, suivi d’une ambulance et d’un véhicule de la protection civile, moment que choisirent les derniers groupuscules d’émeutiers pour s’évanouir prudemment dans la nuit. Les compagnies d’intervention investirent à leur tour les lieux désertés après le forfait accompli, alors que les véhicules incendiés finissaient de se consumer. Heureusement, aucun affrontement n’est à signaler entre les gendarmes et les manifestants. Par ailleurs, les services de l’APC d’Aïn Témouchent sont venus, jeudi matin, pour déblayer les lieux des incidents. Pour décourager toute velléité de reprise, les gendarmes sont restés sur place et n’ont levé le siège que vers 18h. Et pour cause ! Plus rien ne pouvait arriver, puisque l’objectif des émeutiers aura été atteint à 100%. N’empêche qu’à l’issue de la journée du jeudi, le commandement de gendarmerie d’Aïn Témouchent a fait état de l’arrestation de 8 jeunes originaires de cette commune soupçonnés d’être impliqués dans les incidents. Heureusement qu’aucune perte humaine n’est à déplorer, si ce n’est deux personnes légèrement blessées. Dieu merci, car l’incendie criminel qui a touché cet établissement aurait pu se propager à la station d’essence voisine.



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