Algérie

De l?humilité



Nous sommes si peu de chose, et mon amie la rose me l?a dit ce matin. » En gravant ce mot de poème à l?échelle de l?humanité, Eluard n?a pas eu seulement raison, il est entré dans l?émotion créatrice et communicative, qui fait grimper vers « la montagne de l?âme » - thaqachouchth, comme on dit dans la langue ancestrale. Dans les activités impliquant le plus directement dans les affaires de la cité, avec des responsabilités de tout ordre, et la production de valeurs symboliques, il y a un devoir cardinal : l?humilité. L?Algérie en manque terriblement, parce que la dictature héritée de 1962 a fabriqué plein d?enflures, pas seulement de galons, d?argent, mais aussi de prétendues élections. Et de prétentieuses voix à rendre compte « définitivement » de tout cela. Tenez, parce qu?il faut d?abord rester terre à terre pour essayer de grimper, parlons du scrutin de partielles en Kabylie. Pas comme le raz de marée d?articles et de discours politiques qui a voulu faire accroire que tel ou tel parti a « raflé » (ya boureb, dirait Kateb Yacine) tant de bulletins dans tel patelin, créditant ipso facto Un Tel à être le nouveau parrain des lieux. A peine trois citoyens sur dix ont réalisé leur devoir civique de mettre le bon bulletin dans la bonne urne. Dont pas mal d?entre eux sans réelle connaissance de cause de choix : non seulement ulac le programme comparatif entre les guichets de vente, mais aussi, dans ce marécage bureaucratique, un dossier complexe de papiers injuriant l?analphabétisme de nombre de « votants », qui ne pouvaient savoir à quel saint se vouer. Avec cette anecdote vraie d?une vénérable dame, en première page de notre journal. Elle a tout fait l?aïeule pour venir au bureau de vote, aidée à marcher par un descendant costaud. Mais à l?isoloir, forcément, on lui a dit qu?il faut être seule. Dans cette paperasse de matériel de vote, elle n?a décodé ni l?arabe ni le français. Elle n?a pas accepté cela, l?ancêtre, elle a quitté le bureau de vote sans autre forme de procès. Voter avec son pied : ce n?est pas le mot qui doit nous révulser, ce sont les réalités actuelles de notre pays. La dame l?a refusé, humblement. Les élus concurrents quasi égaux, FFS/RCD, gagnants des deux métropoles phares de Kabylie, Béjaïa et Tizi Ouzou, l?ont été respectivement à moins de 19% et 13% de votants. Auront-ils l?humilité de cela pour moins nous bassiner avec leurs zizanies ?



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