Algérie

Clarifications




La maladie du président Bouteflika a mis en relief les insuffisances de l?édifice constitutionnel en matière de vacance présidentielle. Elles s?ajoutent à toutes les autres failles qui font qu?aujourd?hui, la Loi fondamentale algérienne n?a presque plus d?ancrage dans la réalité du pays. Depuis le début de l?évacuation à Paris du président Bouteflika, c?est le chef du gouvernement qui assure un intérim de fait, sans aucun appui légal. L?idée de l?introduction d?un poste de vice-président est mise en avant, çà et là, afin que la continuité de la fonction présidentielle soit préservée et assurée en cas d?empêchement quelconque de son titulaire. Les incidences liées à la maladie gagneront à être précisées dans tous leurs contours (bulletin de santé, communication...). D?autres bouleversements plus fondamentaux s?imposent au demeurant, afin que soit mis un terme aux ambiguïtés sur la nature même du pouvoir politique : présidentiel, semi-présidentiel ou parlementaire. Une des faiblesses réside dans la relation existant entre le président de la République et le chef du gouvernement. Le premier est le maître de l?Exécutif, sans être responsable devant le Parlement, le second est comptable devant les députés, à travers un programme, alors qu?il n?est pas source de décision. Prenant appui sur les contradictions constitutionnelles, de graves crises politiques ont conduit, ces dernières années, à des démissions de chefs de gouvernement protestant contre les « empiètements » du texte par le chef de l?Etat. Ce dernier, au demeurant, n?a pas caché publiquement son hostilité à la Constitution actuelle, au motif qu?elle ne lui confère pas tous « les pouvoirs nécessaires » pour mener à bien sa politique. Il s?en accommode cependant, depuis 1999, sans trop s?embarrasser de ses contraintes et ses contradictions, privilégiant sa vision des choses, se référant plus à la « légitimité populaire », voire « révolutionnaire » et au peuple qu?à la « légalité constitutionnelle ». Du césarisme, dit-on volontiers, notamment au sein de l?opposition qui met, elle, en avant l?affaiblissement des contre-pouvoirs ou leur mise sous tutelle. Le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, s?est engouffré dans la brèche en proposant une version de la révision constitutionnelle avec un calcul : arracher une disposition selon laquelle le chef du gouvernement devra être issu de la majorité parlementaire, ce qui lui permettrait d?accéder à ce poste. Mais la révision constitutionnelle n?est pas à l?ordre du jour au sein de la classe politique, bien que l?idée circule depuis longtemps. Probablement que le vide qui vient d?être décelé en matière de vacance présidentielle pourrait être un argument de plus pour la mise en route du chantier. Mais une révision constitutionnelle n?est pas une simple opération technique. Elle est un enjeu de pouvoir.





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