Algérie

Commentaire


Commentaire
Dans le vacarme des révélations du scandale Panama Papers, touchant notamment un ministre algérien Abdessalem Bouchouareb, il y a quelques remarques à faire? sinon des leçons, même si, certainement, le régime n'en tiendra pas compte.1. Sur le volet communication d'abord : le silence légendaire des autorités algériennes, alors que le monde entier assistait au dévoilement du scandale planétaire, accentue l'atavisme primaire du régime autiste et hautain par rapport à une opinion publique qu'il a décidé d'effacer de ses tablettes. Mais cela n'est pas une nouveauté. Par ailleurs, il est amusant de constater la réaction, d'abord via des médias «amis» du pouvoir, pour s'offusquer en off, avant de se plaindre? au Quai d'Orsay. Alger est mécontente de la Une du Monde, et non pas d'une publication de la diplomatie française. N'empêche, quand on fonctionne en mode Grine et qu'on pense que les médias sont automatiquement des leviers d'allégeance, on ne peut faire autrement.2. La réaction de Bouchouareb devant les députés, hier, évoquant «atteinte à la République» et «lobbys extérieurs et intérieurs» frisent le ridicule tant cette logorrhée complotite est dépassée et constitue une insulte à l'intelligence ? et à la dignité ? des Algériens. Cela nous ramène au fait que nos élites politiques (y compris dans l'opposition parfois) comblent aussi bien leur incapacité à analyser que leur déficit managérial, ou encore leur gabegie par cet écran de fumée. On se rappelle des étiquettes collées au mouvement des chômeurs, aux opposants, à des leaders de la société civile : «main de l'étranger», «complot contre la stabilité»? Oubliant par la même que le pire complot contre le pays reste le suicidaire statu quo actuel imposé par les hommes forts du régime, civils et militaires.3. En appelant une source à la présidence de la République sur cette affaire, la réaction fuse tout de go : «C'est juste une affaire de création de société à l'étranger, et après ' Pourquoi en faire tout un plat '» Quoi de moins surprenant quand on voit comment on dissout les scandales dans le chaudron du régime qui, au lieu de laisser la justice devenir une véritable justice pour pouvoir faire son travail, s'évertue à blanchir lui-même les auteurs présumés de forfaits. Comme pour l'impunité des terroristes, dont les chefs se pavanent devant leurs victimes, cette opération «mains propres» à l'envers affaiblit encore un peu plus le peu de sens citoyen que nous avons. Personne n'est comptable, alors faites ce que vous voulez. Message reçu cinq sur cinq.4. A l'ère du big data et des lanceurs d'alerte, de Snowden et de Assange, des enquêtes journalistiques collaboratives (plus de 700 journalistes ont travaillé sur Panama Papers), nos autorités, attachées à un non-modèle de communication étatique, semblent tétanisées et n'ont de secours qu'en faisant croire à un complot mené par Soros ou les Illuminati. Un Etat qui ne communique qu'en off ou en collectionnant les maladresses, qui pense que l'opinion publique est un luxe sinon une fiction comme des élections normales où un magistrat indépendant ne peut faire valoir sa voix dans le monde d'aujourd'hui. Il n'est pas nécessaire de demander à tout le gouvernement d'avoir un compte Twitter, mais qu'il réfléchisse d'un côté au criminel retard numérique accusé par le pays, et d'un autre à la meilleure manière de dire ce que nous sommes et ce que nous voulons, au lieu de pérorer sur les complots et les lobbys, sur l'univers entier qui nous envie et qui nous veut du mal.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)