Commentaire

Guerre contre l’Iran ou révolution orange ? Les Américains veulent convaincre les Iraniens que l’option militaire est mise sur la table et qu’elle est sérieusement envisagée. Quelle option militaire dans quelle conjoncture ? Il est vraiment impossible que soit validée l’option de l’emploi des forces terrestres, ce qui implique l’occupation du territoire iranien et l’immersion des soldats américains dans un milieu hostile au sein de populations dont pratiquement chaque élément sera perçu comme ennemi potentiel. Or, ce qui peut être considéré comme un futur débat américain en Iran enseigne que des forces armées classiques étrangères ne peuvent venir à bout d’une armée de résistance. D’abord, il est difficile de croire que la technologie est d’un apport décisif dans cette sorte d’affrontement. Ensuite, c’est la clandestinité, la mobilité et le soutien réel des populations qui confèrent la suprématie opérationnelle. Ce sont les résistants qui ont le pouvoir d’initiative et ce sont les motivations qui conditionnent la volonté de se battre. Enfin, il est déjà prouvé que l’asymétrie des moyens de combat est un virus dans l’évaluation de la parité des forces. Les Américains veulent également faire croire que la caution internationale sera donnée à la guerre contre l’Iran et que, cette fois, c’est aussi bien l’OTAN que la Russie et la Chine, c’est-à-dire tous les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, qui auront à intervenir militairement et solidairement dans cette guerre, alors que l’Iran est convaincu que cela n’en sera pas le cas. Les Américains disposent également de l’option aérienne. D’abord, des bombardements aériens ne seront pas efficaces au regard de l’objectif poursuivi. Ensuite, cela risquera de renforcer davantage la cohésion iranienne et de faire activer dans le monde des groupes armés pro-iraniens qui existent certainement. N’oublions pas également que l’option militaire fera peut-être dépasser le seuil de 100 dollars du cours du baril de pétrole. Ces deux options comportant des risques pour les Américains, des risques certains même, il serait fort possible que se joue alors une partie de poker. Les Américains accroissent la pression des menaces pour arriver à isoler le président et les radicaux iraniens au sein des populations iraniennes et encourager l’opposition modérée à entreprendre une sorte de « révolution orange » afin de faire chuter l’actuel gouvernement. Ainsi, les modérés prendraient le pouvoir, renonceraient au programme nucléaire et entreraient dans la sphère d’influence américaine.