Algérie

Commentaire


Quels lendemains suite à l’affaire Khalifa? L’affaire Khalifa est effrayante. Le fait qu’elle puisse survenir au moment où tous les discours du président de la République et du chef du gouvernement n’omettaient pas d’introduire une dose de moralisation de la gestion des deniers publics et, à chaque fois, suivis de menaces. Et pourtant, une gestion crapuleuse avait bien eu lieu où le P-DG du groupe Khalifa avait trouvé des exécutants à terrifier pour obtenir d’eux des sommes colossales en dehors de toute réglementation bancaire, sans que l’on sache par qui lui-même avait été terrorisé ou conditionné et rassuré par des promesses de protection. Y avait-il un Etat durant toute la période de la rapine? Khalifa ne fréquentait tout de même pas des sans-grades et des sous-ordres. Serait-ce le système qui serait en déliquescence ou seulement une faute commise par des hommes?Quels remèdes à apporter dans le choix entre une double option, à savoir se convaincre que c’est tout l’environnement politique et économique national qui est à réformer ou imputer la gestion crapuleuse au profit de personnalités à identifier, à sanctionner pour donner un exemple dissuasif de tout autre tentative de rééditer les mêmes scénarios en tendant d’autres embuscades à l’économie? L’explication donnée pour justifier la révision de la constitution dans ses grandes politiques et ses objectifs, est conçue en fonction du fait que celle-ci avait été élaborée dans une période de crise sécuritaire et que maintenant la crise est derrière nous. Cette explication n’a pas intégré l’idée que si on veut bien admettre qu’une telle crise serait du domaine du passé, c’est-à-dire la crise sécuritaire, il nous faudrait alors reconnaître qu’à celle-ci a succédé la crise des valeurs et la politique du racket organisé à grande échelle. Quelle constitution prendrait en charge cette sorte de crise, autrement plus grave que la crise sécuritaire car elle s’attaque au fondement même de la régulation par l’Etat en risquant d’institutionnaliser le vol. La constitution ne devrait pas paraître seulement comme une vision politique élaborée par des «politiques» au service des «politiques», c’est-à-dire d’eux- mêmes et de leur groupe, pour ne pas dire de leur clan. Il arrive qu’il existe le risque qu’elle soit élaborée dans son arsenal juridique par, bien sûr, des juristes qui ne sont pas obligatoirement appelés à faire partie du pouvoir, mais qui croient, à tort ou à raison, qu’ils en feront partie. Autour de quels axes directeurs faire articuler les différentes dispositions de la constitution alors que l’essentiel demeure de savoir pourquoi les garanties constitutionnelles n’ont pas fonctionné pour donner à ces dispositions un contenu réel, en particulier la mise en place d’un environnement favorable à l’exercice de contre-pouvoirs, ce qui aurait permis de restreindre considérablement la rapine organisée autour du groupe Khalifa.


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