Algérie

Comment faire de nos villes des centres de rayonnement



Les experts relancent le débat La majorité des urbanistes et tous les acteurs en la matière s’accordent à dire qu’il est temps aujourd’hui de replacer la ville algérienne dans toute sa complexité et ses repères en tant qu’entité culturelle, économique, sociale, vivant de sa diversité et fière de son histoire... Cela peut se faire à travers la réhabilitation notamment de ses sites et son patrimoine universel en décrépitude, en adaptant en mieux les allures de la modernité. C’est dans ce contexte le Pr Nadir Boumaaza, chercheur à l’université de Grenoble, a décortiqué pratiquement, hier au forum d’el Moudjahid, dans un exposé magistral, tous les contours de la politique de la ville en Algérie depuis la cité antique romaine et ottomane, aux villes métropoles durant la colonisation française, à l’état de délabrement et de déliquescence dans laquelle est réduite la capitale Alger la blanche. Avec des propos pertinents, l’expert a soumis à débat sa réflexion combien fructueuse de l’avenir de nos villes et ses aléas dans ce trou noir entrouvert qui s’appelle la mondialisation. Riche de son expérience hexagonale, il a plaidé pour un aménagement de proximité qui parte d’en bas, dans les quartiers pauvres de la cité, aux quartiers huppés et faubourgs. Dans son analyse, il est revenu sur ce passif propre à l’Algérie et toutes ces croyances qui ont influé d’une manière ou d’une autre sur la gestion de nos villes. Comme cette dissociation entre l’Etat et la notion même de beylik que le colonisateur a reprise à son compte dans sa logique destructrice de diviser pour régner. Ce qui a amené, d’après lui, la population algérienne à s’éloigner et à démissionner de la chose publique. Cette dernière, qui relève selon eux de l’intérêt collectif, s’est confondue avec la chose privée considérée comme étant le fait du capitalisme, a provoqué cette séparation qui a créé les premiers germes de la ségrégation urbaine. Le Pr. Boumaaza, qui a relevé l’importance stratégique d’une politique de la ville, a préconisé trois axes, à savoir l’urbanisme, le développement social et culturel et la promotion et le développement économique qui devraient faire d’une ville non pas des ghettos ou des communautés distinctes ou des refuges pour criminels et toutes sortes de malfrats, mais tout simplement des centres de rayonnement et des cadres urbains homogènes fondés sur la participation citoyenne à travers la mobilisation de ses ressources humaines et compétences au niveau des sociétés locales, ainsi que par l’intégration et l’insertion sociale de ses migrants comme de véritables villes cosmopolites. Le conférencier est allé plus loin dans son analyse quand il a prédit des problèmes énormes au programme titanesque du million de logements si on n’ose pas prendre en compte la dimension de l’aménagement urbain lors de leur construction. Par ailleurs, les intervenants, élus et les Algérois ont dénoncé l’état d’abandon de la vielle cité, la Casbah, reconnue depuis longtemps monument universel; la place des martyrs; les Halls de Sidi-M’hamed vendus aux affairistes pour installer des bureaux alors que la population demande des logements... Une enseignante espagnole à l’université d’Alger s’est même demandée «qu’elle était la philosophie de la ville -dont l’homme est l’épicentre- qui est livrée, selon elle, au tout libéral et à la loi actuelle du foncier ne profitant pas au petit peuple». Pour elle, l’expérience latino-américaine est essentielle pour la réhabilitation des villes algériennes, de par leurs problèmes communs et leur attachement à la terre. Un ingénieur en aménagement urbain a clôturé le débat en appelant les pouvoirs publics à relever le défi de la maîtrise urbaine, en mobilisant tous les acteurs pour un projet urbain intégré et en allant vers une ville nouvelle qui respecte les normes techniques et architecturales de construction, qui nettoie ses trottoirs, fait circuler ses eaux usées et fait fleurir ses espaces verts.
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