Algérie

COMMEMORATION DU 28EME ANNIVERSAIRE DE LA MORT DU PRESIDENT BOUMEDIENE



COMMEMORATION DU 28EME ANNIVERSAIRE DE LA MORT DU PRESIDENT BOUMEDIENE
L’évolution de la diplomatie algérienne de 1962 à 1978

En juillet 1962, lors de l’accession de notre pays à l’indépendance, une grande partie de l’Afrique et presque tous les pays arabes du Golfe étaient encore colonisés. En Afrique: le Portugal occupait l’Angola, le Mozambique, la Guinée Bissau, Sao Tomé, Principe et le Cap-Vert, l’Angleterre, quant elle, était maîtresse absolue en Ouganda, au Kenya, au Zimbabwe et en Namibie.
L’Espagne pour sa part, était présente au Sahara Occidental, ainsi que dans tout le nord du royaume chérifien à l’exception de Tanger, zone internationale. L’apartheid sévissait en Afrique du Sud et une grande partie de l’Afrique dite francophone, Congo Kinshasa compris, n’était indépendante que sur le plan formel, l’ancienne puissance coloniale y maintenant une présence importante, et, exception faite de quelques-uns d’entre eux, une autorité sans partage.
Le Moyen-Orient, quant à lui, ne comptait que quelques pays indépendants: l’Egypte, la Syrie, l’Irak, l’Arabie Saoudite, le Koweït, la Jordanie et les deux Yémen (celui du nord, royaliste et pro-saoudien et celui du sud, républicain, progessiste et protégé par l’Egypte). Ce n’est qu’en 1975, en effet, que l’Angleterre consentit à se retirer du Golfe, après l’avoir saucissonné, balkanisé et morcelé en une demi-douzaine de principautés, certes florissantes puisqu’elles recèlent encore beaucoup de pétrole, mais incapables, jusqu’à l’heure actuelle, de faire leur mutation et de se projeter effectivement dans le siècle. Par ailleurs, l’Algérie avait à peine quelques années d’indépendance quand la guerre de juin 1967, entre l’Egypte et Israël, puissamment soutenu par les Etats-Unis, vint rappeler cruellement que la liberté était toujours menacée dans le monde arabe et que notre propre indépendance resterait incomplète tant qu’elle ne serait pas consolidée par le triomphe de la justice en faveur de nos frères palestiniens et de tous ceux qui se battaient encore dans le monde pour leur liberté et leur dignité, tels que les Vietnamiens, les Chinois, les Coréens, les Cubains ou les Africains encore colonisés.
Alger devint progressivement le centre nerveux et le quartier général international des mouvements de libération. Même les mouvements américains d’opposition (Black Panthers) ou hostiles à la poursuite de la guerre au Vietnam (Timothée Larry) avaient pignon sur rue à Alger. Et c’est ainsi que l’énergie et l’enthousiasme des diplomates militants algériens des premières années se mirent, en priorité absolue, au service de ces causes, dans tous les forums et parfois, jusqu’à la porte d’entrée des salles de négociations pour l’indépendance.
D’ailleurs, ce n’est pas un hasard, si c’est à Alger que furent conclus les accords entre les socialistes progressistes Portugais, qui venaient de chasser Salazar et les leaders des mouvements de libération des colonies portugaises africaines.
Ce fut, assurément, une grande époque de la diplomatie algérienne et probablement aussi la plus gratifiante et la plus généreuse, d’autant plus qu’elle était sincèrement fraternelle et désintéressée.
Quelques souvenirs émergent à l’évocation de cette époque. Parmi ces souvenirs, l’expulsion de l’Afrique du Sud, en 1973, de toutes les instances des Nations Unies, pour crime d’apartheid et l’appel historique de Arafat, brandissant un rameau d’olivier, à la tribune de l’Assemblée Générale que présidait M.Bouteflika, cette année-là, furent assurément des moments de grande émotion pour les Algériens et pour leur nombreux amis dans le monde.
Le Sommet des Non-Alignés à Alger en 1973, et celui de l’OPEP (en 1975), précédemment évoqués furent, tous les deux également, des moments historiques et une consécration solennelle des efforts et de l’engagement de l’Algérie aux côtés des plus faibles.
L’admission de la Chine Populaire aux Nations Unies, avec jouissance pleine et entière de tous ses droits, y compris un siège permanent et le droit de veto au Conseil de Sécurité, fut un autre exemple du triomphe de la détermination et de la clairvoyance de la diplomatie algérienne. Cette double vertu a contribué considérablement au succès de l’action diplomatique de l’Algérie pour le rétablissement de la Chine Populaire dans tous ses droits au sein des Nations Unies.
Pékin n’oubliera jamais cette solidarité. Washington non plus, mais en sens inverse. Pour les Etats-Unis, après ces revers cuisants de sa diplomatie, il fallait en effet, absolument distraire la diplomatie algérienne avec d’autres problèmes, au besoin en les créant de toutes pièces. L’affaire du Sahara Occidental fut la première grande opération de déstabilisation de l’Algérie de Boumédiène. Sans les encouragements et l’appui diplomatique, financier et matériel des Etats-Unis et des régimes féodaux arabes, Hassan II n’aurait jamais pu obtenir l’accord de Madrid ni oser défier l’Algérie et toute l’Afrique progressiste avec tant d’assurance.

BOUMEDIENE A LA TRIBUNE
DES NATIONS UNIES :

En vérité, cette exacerbation des Etats-Unis à l’endroit des «audaces impertinentes de la diplomatie algérienne « datent du Sommet des Non-Alignés de 1973 à Alger et du discours de Boumediène, l’année suivante, à la tribune des Nations Unies.
Après ce discours historique demandant une refonte des relations entre les nantis et les pauvres et un nouvel ordre économique international, le Président Boumediène et la délégation qui l’accompagnait ont été reçus à Washington par le Président Nixon, assisté de son secrétaire d’Etat, Henry Kissinger.
Au moment des adieux au pied de la passerelle de l’avion qui devait les conduire directement à Cuba (suprême provocation algérienne), le colonel Ahmed Bencherif, alors ministre de l’hydraulique et depuis longtemps confident écouté du Président Boumediène, m’apostropha en ces termes:
«Alors, j’espère que tu es content de la visite du Président et que ton travail ici va s’en trouver beaucoup facilité!
- Je l’espère aussi, Si Ahmed, lui répondis-je et j’espère surtout que cette visite nous donnera un répit de quelques années de plus, ne serait-ce que pour nous préparer à des lendemains difficiles avec les Américains».
Comme nombre de collègues, j’étais préoccupé par les réactions éventuelles des Américains contre nous, après leurs revers diplomatiques aux Nations Unies.
Un an après cette visite à Washington, éclatait l’affaire du Sahara Occidental. Trois ans plus tard, Boumediène disparaissait à jamais, laissant derrière lui une oeuvre inachevée, une Algérie en chantier, littéralement brisée dans son élan de démarrage.
On ne peut affirmer, preuves à l’appui, que la disparition de Boumediène soit imputable aux Américains ou à qui que ce soit, mais il est absolument incontestable qu’ils sont pour beaucoup dans l’affaire du Sahara Occidental, dans la tension dangereuse qu’elle a provoquée dans les relations algéro-marocaines ainsi que dans le sabotage ultérieur de toute solution.

LE MONDE A CHANGE

L’évocation de ces événements des premières décennies de l’indépendance n’est pas un rappel nostalgique, il n’est surtout pas une leçon quelconque pour les acteurs actuels. En fait, cette évocation n’a qu’un mérite: nous inviter, les uns et les autres, à mesurer le chemin parcouru et à faire le point . L’environnement international, les enjeux, le travail diplomatique, les objectifs et les méthodes ont changé pour tous les pays. Il est urgent que le nôtre s’adapte rapidement à ces bouleversements.
Bien plus que la liquidation du colonialisme, l’accès à l’indépendance en moins d’un demi-siècle de plus de cinquante Etats ou l’éclatement de l’empire soviétique, c’est la prépondérance de quelques puissances planétaires, en nombre très réduit et l’émergence d’une super-puissance unique qui sont les traits saillants de la diplomatie de ces débuts du troisième millénaire.

LA DIPLOMATIE DES AFFAIRES :

«Un seul objectif, faire des affaires» écrivait Georges Ross (1) dans le «Monde diplomatique» d’août 2000 et, précisant sa pensée, il ajoutait: «Où se traitent les affaires de ce monde? de moins en moins dans les chancelleries, et de plus en plus dans les grandes institutions multilatérales, en premier lieu l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), où les puissants s’ouvrent en force les débouchés de demain. Aussi les négociateurs à l’ancienne n’ont-ils plus d’autre rôle que celui de supplétifs des commis voyageurs de haut vol des banques et des multinationales. La frénésie du commerce, érigée par la mondialisation en principe d’organisation des sociétés, se substitue ainsi à la diplomatie d’antan. Avec des risques, aussi bien pour la cohésion interne des nations, que pour l’achèvement d’un ordre planétaire plus harmonieux».
Ce sont là des jugements qui peuvent paraître sévères et pessimistes. En fait, ils sont très réalistes. Nos pays sont bien placés pour s’en rendre compte tous les jours un peu plus, souvent sans possibilité pour eux d’en éviter les conséquences sur leur liberté de décision ni sur le développement de leurs peuples.
l’OMC n’est pas seule en cause. Le fonds monétaire international (FMI), le G8, la CNUSED et les rencontres de Davos ou du Mercosur ont aussi leur part de responsabilité dans le déplacement de la diplomatie vers «le démarchage commercial international» et l’apparition de nouveaux décideurs sur la scène diplomatique. Les multinationales, les banquiers, les gestionnaires des sociétés de change ou d’investissement et les conglomérats de communication poussent, de plus en plus, les diplomates hors de la table de négociation et occupent leur place.

L’EXPERIENCE DRAMATIQUE DE L’ALGERIE
AVEC DECIDEURS ETRANGERS :

Nos pays connaissent leurs méthodes. Aucune opération commerciale importante n’échappe à la vigilance et à la boulimie de ces décideurs étrangers. Souvent au détriment de nos économies nationales et de la stabilité de nos Etats.
En voici un exemple particulièrement éprouvant, vécu par l’Algérie :
En 1978, à la mort du Président Houari Boumediene, les réserves de change du trésor algérien se montaient à quelques quatorze milliards de dollars. En moins de dix ans, Chadli et ses trois gouvernements successifs ont vidé ce trésor et consommé, de surcroît, toutes les ressources pétrolières de cette période (le baril à 40 $). Ils ont, en plus, procédé à des emprunts sur le marché international, si importants que les créances de l’Algérie, au départ de Chadli, se montaient à 26 milliards de dollars (2). Le pays était littéralement ruiné.
Ecrasé par le poids et le service de la dette, le gouvernement Hamrouche demanda conseil, aide et assistance à la Banque Mondiale et au fonds monétaire international. Tous les deux répondirent rapidement à son SOS et lui recommandèrent :
- de rééchelonner la dette extérieure,
- de dévaluer le dinar en le réduisant à moins du dixième de sa valeur (auparavant, 1 DA valait 1.20 FF; à la suite de la dévaluation, il fallait 10 dinars pour obtenir 1FF!).
- de bloquer les salaires et les recrutements dans les administrations et les entreprises nationales.
- de mettre des entreprises industrielles ou commerciales publiques en liquidation et de confier (suprême aberration) toutes les importations de l’Algérie en exclusivité à une firme française pour sélectionner les fournisseurs de tous les produits et les équipements dont elle avait besoin, prétendument sur la base des critères qualité/prix.
Une OPA gigantesque, pour ne pas dire la main basse sur toute l’Algérie, était ainsi donnée à des requins étrangers, sous la direction personnelle et tatillonne de M. Hidouci, notre ministre de l’économie nationale.
C’était l’époque où le Gouvernement américain et le FMI, (un des outils les plus dociles de sa politique financière internationale d’assistance aux clients et de déstabilisation des autres) recommandait à tous les pays en difficulté, comme nous, de changer immédiatement de stratégie en libérant le marché et en liquidant les entreprises publiques. C’est ce que les théoriciens américains ont appelé le «coupe-feu».

LE FMI, POMPIER-PYROMANE

Les conséquences de cet immense bradage d’actifs nationaux dévalués en catastrophe au profit d’hommes d’affaires nationaux ou étrangers prédateurs, la fuite des capitaux vers d’autres cieux plus sereins (30 milliards de dollars appartenant à des Algériens seraient encore camouflés dans des banques étrangères) la panique économique et sociale qui a saisi le pays et les événements d’octobre 1988 firent le lit du FIS et de sa prise de pouvoir, d’abord sur les mairies, ensuite sur l’assemblée nationale, lors du premier tour des élections législatives de 1991.
Ainsi, le «coupe-feu», mis en oeuvre par le FMI pour juguler la crise chez nous, s’est révélé une catastrophe nationale d’une ampleur telle que presque toute l’économie nationale et toutes les forces vives de la nation ont été gravement atteintes. Le pays ne s’en est pas tout à fait relevé.
Apparemment, cette opération «coupe-feu» n’était qu’une première phase d’un plan, ou plutôt d’un complot international ourdi entre des capitales occidentales et quelques capitales arabes, toutes inquiètes de l’ascendant que prenait la diplomatie algérienne, complot en vue de déstabiliser l’Algérie avec l’objectif de l’éliminer de la scène internationale.
La seconde phase de ce complot furent les manifestations violentes d’octobre 1988 du ras-le-bol populaire, la paralysie d’un FLN hors-jeu et l’émergence, en quelques mois à peine, d’un FIS sûr de lui, démagogue et conquérant. Conséquence troublante : au moment même où le FIS se préparait à prendre le pouvoir en Algérie, par la voie des urnes, des jeunes Algériens, en grand nombre, prenaient le chemin de l’Afghanistan, via l’Arabie Saoudite et à ses frais, soit-disant pour participer au djihad de la libération de ce pays musulman, de l’occupation communiste impie qu’il subissait. En fait, la plupart sont restés à la frontière pakistano-afghane, dans les camps de peshawar, où des «experts» américains et non-américains les ont endoctrinés et préparés, pendant des mois, au terrorisme et la guérilla.
Le report sine die du second tour des élections législatives a été l’étincelle qui a mis le feu au brasier algérien et donné le signal de la troisième phase, celle de la ruine de toute l’Algérie et de son élimination de la scène internationale.
Quoi qu’il en soit, d’autres pays émergents ont subi cet électrochoc du FMI. Le Brésil, le Mexique, l’Indonésie, Singapour et depuis peu l’Argentine, savent ce qu’il en coûte de confier son destin aux seules lois du marché et aux décideurs étrangers. Les conséquences tragiques de l’exploitation de nos richesses sans contrepartie pour notre devenir et la gestion catastrophique de notre économie, par des étrangers anonymes, nous ont tellement affaiblis que la mondialisation nous paraît, à première vue, comme une aventure porteuse d’espoirs. Pourtant, il n’en est rien.

LES NOUVEAUX DECIDEURS
DE LA SCENE INTERNATIONALE

En effet, les feux de la rampe de la scène internationale nous révèlent, tous les jours, de nouveaux venus, autrefois invisibles dans l’ombre. Ce sont des banquiers centraux, des hauts fonctionnaires des ministères des finances, du commerce ou de l’Agriculture. Ce sont, également, des représentants de firmes internationales ou de conglomérats de la communication. Certes, il se plient de bonne grâce aux usages diplomatiques et camouflent savamment leur férocité derrière les principes de progrès universel, de développement du tiers monde, de lutte contre l’injustice et la misère. Ils invoquent, souvent aussi, effrontément et sans sourciller, la paix, la démocratie et la liberté des peuples.
Les affaires, la prépondérance de la loi du marché, la suppression progressive de nos barrières douanières, des contingentements et des mesures protectrices de nos jeunes économies nationales, inexpérimentées et fragiles, ont constitué, ces dernières décennies, un axe privilégié de la nouvelle diplomatie des pays nantis entre eux d’abord et à notre endroit ensuite. Les principes directeurs de la mondialisation sont nés de la doctrine, selon laquelle, le marché est un stimulant de la compétition et du progrés et un facteur de développemnt et de meilleure gouvernance.

L’APPAUVRISSEMENT DU TIERS MONDE
L’ABSORPTION DU SECTEUR D’ETAT
PAR LES ENTREPRISES PRIVEES

L’absorption du secteur économique public (industrie, commerce extérieur et intérieur, tourisme, transport, banques et assurances) devenu ingérable, a conduit à des séismes dans tous nos pays.
Il en est résulté une aggravation certaine du déséquilibre entre les pays du Nord et ceux du Sud, ainsi qu’une dépendance de ces derniers, beaucoup plus accentuée que par le passé. Il ne s’agit plus, en effet, d’interdépendance, de coopération et de partenariat, mais de véritables liens de dépendance entre ceux qui ont tout et ceux qui n’ont plus rien, seuls échappent à cette dépendance totale, les pays du tiers monde qui disposent encore de ressources susceptibles d’intéresser des investisseurs du Nord (énergie et minerais notamment). Pour les autres pays du tiers monde, les choix et les options sont limités.
A ce propos, il faut souligner que même les pays qui avaient quelques ressources naturelles, au début de leur indépendance, ont laissé faire les prédateurs. Ils sont maintenant ruinés. Ainsi, les forêts gigantesques de l’Afrique occidentale et de l’Afrique équatoriale ont été saccagées par les forestiers européens, avides de gains substantiels et rapides, mais peu soucieux de replanter et de préserver les richesses de ces pays.
Quant à ceux qui disposaient d’une matière première recherchée (exemples: cuivre au Zaïre, uranium au Niger, bauxite en Guinée et diamants au Sierra Leone), la confiance mise, par les dirigeants de ces pays frères, dans leurs partenaires étrangers n’a d’égale que la trahison et l’escroquerie monumentales dont ils ont été victimes. Même les richesses halieutiques considérables des côtes de certains pays africains ont été littéralement anéanties par des bateaux-usines qui aspiraient et saccageaient tout sur leur passage.
Pourtant, très souvent, ces bateaux relevaient de la marine de pêche de pays qui se disaient proches des africains et défenseurs attitrés de leurs intérêts. A cet égard, l’exemple des bateaux de pêche russes le long des côtes de l’Angola est à méditer.

LA MONDIALISATION,
UN ESPOIR VITE DEÇU

Les coupe-feux de toutes sortes et l’exploitation effrénée de nos richesses n’ont fait qu’aggraver davantage les difficultés des pays du tiers monde. Ils sont tellement faibles maintenant que la mondialisation leur a paru, un moment, comme une aventure prometteuse.
En vérité, on est presque sûr de son résultat final maintenant, d’autant plus que les conséquences qui apparaissent déjà n’invitent pas à l’optimisme. Parmi ces conséquences, il y a lieu de relever:
- L’émergence de nouveaux systèmes d’interdépendance globale tels que le G8, le marché commun européen ou l’organisation mondiale du commerce. Cette interdépendance globale limite sérieusement la capacité de nos gouvernements à conduire les affaires de nos pays selon le souhait des citoyens. Par contre, elle leur impose des choix décidés ailleurs.
- La conviction des décideurs étrangers, selon laquelle il faut laisser, de moins en moins, de pouvoir aux politiques en matière de gestion économique. Or, dans nos pays, les décisions économiques sont, d’abord et avant tout, des choix de politiques.
Il y a lieu de souligner également, le rôle que jouent désormais des élites cosmopolites, acquises corps et âme à la mondialisation, coupées de leurs sociétés d’origine et profondément convaincues qu’elles travaillent pour notre bonheur et notre prospérité. En outre, ces élites (dont certaines sont des produits du tiers monde) ignorent la détresse de nos gouvernements devant l’inanité du choix qui leur est laissé.
On peut épiloguer indéfiniment sur les conséquences de la globalisation sur les pays du tiers monde. Certains dysfonctionnements font déjà des ravages. Ils préoccupent de plus en plus nos gouvernements. Il s’agit, tout particulièrement, de la déculturation de nos masses. Elle ébranle notre équilibre social, nos traditions ainsi que les vertus que nos peuples ont héritées des siècles passés. A la place de ces valeurs, des rêves insensés, alimentés, jour et nuit, par des images et des sons venus d’ailleurs, désarçonnent la jeunesse de nos pays et leur font croire que le bonheur, la «belle vie» et la liberté ne sont absolument plus possibles chez nous.
A la restauration de nos indépendances, nos dirigeants, nos cadres et nos masses ont été plus ou moins animés par la volonté de développer le pays. Cette volonté est devenue dans certains pays, comme le nôtre jusqu’à 1980, une véritable idéologie populaire, d’autant plus que ce développement ne se limitait pas à l’économique mais s’étendait également au social et au culturel. L’éducation gratuite, obligatoire et généralisée, la formation des cadres, en grand nombre et à marche forcée, sont quelques facettes positives de cet effort national du développement. Le dynamisme et la volonté qui animaient alors, cet élan populaire font place, même chez nous maintenant, à la démobilisation, au doute, et souvent au désarroi et à la violence. Certes, la cause principale en est que l’espoir a fait place au doute et à la démobilisation des énergies. Nos peuples subissent le matraquage audiovisuel des empires de l’argent et les outrances de toutes sortes introduites jusque dans nos foyers (parabole oblige), avec la même passivité qu’à Stockholm ou à Genève. Avec cette différence, que nos masses fragiles et mal préparées à ces agressions et à ces outrances, sont incapables de se méfier du poison qu’on leur distille à domicile jusqu’à en faire de véritables drogués.

LA DESINFORMATION
ET LE MATRAQUAGE MEDIATIQUES

La désinformation et le matraquage médiatiques sont également devenus des moyens de conquête. Ce sont encore des lobbies ou des conglomérats de la communication qui élaborent et diffusent les programmes d’action psychologique, d’abord en direction de leur propre opinion publique en vue de la mobiliser pour des combats douteux, ensuite en direction des autres pays et des autres consommateurs, y compris les prochaines victimes. Les résultats de ce matraquage médiatique sont indiscutables puisqu’on réussit à nous convaincre que le bourreau n’est qu’un justicier vertueux et que la victime n’est qu’un hors-la-loi (exemple: l’Irak, la Palestine). Cette propagande, puisqu’il faut l’appeler ainsi, a pour méthodes, le camouflage, les demi-vérités ainsi que le faux, l’usage du faux et la calomnie la plus monstrueuse. «Mentez, mentez, répétait Goebels, le grand maître de la propagande du IIIème Reich, il en restera toujours quelque chose».
Or, ce petit «quelque chose» suffit maintenant pour nous faire perdre toute faculté d’analyse et de discernement. Finalement, nous nous laissons persuader que nos frères sont des «voyous», que leurs bourreaux sont des bienfaiteurs de l’humanité et que le terrorisme d’Etat n’existe pas.

QUELLE RESISTANCE OPPOSER
A CET IMPERIALISME
DU TROISIEME MILLENAIRE ?

Rarement, l’intervention intelligente de la diplomatie n’aura été autant nécessaire que de nos jours. Le monde, en effet, n’a jamais été l’objet d’une menace aussi précise ni aussi imminente de domination planétaire par une seule grande puissance. A côté de ce qu’on nous prépare, l’ex-empire colonial britannique ou l’ex-empire colonial français sont des légendes puériles.
Les pays du tiers monde, fragilisés à l’extrême, sans force et sans armes, constituent des proies faciles. On les intimide sans difficulté, rien qu’en les menaçant de les priver des quelques sacs de farine qu’on leur donne encore. En plus, on leur montre, images à l’appui, que tous ceux qui ont osé s’opposer à la mondialisation en marche, ont connu de graves difficultés (cas de l’Algérie).
A cet égard, l’affaire du Sahara occidental et la question du Cachemire sont deux exemples à méditer parce que toutes les deux bloquent des puissances émergentes et leur interdisent, de se réconcilier et de travailler ensemble à l’épanouissement de leurs peuples. Ces problèmes restent donc en l’état, sans solution, obligeant souvent les pays intéressés à recourir à la protection, voire à l’assistance politique, militaire et financière des grandes puissances et de leur «harkis». D’autres pays du tiers monde sont également privés de liberté de réaction. Il s’agit le plus souvent de pays dirigés par des chefs d’Etat ou des équipes maintenus au pouvoir par des puissances étrangères dont ils servent docilement les intérêts économiques et stratégiques.
Un journaliste arabe de renom, écrivait récemment: «certains pays arabes font, tous les jours, acte d’allégeance à l’oncle Sam.
Ne réagissant devant aucun de ses excès, même contre leurs frères, ils n’hésitent pas cependant à invoquer continuellement la fraternité arabe, la solidarité musulmane et la volonté d’Allah».

QUE PEUT FAIRE LA DIPLOMATIE ALGERIENNE
DANS CETTE CONJONCTURE?

La diplomatie, on le sait, est l’art de défendre et de promouvoir les intérêts du pays, de cultiver des relations fécondes avec les autres Etats et d’oeuvrer au triomphe de la justice et de la paix entre les peuples. Quand les passions sont déchainées et que les hommes deviennent vraiment déraisonnables, sa mission est d’oeuvrer à les cantonner dans les limites du tolérable, d’éviter l’irréparable et, sans plus tarder, à participer à toute entreprise de bonne volonté destinée à préparer le retour à la paix et à la sérénité entre les nations en conflit.
A cet effet, nous l’avons vu, les éclairages, les bulletins de la météo diplomatique internationale, constamment corrigés, mis à jour, précisés et enrichis, les analyses, les comptes rendus d’observations et de contacts à travers le monde alimentent la réflexion des politiques et les aident à mieux suivre les événements. Ils les aident également à pévoir leur évolution potentielle, à prendre les mesures préventives nécessaires, en un mot, à définir la stratégie diplomatique du pays.
Le pouvoir politique assume mieux sont rôle quand il dispose de l’information au moment opportun. A condition évidement, que cette information soit fiable (1). C’est dire la nécessité de perfectionner constamment nos structures diplomatiques pour les adapter aux exigences de l’heure et les préparer aux turbulences qui s’annoncent à l’horizon.
La question maintenant est de savoir quelles réformes faut-il apporter aux structures de l’outil diplomatique et plus précisément quels moyens matériels et humains faut-il préparer et mettre progressivement en oeuvre en vue de faire face aux défis de la diplomatie du troisième millénaire.
Le reste, c’est-à-dire, la définition de la politique étrangère, de ses choix, de ses orientations et de ses champs d’action est l’affaire du pouvoir politique. En tout état de cause, l’appreil doit être prêt pour mettre cette politique étrangère en oeuvre, quelle qu’elle soit.

LES FONDEMENTS DE LA DIPLOMATIE ALGERIENNE:

1- Consolidation de l’indépendance et de la souveraineté nationales:
On sait dans quelles conditions l’Algérie a accédé à l’indépendance, la lutte héroïque de tout son peuple et des sacrifices. On sait l’attachement des algériens à leurs traditions de justice, leur résistance à l’oppression et leur esprit de solidarité. Dès lors, il était absolument normal que la lutte menée sur le plan intérieur d’abord, pour se libérer de l’occupant étranger et ensuite pour consolider l’indépendance fraichement arrachée, marquât d’une empreinte indélébile, dès le début, la politique étrangère du pays et contribuât, d’une manière décisive, à orienter ses actions extérieures qui trouvaient ainsi, dans les efforts déployés à l’intérieur et dans leurs succés, une inspiration et une justification profondes et enrichissantes sur le plan extérieur.
La politique étrangère de l’Algérie se présente donc, et avant tout, comme un reflet fidèle de la politique intérieure du pays et comme le prolongement de cette dernière. Ce faisant, elle a échappé, très tôt, aux tentations faciles d’une politique de faux prestige et de fuite en avant qui, hormis son caractère spéctaculaire n’a pas trop souvent de grand que sa vanité et son incohérence.
Ainsi, les mêmes options et les mêmes objectifs animent la politique intérieure du pays aussi bien que sa politique extérieure, ni l’une ni l’autre ne pouvant s’accomoder des hypothèses, tolérer les pressions extérieures ou demeurer dépendantes des intérêts qui n’étaient pas d’abord les siens. Politiques assurément contraignantes, elles exigent une mobilisation constante et dynamique, tant il est vrai que tout résultat intérieur, que ce soit sur le plan des récupérations des richesses nationales, de la promotion des hommes ou de l’élaboration d’une stratégie de développement authentiquement nationale ne peut être considéré comme virtuellement réalisé que s’il est consolidé par des acquis analogues à l’extérieur par le pays lui-même et par d’autres qui, comme lui, ont choisi le chemin de la décolonisation totale.

2- La non-immixtion dans les affaires intérieures des autres Etats:
C’est donc cette lutte, sans cesse renouvelée et jamais achevée, pour la réalisation concrète de l’indépendance nationale à l’intérieure comme à l’extérieure, qui constitue le second fondement de la politique étrangère de l’Algérie. Puisant sa force et son originalité dans l’intensité et l’originalité révolutionnaires de son peuple, elle oeuvre sans relâche pour le respect de sa souveraineté et la non-immixtion dans ses affaires intérieures. Ce refus des immixtions étrangères dans ses affaires intérieures suppose un corollaire qui est la non-ingérence de la part de l’Algérie dans les affaires intérieures et extérieures des autres et le respect de leur intégrité territoriale. Ce corollaire, l’Algérie non seulement s’en réclamait, mais encore, veillait scrupuleusement à son application constante. Elle savait qu’elle menait chez elle une politique socialiste qui pouvait plaire à certains et déplaire à d’autres. Aux premiers, elle offrait honnêtement l’exemple de sa constance dans l’effort, de la mobilisation de ses masses et de l’union de son peuple et de ses dirigeants dans la réalisation progressive des idéaux de la révolution. Aux autres, c’est-à-dire ceux qui pouvaient prendre ombrage de ses opinions, elle répétait inlassablement que les révolutions ne s’exportaient pas, tant elle était convaincue que le devenir des peuples, leurs options intérieures sur le plan social, leur approche des problèmes du développement économique, social ou culturel relevaient uniquement des choix de ces peuples, de leurs traditions et de leur volonté. Ce souci majeur de non-immixtion dans les affaires des autres est, estiment les dirigeants de notre pays, le moyen le plus sûr et le plus sain, pour instaurer un climat de confiance, de respect mutuel et de coopération bénéfique pour tous, avec tous les pays. On comprend mieux, dès lors, pourquoi l’amitié avec tous les peuples du tiers monde et ses deux corollaires, la solidarité et la coopération, puissent constituer pour l’Algérie le troisième principe directeur de sa politique étrangère.
«Nous vivons dans un monde où, très schématiquement et au-delà des diversités idéologiques, il n’y a surtout que de graves inégalités à redresser entre le Nord et le Sud. Les riches du Nord tentent obstinément de rester riches pendant que les pauvres du Sud s’acharnent désespérément à ne pas rester pauvres. L’Algérie, malgré le travail de ses enfants et en dépit des succès remportés, demeure dans le camp des seconds. C’est dire son devoir et, compte tenu de son passé récent et de ses options, l’étendue et la sincérité de son engagement dans le cadre du tiers monde, en faveur de toutes les causes justes, quel que soit le continent où elles se manifestent et quelle que soit la couleur de la peau de ceux qui luttent pour ces causes justes qui ont pour nom décolonisation, libération nationale et résistance aux entreprises à caractère impérialiste.

Le choix difficile entre l’idéal révolutionnaire et les intérêts égoïstes:
Ces trois principes fondamentaux de la politique étrangère de l’Algérie: souveraineté nationale et intégrité territoriale, non-ingérence dans les affaires intérieures et solidarité avec toutes les causes justes du tiers monde, constituaient assurément un cadre très sévère pour l’action extérieure. Ils ne laissaient la porte ouverte ni à l’improvisation ni aux compromissions et imposaient un choix, à première vue, impossible entre la politique des intérêts et des moyens et la politique des principes et de l’idéal. Mais si la voie était étroite, elle avait au moins la vertu, en ce qui concerne l’Algérie, d’être claire et délibérément choisie et soutenue par tout un peuple.
Et si son mérite ne devait se limiter qu’à cette vertu de la clarté, de la volonté populaire et de l’attachement aux principes sans lesquels rien de durable ne peut être entrepris, c’était, à lui seul, un sujet de satisfaction et de réconfort dans un monde où on enseignait que seule la politique des intérêts immédiats vaut la peine d’être tentée.

L’édification du Maghreb
Cependant, l’Algérie ne s’est pas consacrée uniquement, pendant ces longues années, à apurer le contentieux qu’elle avait avec la France. Très tôt, en effet, elle a accordé une attention particulière et soutenue à l’instauration des rapports fraternels et féconds avec les pays voisins.
On sait l’héritage colonial en matière de frontières. On sait aussi les soucis de dirigeants africains de s’en tenir à cet héritage non pas parce qu’il favorise les uns ou désavantage les autres, mais tout simplement parce que sa remise en cause entraînerait des conséquences d’instabilité extrêmement dangereuses pour l’ensemble du continent. Ayant apuré les contentieux frontaliers avec la Tunisie et le Maroc par les accords Boumédiène-Bourguiba de 1970 et les accords Boumédiène-Hassan II de 1972, la politique maghrébine de l’Algérie, placée sous le sceau de la clarté, orientée non plus vers le passé pour en déterrer de vaines gloires mais résolument vers l’avenir et ses espérances concrètes, s’est efforcée de mettre un terme aux contradictions qui pouvaient nous empêcher d’édifier, avec nos voisins, l’ensemble maghrébin cohérent qui commande notre destin.
A l’heure où des ensembles se construisaient un peu partout à travers le monde, où la recherche de coexistence de régimes différents offre le spectacle de résultats encourageants, il nous a toujours apparu clairement que les fils d’un même peuple ont le devoir de ne considérer que l’avenir, de ne retenir de leur passé commun que les facteurs d’unité et de veiller jalousement à la stabilité de leur région pour y atténuer les risques de pénétration étrangère et la tenir à l’écart des affrontements mondiaux.

Au cours de la visite officielle qu’il a effectuée au Maroc, au début de janvier 1969, le regretté Président Boumédiène déclarait solennellement à ce sujet: «Nos espoirs et nos peines sont les mêmes, la nature des relations qui devraient s’établir entre nous et qui se consolident et se renforcent chaque jour davantage, en font des rapports particuliers, des rapports exceptionnels et privilégiés qui s’harmonisent avec l’unité de notre Maghreb plus qu’ils ne répondent à des calculs précis que peuvent se permettre, peut-être, deux pays que tout différencie et dont les facteurs de clivage s’avèrent plus forts que les données du rassemblement et de l’union harmonieuse. Au risque de nous répéter, nous disons, encore une fois, que ce sont les impératifs du présent qui nous imposent, au lendemain du recouvrement de notre indépendance, des tâches nouvelles non moins ardues que celle de la lutte libératrice commune dont nous sommes sortis victorieux, ayant atteint le but que nous nous étions impartis alors et qui consistait à libérer notre territoire et notre peuple, à lui rendre sa dignité, sa grandeur et son honneur».
Au demeurant, le Maghreb arabe sera édifié un jour ou l’autre au-delà des sentiments de fraternité et d’amitié qui animent cette quête constante de l’unité, notre intérêt commun nous la dicte.
Certes, les problèmes sont nombreux et l’esprit individualiste peut opposer parfois une résistance obstinée à tous les arguments du bon sens et de la raison. Mais rien de fondamental ne devrait nous séparer, même pas la question du Sahara Occidental qui finira, un jour ou l’autre, par trouver une solution satisfaisante pour le Maroc comme pour les Sahraouis.
En attendant, des réalisation importantes pour le devenir de nos peuples restent dans les cartons et le Maghreb reste aussi un rêve inassouvi. La situation au Moyen-Orient nous impose un devoir de solidarité active que l’Algérie, pour sa part, a toujours assumé avec constance et vigilance. «Cependant, le Maghreb arabe, ou l’idée du Maghreb arabe, disait Boumédiène, quelques années avant sa mort, ne nous conduira pas pour autant, loin s’en faut, au repli sur soi et à l’isolement. Nous avons les yeux tournés vers notre monde arabe, conscients que ses problèmes, ses actions, ses souffrances et blessures sont les nôtres. Nous n’oublierons jamais que nos frères dans le monde arabe étaient à nos côtés pendant la dure épreuve que nous avons traversée et que leur attention était fixée sur l’Algérie en révolution. Aujourd’hui, nos frères en Orient vivent des moments difficiles et font face aux graves problèmes de l’occupation».
En tant qu’Arabes, c’est en effet au Moyen-Orient que notre avenir a semblé un moment menacé par un corps étranger à la région, «expansionniste et dominateur», tirant toutes ses forces de l’extérieur, bénéficiant longtemps d’appuis et de ramifications à travers le monde entier et servant habilement les intérêts de l’impérialisme dans une région convoitée pour ses énormes réserves et sa position stratégique. Dès lors, l’Algérie se devait d’apporter un concours sans limite à toutes les formes de lutte authentique contre l’agression et l’occupation étrangères dont ses frères du Moyen-Orient étaient victimes. Elle l’a fait, on le sait, d’une manière constante et totale. Il est inopportun et peut-être même de mauvais aloi de m’étendre ici sur l’importance de cette aide, sur ces formes multiples et sur les conséquences heureuses que les initiatives de l’Algérie ont pu avoir un moment sur l’isolement de l’agresseur, le sort des armes et les résultats de la bataille politique et économique qui a accompagné, suivi et complété les acquis des combats sur le terrain. L’Algérie demeure vigilante.
Avec la rigueur militante qui a toujours caractérisé son approche des problèmes de décolonisation, et le problème du Moyen-Orient se pose pour nous en termes de décolonisation, elle continuera à lutter de toutes ses forces pour que le peuple palestinien «si cher à nos coeurs» retrouve tous ses droits, pour que tous les territoires arabes occupés soient restitués et pour que nous puissions, un jour, aller prier à Jérusalem.

La coopération arabo-africaine:
L’Algérie arabe est également africaine. Aussi, sa politique africaine est-elle une des constances de sa politique africaine. Tout observateur peut relever au moins trois dominantes principales: le soutien à la lutte contre le colonialisme et l’apartheid, l’effort concentré pour la coopération et la solidarité au sein du continent et l’action en vue d’une union africaine dynamique, constructive et audacieuse.
Prenant prétexte de notre soutien inconditionnel et matériellement engagé, Alger n’est-elle pas la capitale de tout mouvement de libération africaine, d’aucuns qualifient notre politique africaine de radicale. Bien que ce qualificatif ne soit jamais apprécié par les diplomates, nous osons nous en réclamer, lorsqu’il s’agit de soutenir par tous les moyens nos frères africains dans leur lutte pour recouvrer leur indépendance nationale et leur dignité d’hommes. «Nous sommes, disait le Président Nkrumah, les architectes de notre propre destin». Ce destin, l’Algérie le souhaite ardemment commun à l’Afrique et au monde arabe. L’Afrique aussi bien que le monde, ont montré, chacun dans sa sphère et selon ses données propres, qu’ils étaient en mesure de réaliser des objectifs historiques, tels que leur décolonisation et leur unité, objectifs qui paraissaient, il y a moins de quelques décennies, difficilement réalisables.
L’Algérie fidèle à sa doctrine et à son passé, convaincue que de petits pays peuvent faire de grandes choses ensemble, continuera d’apporter son soutien à cette entreprise historique. Sa contribution, depuis son accession à l’indépendance, à la prise de conscience des intérêts suprêmes de nos peuples, le désintéressement dont elle n’a cessé de faire preuve, la confiance placée en elle et jamais démentie, en font qu’elle est considérée souvent comme un agent catalyseur des bonnes énergies, un intermédiaire de bonne foi et un moteur infatigable de la compréhension, de l’amitié et de la coopération entre le monde arabe et notre continent.
Cette coopération arabo-africaine que l’Algérie n’a cessé d’encourager a besoin, cela va sans dire, d’être assise sur des bases saines et claires pour durer et prospérer. Elle ne saurait, en effet, être considérée ni comme une récompense au soutien que l’Afrique a apporté au monde arabe, lors de la guerre d’octobre 1973, ni comme une aumône de riches à des frères méritants. Cette coopération est d’abord, estime l’Algérie, un acte de foi et de solidarité, donc un devoir. Plus que l’ampleur de l’aide qu’elle a pu accorder à certains, ou le volume de la coopération qu’elle a su instaurer avec un grand nombre d’Etats africains, c’est peut-être la sincérité de ses intentions, la constance de ses efforts autant que la rigueur de ses principes qui valent à notre pays l’estime et la confiance dont il jouit dans le continent. C’est-là un capital énorme qu’il entend cultiver et faire fructifier dans l’intérêt de nos peuples et des générations futures.

L’Algérie et le Mouvement des non-Alignés
C’est dire le souci de l’Algérie, à l’instar de celui qui anime tous nos pays, en ce qui concerne la préservation de ce front africain et sa volonté d’éviter à notre continent, à tout prix, des épreuves qui pourraient nous diviser dangereusement et par là affaiblir les rangs du tiers-monde, à la veille même des grandes batailles qui se dessinent à l’horizon, pour l’instauration d’un ordre économique nouveau.
Depuis quelques années, le non-alignement a pris un nouveau départ. A Alger, en septembre 1973, lors de la conférence au sommet des non-alignés, ces états généraux historiques du tiers monde, il a précisé sa doctrine économique en lui donnant des objectifs concrets qui ont pour noms: nouvel ordre économique mondial, matières premières et développement. Sa stratégie bénéficie, désormais, du soutien de tous les pays membres et son programme d’action, tel que celui que le Président Boumédiène a exposé, au nom de l’humanité déshéritée, à la tribune des Nations unies, en avril 1974, nous offre désormais la base et les moyens d’une action qui vient à peine de commencer.
Pour l’Algérie, en effet, dont le non-alignement constitue le corollaire de l’indépendance nationale véritable et qui connaît sur ses rives méditerranéennes notamment «les menaces que l’antagonisme des deux blocs a longtemps fait peser sur l’équilibre et la paix dans le monde, l’extension continue des zones d’influence, de l’un ou de l’autre bloc, au détriment des jeunes Etats nouvellement indépendants, constitue une menace permanente à l’indépendance nationale de ces jeunes Etats». Le non-alignement devait être le couronnement de notre indépendance nationale.
«La politique de non-alignement, disait M. Bouteflika, en plus qu’elle constitue pour nous le couronnement de l’indépendance nationale, renforcera sans cesse notre détermination à nous opposer à toutes les formes d’hégémonie des grands et principalement notre engagement dans la voie anti-colonialiste et anti-impérialiste. Notre pays poursuivra la lutte pour une transformation qualificative des relations internationales, car notre conviction est faite que la responsabilité dans les affaires mondiales doit cesser de constituer l’apanage des superpuissances qui continuent à avoir la prétention de décider et de gérer pour le reste du monde».
Cette transformation qualitative des relations internationales, l’Algérie la veut, tout autant, dans un partage juste et équitable des responsabilités et dans la reconversion des institutions internationales, dans le sens de la démocratisation et l’universalité, que dans l’instauration de nouvelles relations économiques internationales, susceptibles de mettre un terme à l’exploitation injuste de nos matières premières et de nous donner, enfin, les moyens de promotions dont nous avons besoin. Le non-alignement est, faut-il le rappeler, politique aussi bien qu’économique, les deux volets de l’engagement se complétant et se soutenant. On l’a vu au cours des grandes assises internationales récentes où les voix du tiers-monde ont pesé, grâce à la force de leur unanimité sur toutes les grandes décisions qui préparent notre destin commun.
Mais que ces succès ne nous grisent pas. Le chemin sera long, très long probablement avant que les mentalités de nos partenaires industrialisés ne se convertissent réellement. Tout permet de penser, en effet, que les tentatives de division, les menaces et les pressions se multiplieront au fur et à mesure que nous approcherons de l’heure de vérité, c’est-à-dire, du moment où les pays industrialisées, renonçant enfin à des conceptions et à des dessins surannés, accepteront sincèrement une concertation globale à laquelle le tiers-monde ne cesse de les inviter.

L’Algérie en faveur de rapports nouveaux et féconds avec l’Europe:
Au nord de l’Algérie, de l’autre côté de la Méditerranée, se trouve l’Europe avec laquelle des relations particulières se sont tissées sur le plan humain, comme sur celui des échanges économiques, des mutations, estime l’Algérie, sont nécessaires.
Ces mutations supposent, sur le plan bilatéral, l’instauration de rapports nouveaux entre le marché commun et nous, rapports nouveaux auxquels l’Algérie n’a cessé d’oeuvrer depuis son accession à l’indépendance. Elles supposent aussi qu’une grande considération soit accordée, par l’Europe, aux soucis des pays du sud de la Méditerranée, concernant les dangers d’instabilité et de conflits auxquels leur région est exposée du fait de la présence de flottes et de bases navales étrangères en Méditerranée. Sur le plan global, c’est-à-dire celui des nouveaux rapports qui doivent exister désormais entre le tiers-monde et les pays industrialisés, le choix de l’Europe est clair. Au moment où les chances d’un dialogue avec le monde arabe, avec l’Afrique et peut-être un jour prochain, avec les deux ensembles, laissent entrevoir pour le génie créateur de l’Europe, des possibilités considérables et entièrement nouvelles qui pourraient mettre définitivement son économie et sa stabilité à l’abri des incertitudes du lendemain, il semble qu’il est, pour le moins, contraire à ses intérêts de continuer à observer une attitude figée et stérile devant les bouleversements que connaît le monde.
Le tiers-monde, quant à lui, a choisi délibérément la concertation et le dialogue. Jusqu’à présent, c’est à un dialogue de sourds que nous assistons puisqu’on nous demande rien moins que de sacrifier l’une des raisons d’être de la renaissance du Mouvement du tiers-monde, c’est-à-dire le développement de nos pays et la revalorisation de nos matières premières, pour ne discuter que d’un produit, l’énergie dont les pays industrialisés ont besoin comme si «deux degrés de température de moins dans leurs appartements, en hiver, avaient quelque chose de commun avec le sous-développement et la misère physiologique et culturelle qui sévissent dans grand nombre de nos pays» et comme si tous les maux sociaux et économiques dont souffrent nos peuples, à cause même de l’exploitation injuste dont nos autres matières sont l’objet, avaient une quelconque commune mesure avec les sacrifices qu’un peu moins de luxe, un peu moins de gaspillage et un peu moins de confort pourraient leur imposer.
L’Algérie est un pays révolutionnaire qui s’efforce, avec constance et détermination, de façonner pour son peuple, patiemment et à sa manière, un socialisme spécifique et un avenir économique, culturel et de demeurer constamment mobilisé, à l’intérieur comme à l’extérieur, tant il est vrai qu’à partir d’un certain seuil, la lutte n’offre d’autre privilège que celui de continuer . Elle a également besoin de bénéficier des bienfaits de la paix et de la stabilité.
A travers quelques champs d’application que nous avons examinés, nous voyons que la politique étrangère que l’Algérie mène est une politique difficile car le neutralisme qu’elle implique n’est ni absence d’opinion, ni bienveillance passive. Le neutralisme pour l’Algérie est une ligne de conduite rigoureuse qui exige d’abord et avant tout un engagement inconditionnel en faveur de toutes les causes justes, partout et toujours.
«Complètement tourné vers l’avenir, délivré de tous ses complexes par sa contribution au mouvement de renaissance qui a secoué les pays jeunes, affranchis de la tutelle coloniale, et ayant une vision claire de son devenir, notre pays a déjà acquis une maturité qui lui permet d’envisager avec engagement confiant le renforcement de la coopération internationale».
En douze ans à peine, l’Algérie s’est fait une place remarquable dans l’arène internationale. Elle a assaini ses rapports avec l’ancienne puissance coloniale, établi un climat de confiance et d’amitié avec ses voisins, apporté sa contribution à la lutte du monde arabe, à l’unité du continuent et à la libération des peuples encore colonisés. Désormais, elle constitue, par la rigueur de ses principes et son dévouement pour toutes les causes justes, un exemple de décolonisation effective. Les circonstances et la confiance dont elle jouit ont fait que ses dirigeants ont été parfois choisis comme porte-parole du tiers-monde. Cette mission, elle l’a remplie dans la fidélité des engagements et la dignité. Elle ne demande rien d’autre pour elle-même ou pour le tiers-monde que la justice et le respect d’une morale plus exigeante dans les relations internationales.

Les grands axes de la politique extérieure depuis 1962
Quoi qu’il en soit, depuis l’avènement de l’indépendance, un certain nombre de questions ont constamment mobilisé la diplomatie algérienne.
Plus remarquable encore, c’est que les mêmes options et les mêmes objectifs animaient la politique intérieure de l’Algérie aussi bien que sa politique extérieure. Ni l’une ni l’autre ne pouvaient s’accommoder des hypothèques, tolérer les pressions extérieures ou demeurer dépendantes d’intérêts qui n’étaient pas ceux de l’Algérie. Politiques assurément contraignantes, elles exigeaient une mobilisation constante et dynamique tant il était clair que tout résultat enregistré au plan intérieur, que ce fût la récupération des richesses nationales, la promotion des hommes ou l’élaboration d’une stratégie de développement authentiquement nationale, ne pouvait être considéré comme virtuellement acquis que s’il était consolidé par d’autres succès à l’extérieur, dans les mêmes domaines par d’autres frères et amis qui, comme lui, avaient choisi de poursuivre la lutte en vue de récupérer leurs biens et parachever ainsi leur indépendance.
C’est donc cette lutte sans cesse renouvelée et jamais achevée pour la concrétisation effective de l’indépendance nationale à l’intérieur comme à l’extérieur, qui a constitué, durant les deux premières décennies, un des fondements de la politique étrangère de l’Algérie. Puisant son prestige, son autorité et son originalité dans les sacrifices et le dynamisme de son peuple, elle a oeuvré sans relâche pour sa liberté de décision en toute souveraineté.
Au plan international, nous vivions, alors, dans un monde où, très schématiquement et au-delà des diversités idéologiques de l’époque, il n’y avait surtout que de graves inégalités à redresser entre le Nord et le Sud. Les riches du Nord s’obstinaient alors - comme aujourd’hui d’ailleurs - à s’enrichir toujours davantage pendant que les pauvres du Sud s’efforçaient désespérément de ne pas rester aussi pauvres. L’Algérie, en dépit des succès qu’elle a remportés alors sur la misère, le chômage, l’analphabétisme et les inégalités sociales les plus flagrantes, ne s’est jamais désintéressée du sort des peuples du tiers-monde. Au contraire, elle est restée inébranlablement fidèle à son engagement en faveur des déshérités du tiers-monde. C’est là assurément un autre titre de gloire et de fierté pour le peuple algérien.
«Nous vivons dans un monde, disait alors M. A. Bouteflika, où la grandeur véritable ne passe plus nécessairement par les seuls critères classiques et la didactique de la force matérielle; la grandeur véritable ne se mesure pas forcément par les seules potentialités d’un pays, le nombre de ses populations ou l’étendue de son territoire national. Aujourd’hui, plus l’engagement est clair et non équivoque aux côtés de toutes les causes justes dans ce monde, plus l’autorité morale et politique d’un pays est grande et plus importantes deviennent les dimensions spécifiques d’une nation».

Le dilemme entre l’idéal progressiste et les intérêts égoïstes de l’Algérie
Certes, cette politique étrangère imposait un choix à première vue impossible entre, d’une part, les intérêts égoïstes et d’autre part, les principes et l’idéal.
C’est vrai que ces principes de la politique étrangère constituaient un cadre très sévère pour l’action extérieure. Ils ne laissaient la porte ouverte ni à l’improvisation ni aux compromissions et imposaient un choix à première vue impossible entre la politique des intérêts et des moyens et la politique des principes et de l’idéal. Mais si la voie était étroite, elle avait au moins la vertu, en ce qui concerne l’Algérie, d’être claire et délibérément choisie par tout un peuple. Et si son mérite ne devait se limiter qu’à cette vertu de la clarté, de l’adhésion populaire et de l’attachement aux principes sans lesquels rien de durable ne peut être entrepris, c’était, à lui seul, un sujet de satisfaction et de réconfort dans un monde où on enseigne que seule la politique des intérêts égoïstes vaut la peine d’être entreprise.
Quoi qu’il en soit, le peuple algérien était fier de cette politique étrangère. Bien des années plus tard, se souvenant encore de cette épopée de la diplomatie algérienne, il n’a pas hésité à porter à la magistrature suprême son architecte principal.
Préférant l’audace à la prudence excessive, l’action continue aux étapes entrecoupées de longues pauses, les épreuves successives à la temporisation démobilisatrice, convaincue que ses intérêts supérieurs à long terme ne pouvaient être satisfaits que dans les intérêts du groupe de «damnés de la terre» dont elle faisait partie, l’Algérie a pris des risques.
Elle savait, en faisant ses choix d’émancipation authentique, de prise en main de son destin et de solidarité militante avec les autres pays du tiers-monde, au détriment des intérêts américains et européens, qu’elle pouvait irriter certains et décourager d’autres, au moment même où elle avait terriblement besoin d’investissements extérieurs. Elle savait aussi qu’une politique étrangère anti-impérialiste, anti-néocolonialiste, aussi audacieuse et téméraire, ne pouvait que provoquer un jour ou l’autre le courroux des grandes puissances et que ces dernières, tôt ou tard, se retourneraient contre elle. Elle savait aussi que leur réaction pouvait être sévère. Mais elle ne s’est jamais doutée que le contrecoup bénéficierait de la collusion de pays très proches ni qu’il revêtirait l’ampleur d’un désastre d’une décennie entière de larmes et de sang, avec des milliers de morts, deux millions de sans-abri et un pays ruiné, désarticulé et sans force.
En fait, les luttes, les difficultés et les espérances de la jeune diplomatie algérienne, durant les premières années de l’indépendance nationale, furent celles de tous les pays du tiers-monde qui, comptant d’abord sur eux-mêmes, ont lutté pour le mieux-être de leurs peuples mais aussi pour un monde moins injuste.
Cette diplomatie engagée avait sa logique. Il était, en effet, tout à fait normal que la lutte menée sur le plan intérieur, pour chasser l’occupant étranger, et pour consolider l’indépendance fraîchement arrachée, marquât d’une empreinte indélébile, dès le début, la politique étrangère de l’Algérie et contribuât à orienter ses actions extérieures qui trouvaient ainsi dans les efforts déployés à l’intérieur et leur succès, une inspiration dynamique au plan extérieur.
Il est remarquable enfin qu’en l’espace de deux décennies, de 1962 à 1982, la politique étrangère de l’Algérie, grâce à son sérieux, à son dynamisme et à sa détermination, réussit non seulement à servir efficacement la politique intérieure du pays en lui assurant la paix aux frontières et la stabilité dans la région, si essentielles à la poursuite, dans la quiétude, de l’effort d’organisation et de reconstruction nationales, mais en plus, procura au pays des amitiés nouvelles, lui évita l’isolement et la dépendance dans lesquels on aurait souhaité qu’il se confinât.
Les historiens retiendront certainement, de cette période de l’histoire de l’Algérie, l’inspiration que nombre de mouvements de libération et nombre de pays du tiers-monde ont puisé dans son audace, dans le domaine de la lutte pour la libération nationale comme en matière de récupération des richesses nationales. Ils diront aussi que c’est parce que des pays comme l’Algérie ont osé et réussi leur décolonisation économique et culturelle que d’autres actions similaires ont été entreprises, individuellement d’abord, collectivement ensuite, par exemple, dans le cadre plus vaste des tentatives de regroupement des producteurs des matières premières.


(1) George Ross, Directeur du Centre Mindade Gunzburg d’études européennes de l’université Harvard, Etats-Unis.
(2) «La ruine de l’économie algérienne sous Chadli», de Bouras. Editions Rahma, 1995 ALger
(1) George Ross, Directeur du Centre Mindade Gunzburg d’études européennes de l’université Harvard,
Etats-Unis.
(2) «La ruine de l’économie algérienne sous Chadli», de Bouras. Editions Rahma, 1995 ALger


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