Algérie - Revue de Presse

Chaumière qui rit, palais qui pleure


A accorder une ouïe attentive aux bruits de fond diffus qui sortent par tous les «pores» du pays, il y a de quoi nourrir par louchées entières nos craintes de voir tous nos espoirs reportés à la saint-glinglin. Illustration pathétique d'un peuple qui se tourne mutuellement le dos au point de préférer l'âne des autres à son propre lion, comme s'escrime toujours à nous le rappeler le bon sens légendaire de nos mémères. Après que les journaux, à coups de grasses manchettes, nous eurent alertés d'informations s'esclaffant de cet amour foudroyant des Algériens pour un cher pays voisin, voilà que ces mêmes journaux reviennent le lendemain pour nous étaler, couché noir sur blanc, cet «affront» intolérable fait aux Algériens maltraités à une frontière, quelque part vers l'Orient (suivez mon regard !). Faut-il croire à l'histoire caricaturale que nos amis tunisiens (crachons le mot) face à la «déferlante» des touristes algériens ont simplement voulu jouer à la «vierge effarouchée» face à des «visiteurs» au regard certes altier, mais peut-être trop perçant ? Ou alors, faudrait-il inévitablement ramener l'incident dans le giron naturel du mal «atavique» du Maghreb et sa chimérique union avec ce regard de chiens de faïence entre cet Algérien qui aime regarder les autres du haut du balcon, le Marocain à l'amour filial pour le baise-main, le Tunisien au contact trop «piquant» pour être un pays par nature «digeste», le Libyen, le seul au monde à tirer plus vite que son ombre, et le Mauritanien, cet homme bleu qui aime tant la poésie que la politique n'est pour lui que la science des incultes. Alors, pour nous faire oublier la grisaille en pleine canicule, les canards «matineux» nous font encore rire jaune de nos propres tares avec l'histoire désopilante de ce pays, arabe (lui aussi), dont la police s'est retrouvée une nouvelle vocation: traquer les voyeurs de quelques contrées dont ils pourraient débarquer. Jouant à cacher le soleil sous un tamis, la police de ce pays, dont l'on dit qu'il compte les stations balnéaires parmi les plus huppées au monde, ne veut-elle pas carrément que les touristes, mis à part l'oseille qu'ils rapportent dans leurs bagages, viennent à sa rencontre les yeux bandés, l'odorat aseptisé, l'ouïe obstruée et la bouche hermétiquement fermée ? Parce que faire semblant de chercher dans le ciel les étoiles filantes lorsque tout le monde garde un oeil «baveux» sur deux nématociens qui se font la bise, ne revient-il pas à pocher l'oeil à un borgne ? Autant n'autoriser l'entrée à ce pays «clean» qu'aux hommes aux cinq sens «ligaturés», le risque étant de finir plongeur dans un resto malfamé, lorsqu'on joue à se rincer trop abondamment l'oeil, le droit comme le gauche, ou même de derrière la serrure d'une porte ou le chas d'une aiguille. Ne dit-on pas, pour le «nif» de nos marmailles, qu'une seule chaumière où l'on rit vaut mieux que cent palais où l'on pleure ?
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