Nuit d'horreur en Irak 200 morts dans des attentats aux camions piégés

L'Irak n'en finit pas de compter ses morts. Dans la soirée de mardi, quatre attentats au camion piégé perpétrés ont fait 200 morts et 375 blessés dans le nord de l'Irak. «Plus de 200 personnes ont été tuées», a indiqué le maire de Sinjar aux représentants des agences de presse, au nord de la province de Ninive où les attentats ont eu lieu, dans deux villages habités par une minorité religieuse. Selon le même responsable, le nombre de blessés devrait être revu à la hausse dans la mesure où de nombreuses victimes sont encore sous les décombres. Un précédent bilan faisait état d'au moins 200 morts et autant de blessés. Selon des responsables militaires irakiens, quatre camions piégés ont explosé dans les villages d'Al-Khataniyah et d'Al-Adnaniyah. Un médecin de la province a indiqué pour sa part que 375 blessés avaient été transportés dans sept hôpitaux. De son côté, Abdoul Rahim al-Chammari, maire d'Al-Baaj, au sud-ouest de Mossoul, cité par l'AFP, a précisé que la police avait imposé un couvre-feu à Sinjar et dans les environs de Tal Afar à 80 km à l'ouest de Mossoul. L'armée américaine, pour sa part, a fait état hier de 60 morts et de cinq camions piégés dans la série d'attentats. Le président irakien Jalal Talabani a estimé que les Yézidis étaient victimes d'une «guerre génocidaire lancée par les terroristes et les Takfiris (extrémistes)» contre la population irakienne. Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, confronté à une grave crise politique en raison des dissensions entre partis sunnites et chiites, a dénoncé ce «crime ignoble», ordonné une enquête et affirmé que cela ne l'empêcherait pas de «poursuivre le processus politique». Réagissant à ces attentats, parmi les plus meurtriers de ces trois dernières années, les représentants de la Ligue arabe ont affirmé que «la réconciliation nationale est le meilleur moyen pour échapper à la spirale de violence». La communauté yézidie cible des attentats, estimée à quelque 500.000 personnes, est une minorité kurdophone installée dans le nord de l'Irak. Elle compte trois députés sur les 275 sièges du Parlement. Elle a tenté de demeurer à distance des violents conflits confessionnels et politiques qui ensanglantent une grande partie de l'Irak, mais ces derniers mois les relations avec les autres communautés se sont gravement détériorées. Le 23 avril, des hommes armés ont intercepté un autocar transportant des Yézidis vers leur village de Beshika (10 km de Mossoul) et massacré 23 d'entre eux. L'Irak est confronté à un regain de violences interconfessionnelles en dépit du déploiement de 155.000 soldats américains. 85.000 d'entre eux sont postés à Bagdad. Conséquence, les attentats sont enregistrés dans des régions plus isolées. Ces attentats interviennent quinze jours après le triple attentat à la voiture piégée à Bagdad qui avait fait plus de 80 morts et 100 blessés. L'année 2007 a été l'une des années les plus meurtrières, puisque pour le seul premier semestre presque un millier de personnes ont été tuées, la plupart dans des attentats au camion et à la voiture piégés. Les attentats les plus meurtriers ont été enregistrés ces quatres derniers mois. 117 pèlerins chiites ont été tués et 173 blessés dans un attentat suicide, le 06 mars, près de Hilla (sud de Bagdad). Le 27 du même mois, un attentat à Tal Afar avait fait 152 morts et 347 blessés. Un autre attentat à la voiture piégée perpétré sur le marché de Sadriya à Bagdad en avril avait fait au moins 140 morts et 155 blessés. En juin dernier, c'était la ville d'Emril à Kirkouk qui avait été secouée par un attentat suicide au camion piégé qui avait fait au moins 140 morts et 270 blessés. Une spirale de la violence que les responsables irakiens et américains n'arrivent toujours pas à éradiquer.