Algérie

Caméra angle opposé



La désillusion De Rio à Mexico, en passant par Montevi-deo, Bogota et Ciudad Guatemala, le pré-sident américain a eu l’occasion de constater à quel point l’image de l’Amérique généreuse s’est effritée. Il ne s’agit pas de manifestations symboliques, comme celle menée par une poignée d’indiens mayas qui ont entonné des chants révolutionnaires et peint des slogans anti-Bush sur les murs de la capitale du Guatemala, mais de la démonstration d’un anti-américanisme effrayant et imposant, qui a mis à rude épreuve les dispositifs de sécurité mis en place, allant jusqu’à bloquer le passage vers les résidences où Bush devait être reçu. En entamant son périple sud-américain, Bush espérait prouver qu’il avait encore des amis en Amérique Latine, ou au moins des potentialités d’alliances pour contrer la révolution bolivarienne de Chavez qui a fait basculer vers la gauche plusieurs gouvernements du sous-continent et, éventuellement, reprendre en main des affaires qui ont périclité depuis cet aventurisme en Irak. Partout où il s’est rendu, Bush a eu le loisir de mesurer, aux heurts et aux slogans durs, l’étendue de son impopularité. Du fait de la contre-visite organisée par son ennemi juré, le président vénézuélien qui le suivait à la trace, certes, mais également parce que l’Amérique latine a toujours été cette arrière-cour que les Américains ont tenté de maintenir sous tutelle, en chassant par la force ou en menant la vie dure à tous les dirigeants qui ont montré des velléités d’indépendance, à l’instar d’Allende, Noriega ou Castro. L’Amérique latine (et Centrale) a ceci de particulier, les pays qui la composent ont en commun une culture hispanique qui fait que les idées circulent plus vite entre ses peuples. Ce qui contribue à mieux les rapprocher, à l’inverse de l’Afrique, par exemple, éparpillée parce qu’ayant été influencée par plusieurs colonisateurs.Partout où il s’est rendu, Bush a constaté que l’invasion de l’Irak a été une erreur. Non pas parce que Saddam soit particulièrement estimé, de l’autre côté du pacifique sud, mais parce qu’il s’agissait d’un président élu et qui a été renversé et assassiné, tout comme Allende, alors qu’il n’est pas plus mauvais qu’un autre président de la région, à l’exemple de ceux qui l’ont remplacé. Un renversement qui va à l’encontre de la démocratie brandie comme motif d’invasion, et qui ne valait pas que l’on détruise un pays qui a eu son heure de gloire. C’est en ayant à l’esprit cette terrible réalité, que l’Amérique Latine refuse que l’un des siens soit une potentielle nouvelle cible de cette Amérique en déclin certes, mais qui risque de déstabiliser, comme c’est le cas au Moyen-Orient, une région qui n’a pas besoin de guerres pour accentuer sa pauvreté. A défaut de compter ses amis, Bush sait maintenant sur qui ne pas compter. A commencer par Calderon, le président du problématique voisin mexicain dont est originaire la moitié des 12 millions de sans-papiers présents aux Etats-Unis et qui a déclaré attendre peu de chose du sommet avec Bush et avoué son intention de se rapprocher de Cuba. La mort d’un bataillon de Marines, à Baghdad, n’aurait pas fait pire effet.
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