Algérie

Burkina Faso : Al Qaîda «n'est pas si loin»


Dans le nord-est du Burkina Faso, les autorités renforcent la sécurité tandis que coopérants et touristes quittent cette zone au cœur du Sahel : pour tous, Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI), qui sévit au Mali et au Niger voisins, «n'est pas si loin». «Il ne faut pas attendre de voir le danger à  l'œil nu pour s'en convaincre : Al Qaîda fait planer son ombre sur notre région», assure à  l'AFP le jeune Aboubacar Dicko, un habitant de Dori, chef-lieu de la région du Sahel (265 km au nord-est de Ouagadougou). Le calme de cette ville de 100 000 âmes aux maisons en banco, baignée de poussière, est régulièrement troublé par les pick-up bondés d'éléments des forces de sécurité armés de kalachnikovs et de policiers escortant les expatriés du secteur minier. La plus grande et toute récente mine d'or du pays, Essakane, n'est qu'à une quarantaine de kilomètres. Dans le nord et l'est du Burkina, la menace AQMI reste pourtant impalpable : les jihadistes n'y ont pas enlevé d'Occidentaux, comme ils le font depuis quelques années dans les autres pays de la vaste bande sahélo-saharienne.
Dans le nord du Niger, sur le site minier d'Arlit, cinq Français, un Togolais et un Malgache ont été kidnappés à  la mi-septembre. Mais le risque est suffisamment pris au sérieux dans cette région excentrée du Burkina pour que des coopérants français et américains aient été, ces derniers mois, rappelés par leurs ambassades dans la capitale, Ouagadougou. Dans ce climat d'incertitude, l'inquiétude monte à  Dori. Les diplomates canadiens enlevés au Niger fin 2008 l'avaient été à  seulement quelque 200 km de là, «donc nous avons des raisons d'être inquiets», souligne Hama Arba Diallo, député-maire de Dori. L'élu, qui est aussi l'un des six candidats opposés au chef de l'Etat sortant, Blaise Compaoré, lors de la présidentielle de dimanche, se lamente de voir, pour cause d'insécurité, les «partenaires techniques et financiers nous fuir au moment où on a le plus besoin d'eux». Longtemps nombreux dans cette région renommée pour ses dunes et ses lacs, les touristes prennent aussi la tangente. Depuis septembre, toutes les réservations ont été annulées, soupire Boubacar Sadou Ly, patron d'une auberge : «Même les fonctionnaires des organisations internationales viennent difficilement ou, en tout cas, sous bonne escorte.»Â  Les autorités veulent parer à  la psychose. Le Tour du Faso, principale course cycliste d'Afrique subsaharienne, a d'ailleurs fait étape, fin octobre, à  Dori. Sans dommage. Mais lors d'un meeting récent dans la ville, le candidat Compaoré a promis de «mettre l'accent sur les forces de sécurité» dans la zone. Façon de confirmer que pour le pouvoir, «la menace se rapproche», glisse un responsable local de la sécurité, évoquant aussi le déploiement accru de forces de l'ordre depuis peu. Le long des frontières malienne et nigérienne, les patrouilles ont été renforcées après les rapts d'Arlit dans cette région où travaillent quelque 300 expatriés dans les mines d'or ou pour des ONG, rapporte-t-il. En pick-up ou à  moto, des gendarmes surveillent les axes routiers à  l'extérieur de la ville. Le Burkina a aussi musclé sa cellule de lutte antiterroriste, dont une importante section est basée à  Dori, ajoute le même responsable, sans plus de précision. Pour lui, la lutte contre Al Qaîda, qui s'accélère chez les voisins, n'est toutefois pas forcément une bonne nouvelle : «Les autres sont en train de balayer les 'saletés' chez eux. Si on traque les hommes d'AQMI en Algérie, en Mauritanie, au Mali et au Niger, ils iront quelque part au Sahel : ce sera le   Burkina, donc nous devons àªtre prêts.»Â Â Â                
 
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