Algérie

Botter en touche



Botter en touche
Même si le président de la République, rejoignant la vox-populi, a souhaité à haute voix que le sélectionneur national continue sa mission avec les Verts, les engagements pris par ce dernier avec une autre partie ne pouvaient le permettre. Le football professionnel ailleurs et le monde du show-biz qu'il traine dans son sillage étant bien évidemment trop orthodoxe, voire même cruel, pour se nourrir de réactions affectives, aussi sincères seraient-elles. Halilhodzic partira donc au sommet de sa gloire, laissant derrière lui, exception faite de la sélection nationale de 1982, une formation rarement aussi homogène dans presque l'ensemble de ses compartiments.Toutefois, il faudrait également s'interroger sur la nature même du groupe qu'il laisse en héritage à son successeur, en l'occurrence Gourcuff. Si ce dernier a le même caractère trempé que celui du Bosnien, il ne faudrait pas néanmoins ignorer l'essentiel, le Français a la réputation d'un travailleur peu porté sur le prestige personnel, exigeant et très appliqué. En somme, un véritable tâcheron qui peut se doubler en industrieux en mesure de transformer du vulgaire métal en de l'or. Ce qu'il n'a jamais cessé de faire avec le club de Lorient.Or, dans ce paysage, il semble alors exister un paradoxe que des parties ignorent ou feignent seulement d'ignorer, celui qui consiste à admettre que la sélection nationale a aujourd'hui atteint un stade et une réputation qui lui permettent de tutoyer les grands et par voie de conséquence un statut sur lequel il n'est plus question de revenir. De ce point de vue, Gourcuff ne peut donc que s'en remettre à la filière des professionnels évoluant à l'étranger dans les différentes compétitions européennes à laquelle a fait appel Vahid. Et avant lui Saâdane. Un choix payant et très certainement incontournable compte tenu des résultats obtenus ces trois dernières années, mais aussi un résultat qui vient rappeler malheureusement l'indigence de celui national et surtout son énorme décalage avec n'importe quel autre championnat étranger aussi ordinaire serait-il. La transformation physique, technique, mentale des Belkalem, Halliche, Slimani et Soudani en est l'éclatante preuve. En contrepartie, cette évolution spectaculaire des quatre joueurs vient montrer dans sa stricte nudité, même si elle est de notoriété publique, une triste réalité : il relève de la plus grande gageure de vouloir et encore moins de pouvoir monter une sélection nationale composée des footballeurs locaux. À moins bien entendu de se faire douce violence en remettant aux calendes grecques les velléités nationales de briller, sinon de faire honorable figure, une fois les frontières passées, même si ces frontières se limitent à celles du continent, voire seulement de la région.Les instances sportives nationales connaissent et maîtrisent bien la question et savent donc pertinemment qu'il est impossible d'avoir et le beurre et son argent. Du coup le dilemme est plutôt grave en ce sens qu'il va consister, encore une fois, à faire un choix : construire la discipline et la mettre aux normes internationales, et pour cela c'est un investissement à long terme, où vivre l'agréable euphorie des victoires homériques et des défaites glorieuses en ne s'arrêtant pas de puiser dans le vivier des championnats étrangers. Quoiqu'il en soit, il serait prétentieux de mettre le parcours brésilien de la sélection nationale sur celui (investissement) du secteur des sports et de la jeunesse. À moins que noyer d'argent les structures et les hommes qui les dirigent pour obtenir de tels résultats soit considéré comme un engagement profond à l'endroit des sportifs. Et dans cet ordre d'idées, ne serait-il pas alors judicieux d'en faire de même pour l'ensemble des disciplines !'A. L.





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