Audition de la secrétaire de Khalifa au 4è jour du procès

«J’ai remis une carte de voyages gratuits à Djamel Ould Abbès» Rebondissements dans le procès Khalifa: La comparution de Melle Aïouaz Nadjia, secrétaire particulière de Abdelmoumène Khalifa, a été très riche en révélations... Dans son témoignage lors de cette quatrième journée du procès Khalifa, la secrétaire principale de Abdelmoumène Khalifa a notamment déclaré, à la surprise générale, «j’ai remis une carte pour des voyages gratuits à Djamel Ould Abbès, l’actuel ministre de la Solidarité». Ex-employée à la BDL, celle qui allait devenir en 2002 la secrétaire particulière du Big Boss, Abdelmoumène Khalifa, principal accusé dans cette affaire éponyme, a gravi, un à un, tous les échelons de l’empire déchu. Mlle Aïouaz, qui fut d’abord secrétaire au siège de Khalifa Bank, révèle qu’au début elle touchait un salaire de «seulement 32.000 DA» avant que sa mensualité ne passe à 42.000 DA puis à 70.000. La présidente du tribunal criminel, Mme Brahimi, l’interroge ensuite sur Djamel Guelimi. Elle répond que ce dernier travaillait effectivement au siège de Khalifa Bank, mais qu’elle ne le voyait pas souvent. Elle se souvient qu’il était l’inspecteur principal de Khalifa Airways à Paris. Mme Brahimi lui demande alors clairement: «Djamel Guelimi travaillait-il avec vous, oui ou non?» Elle répond par l’affirmative. A la question de savoir s’il avait un bureau au siège de Khalifa Bank, Aïouaz répond négativement avançant, contre toute attente, que «personne n’avait, en fait, un bureau à Khalifa Bank». La juge: «Est-ce que Guelimi a préparé la soirée de Cannes?» «Je ne sais pas», répond-elle avant d’affirmer en revanche que la chanteuse Amel Wahbi venait souvent au siège de la banque pour réclamer son argent, toujours en devises. Elle dit avoir eu l’occasion de voir plusieurs fois «l’ancien ministre de l’Industrie, Abdennour Keramane, (qui) venait solliciter un poste de travail pour sa fille qui sera recrutée, par la suite, pour ouvrir une agence Khalifa Airways à Milan en Italie». Et parmi les autres personnalités qu’elle a vu défiler à la Khalifa Bank, elle cite nommément plusieurs responsables d’entreprises publiques comme l’ancien directeur général de la CNAS, Abdelmadjid Bennacer. En revanche, concernant un cadre de la BNA, elle parlera vaguement d’un certain SAM... «Ils venaient tous pour placer leur argent (sic). Il y avait aussi certains responsables de la commission bancaire». «Y avait-il des étrangers dans le lot?» l’interroge la magistrate. «J’ai vu Raghed Chamma, un Français d’origine libanaise, conseiller de Abdelmoumène Khalifa», dit-elle avant d’enchaîner sans que personne ne lui demande: «Et j’ai même remis une carte de gratuité de voyages sur Khalifa Airways à M. Djamel Ould Abbès.» Aussitôt, une clameur monte dans la salle et les regards se portèrent sur la présidente: le tribunal criminel de Blida va-t-il convoquer ce ministre en exercice? Quoi qu’il en soit, Melle Aïouaz veut poursuivre ses révélations: «Il y avait également l’ancien ministre de l’Habitat, Abdelmadjid Tebboune, qui venait..., après avoir quitté son portefeuille ministériel», précise-t-elle. Enfin, pour nombre d’observateurs présents dans la salle, durant cette audience de jeudi, les déclarations fracassantes de Aïouaz Nadjia constituent assurément «un témoignage clé». Pour l’histoire, c’est à la question de la juge Mme Brahimi relative aux visites qu’effectuaient régulièrement certaines personnalités au siège de la Banque Khalifa qui sera à l’origine des nouvelles éclaboussures.