Algérie

Après un rappel à l'ordre de Bouteflika, Sarkozy considère l'incident « clos » La mini-crise entre Alger et Paris est dépassée...



«Désaveu », « mise au point », « rappel à l'ordre »... Peu importe la formule qu'on retiendra, mais le fait est que le président Abdelaziz Bouteflika s'est retrouvé contraint de marquer publiquement ses distances avec le ministre des Moudjahidine, Mohamed Chérif Abbas, pour apaiser son homologue français. « L'incident est clos », a déclaré le président français Nicolas Sarkozy en indiquant qu'il irait en Algérie « en ami » pour en ramener « des contrats pour aider nos usines, parce que le rôle du président de la République c'est d'être derrière les entrepreneurs de France, c'est de les aider ». La visite du président français aura bien lieu. Nicolas Sarkozy n'écoutera pas ceux qui lui demandaient d'annuler sa visite après les propos de Mohamed Chérif Abbas sur ses « origines » et le fait qu'il ait été élu par le « lobby juif ». Il a fallu néanmoins un appel téléphonique du président de la République. Le gouvernement français, soumis à des pressions politiques internes ou de manière remarquée et les socialistes faisant de la surenchère, avait demandé des explications. A l'évidence, la mise au point embarrassée et par certains côtés incompréhensible, publiée via l'APS par le ministre des Moudjahidine, était loin de satisfaire cette demander d'explication. Il a fallu que Bouteflika prenne son téléphone pour « parler longuement » à Nicolas Sarkozy et que la teneur de la discussion soit rendue publique pour dépasser la mini-crise provoquée par les propos de Mohamed Chérif Abbas. « La question des déclarations prêtées au ministre algérien des Moudjahidine a été abordée », indique le communiqué de la présidence, en précisant que le Président Bouteflika a souligné que « de tels propos ne reflètent en rien la position de l'Algérie ». « Le Président français sera reçu en ami au cours de sa visite d'Etat en Algérie, visite essentielle pour les deux pays ». L'occasion aussi pour le chef de l'Etat de rappeler, sèchement, que la politique étrangère était son domaine réservé et que lui seul et le ministre des Affaires étrangères sont habilités à se prononcer dans ce domaine.   Le domaine réservé et la « famille révolutionnaire »   Ce rappel paraissait nécessaire car le chef de l'Etat donnait l'impression d'être débordé et que les questions mémorielles - qui effectivement ne peuvent relever du domaine réservé - poussaient des acteurs, jusque-là disciplinés dans l'expression, à interférer dans les relations avec l'Etat français. Il est compréhensible que le patron de l'Organisation nationale des moudjahidine, Saïd Abadou, soutienne le ministre des Moudjahidine alors qu'il est mis en cause, tout en y ajoutant une touche en déclarant que « Sarkozy n'est pas le bienvenu ». Ce qui l'est moins est que Mohamed Chérif Abbas, du fait de sa qualité de ministre, se laisse aller à des propos aussi crus. Dans le cas d'Abadou, représentant d'une organisation politique, l'Etat français peut s'offusquer mais n'a pas à demander d'explication au gouvernement algérien; dans le cas d'un ministre en poste, cela est inévitable. A plus forte raison quand de tels propos interviennent à quelques jours d'une visite d'Etat. En tout cas, l'effet provoqué par les déclarations du ministre est à l'opposé de ce qu'il souhaitait. Il s'attire des remontrances publiques du chef de l'Etat qui s'est démarqué ostensiblement de lui. « Il n'est pas de nos traditions, ni dans notre interprétation du devoir de réserve qui incombe à tout responsable de l'Etat, de porter des jugements de valeur sur des hommes d'Etat étrangers ou de nous immiscer dans la politique intérieure des autres Etats, notamment lorsqu'il s'agit d'un pays ami avec lequel nous entretenons des relations multiples de coopération confiantes et mutuellement bénéfiques ». L'incident est clos ? S'il s'agit de la visite de Sarkozy, cela est sans doute vrai. Les affaires priment. Mais au plan interne, ce sera une autre histoire. Surtout qu'il est rare et même sans précédent de se retrouver dans une situation où ce qu'on appelle la « famille révolutionnaire » soit aussi ouvertement en porte-à-faux vis-à-vis du Président. A suivre... après la visite de Sarkozy.
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