Algérie

Après le Sommet euroméditerranéen de Barcelone


Le fossé entre les deux rives se creuse L?Europe et les pays du Sud méditerranéen ont manqué l?occasion d?un vrai rapprochement lors du sommet Euromed de Barcelone, quoiqu?en disent ses organisateurs, ont estimé hier des spécialistes et commentateurs. La conclusion lundi d?accords sur la lutte contre le terrorisme et sur un plan à 5 ans pour contrôler l?immigration illégale et appuyer l?évolution politique, économique et sociale des pays du pourtour méditerranéen a été saluée comme un « grand moment » par le président britannique de l?UE Tony Blair. C?est un « succès significatif », a renchéri, dans une déclaration à l?AFP, Javier Solana, haut responsable de l?UE pour la politique étrangère. Cet avis n?était pas partagé par les médias espagnols. Les quotidiens d?opposition parlaient de « fiasco » ou d?« échec », tandis que la presse catalane et les journaux proches du gouvernement socialiste soulignaient la portée limitée de l?accord a minima sur le « code de conduite antiterroriste ». De nombreux médias, comme ceux de l?opposition espagnole, stigmatisaient des propos du chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, coorganisateur du sommet, selon qui il fallait trouver « un accord quel qu?il soit » entre les 25 pays de l?UE et leurs 10 partenaires méditerranéens. L?absence de la quasi-totalité des dirigeants arabes a, en outre, souligné que le fossé entre les deux rives de la Méditerranée demeurait profond, au-delà des désaccords sur la définition du terrorisme ou sur le processus de paix au Proche-Orient, qui ont compliqué les négociations à Barcelone. « Il y a une divergence de fond : les Etats du Sud demandent davantage d?aides alors que ceux du Nord veulent subordonner (ces aides) à des avancées sur le plan de la démocratisation et de la gouvernance », écrivait dans un éditorial publié le même jour le grand quotidien de Barcelone La Vanguardia. « C?est l?impasse des civilisations », a déclaré mardi à l?AFP un diplomate occidental ayant participé aux discussions, faisant référence au projet d?« Alliance des civilisations » lancé à l?occasion d?Euromed par M. Zapatero, pour promouvoir le dialogue entre l?Islam et l?Occident. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, a affirmé pour sa part à la radio Cadena Ser que l?Europe, après la réunion de Barcelone, formait désormais un « bloc » uni, bien décidé à appuyer des pays du Sud très « fragiles » dans leur « processus de consolidation et de réforme politique et économique ». « Nous trouvons humiliant que les Européens nous demandent des réformes en échange de quelques euros. Qu?ils gardent leurs euros, car nous voulons des réformes dans un cadre de souveraineté », avait déclaré dimanche à Barcelone le ministre d?Etat algérien Abdelaziz Belkhadem. Ces crispations ainsi que l?intransigeance d?Israël sur la question du Proche-Orient et la gestion peu probante des discussions par la présidence britannique, selon une source européenne, expliquaient l?absence de déclaration conjointe à l?issue du sommet pour accompagner les documents sur le terrorisme et le plan à 5 ans. En outre, les aides « substantielles » promises par l?UE dans le plan n?ont pas été chiffrées et les experts jugent irréaliste le projet d?établir d?ici 2010 une zone de libre-échange réunissant plus de 700 millions de consommateurs de part et d?autre de la Méditerranée. Le bilan des dix premières années du « processus de Barcelone » est considéré par les experts comme plutôt négatif, ainsi que l?a confirmé une étude publiée pendant le sommet par la fondation Robert Schuman.
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