Algérie

Après le massacre d'El Ayoun, Londres et Madrid haussent le ton


Après les déclarations échappées à  Bernard Kouchner qui jugeait «grave» ce qui s'est passé à  El Ayoun, son homologue espagnole a haussé un peu plus le ton. La nouvelle ministre des Affaires étrangères, Trinidad Jimenez, a signé hier sa première position à  l'égard du conflit par une déclaration qui prend l'allure d'un feu d'artifice dans un ciel jusque-là serein des relations hispano-marocaines. «Nous sommes très profondément préoccupés parce que nous croyons que les faits qui se sont produits sont très graves mais, face à  la confusion et à  l'incertitude sur le nombre de victimes et de blessés, nous attendons un rapport définitif pour faire un bilan» a-t-elle indiqué dans une conférence de presse à  l'issue du Conseil des ministres rapporté par la télévision privée espagnole Telecinco. La ministre a également indiqué avoir demandé aux autorités marocaines qu'elles «éclaircissent les circonstances de la mort du citoyen espagnol Baby Hamadi Buyema», porteur d'un passeport espagnol. Mme Jimenez a expliqué que l'Espagne tout comme le reste de la communauté internationale ne «s'était pas prononcée» sur ces événements «parce que l'information est confuse et nous voulons éviter de nous prononcer de manière incorrecte.» C'est pourquoi la chef de la diplomatie affirme que son pays avait demandé au Maroc des «éclaircissements» sur les violences qui ont suivi le démantèlement d'un campement de contestataires sahraouis au Sahara occidental.
Les Sahraouis au Département d'état
Voilà qui met le gouvernement espagnol, soumis à  une terrible pression de son opinion publique, sur la même longueur d'onde que sa société civile qui n'a de cesse de réclamer le retrait du soutien à  la colonisation marocaine.
Le même jour, la Grande-Bretagne a carrément appelé à  une surveillance. La secrétaire d'Etat britannique chargée du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, Alistair Burt, en visite à  Alger, n'y est pas allée avec le dos de la cuillère : «Nous soutenons depuis longtemps l'idée qu'il y ait une surveillance des droits de l'homme (au Sahara Occidental) et les événements de ces derniers jours ont rendu cette nécessité encore plus urgente», a-t-elle déclaré hier dans un point de presse concluant sa visite de 24 heures en Algérie.
Une position qui sera versée au dossier du Polisario  qui réclame à  cor et à  cri que le mandat de la Minurso soit élargi à  la surveillance des droits de l'Homme. Mieux encore, la diplomate a assuré que la Grande-Bretagne soutient les efforts de l'ONU pour une solution négociée «qui tienne compte des souhaits de la population du Sahara en vue d'une autodétermination». Alistair Burt a souligné également que son pays «suivait avait beaucoup d'inquiétude» la situation au Sahara Occidental, en «particulier suite à  des informations sur un accroissement des violences durant les derniers jours». Au chapitre du bilan des tueries, le Front Polisario a accusé hier les autorités marocaines d'avoir assassiné des «dizaines» de personnes, d'en avoir blessé plus de 4500 et d'en avoir emprisonné plus de 2000 depuis l'assaut. Un témoignage en provenance d'El Ayoun à  la télévision algérienne évoque même l'existence «de dizaines» de corps jetés dans un puits à  El Ayoun par l'armée marocaine pour faire disparaître les preuves. C'est dire que l'on s'achemine vers une enquête internationale sur ces tragiques événements, surtout que les Etats-Unis ont pour la première fois invité la délégation sahraouie aux négociations de Manhasset, au département d'Etat à  Washington pour information.


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