Algérie

Après le discours du chef de l’Etat



De nouvelles mesures pour la réconciliation nationale ? En confirmant son attachement à sa politique de réconciliation nationale, le dernier discours du chef de l’Etat aura été perçu d’une façon bien précise par les islamistes, modérés ou radicaux, qui devaient certainement se poser des questions avec le limogeage surprise de Abdelaziz Belkhadem. Parce que chacun, de MM. Belkhadem et Ouyahia, représente une vision bien différente de l’autre de la réconciliation nationale, le remplacement du premier par le second à la chefferie du gouvernement ne peut pas laisser indifférent quant à la suite que compte donner l’Exécutif, dans son ensemble, à ce processus. Processus qui accapare encore et toujours une place centrale dans la politique du chef de l’Etat qui a confirmé que la réconciliation nationale se poursuivrait, que les portes du pardon demeuraient ouvertes et que les mesures de traitement des séquelles de «la tragédie nationale» restaient en vigueur. Telle est donc la réponse la plus officielle qui soit aux questionnements pouvant découler du remplacement de Belkhadem, l’homme le plus représentatif, parfois même plus que le président Bouteflika, de la réconciliation nationale. Pour le SG du RND, en revanche, les bienfaits de la Charte de la réconciliation nationale ont toujours été défendus sous le prisme du désarmement des groupes armés et du recouvrement de la paix civile, comme aboutissement naturel de la loi sur la Rahma et de la loi sur la Concorde civile. Sa vision est donc d’abord sécuritaire et ses propos ne le disent pas explicitement; il ne s’agirait, selon lui, que de donner aux repentis l’eau et l’oxygène, rien de plus. Cela, au contraire d’Abdelaziz Belkhadem, qui n’a pas caché, bien avant même de remplacer Ouyahia en 2006, être ouvert à la probabilité d’un rôle dans le jeu politique. Une probabilité floue sur laquelle il aura été laconique, mais qui reste confirmée par les propos de Rabah Kébir lors de sa tournée «prospective à Alger en 2006» et par Anouar Haddam quand il révélait une certaine invitation à rentrer en Algérie (à laquelle d’ailleurs il n’a pas répondu). Plus loin encore, Abdelaziz Belkhadem s’est exprimé en faveur de l’amnistie générale. Cette dernière est, selon lui, une étape supérieure, ultime peut-être, pour parvenir à résorber la crise et ses causes et réaliser une réconciliation nationale véritable, finale et définitive. La différence entre la vision de Belkhadem et celle d’Ouyahia, c’est que le premier, en s’exprimant pour l’amnistie générale, ouvre la porte à un effacement total et définitif de toutes les traces judiciaires et administratives des crimes commis par les éléments des groupes armés, mais aussi des dirigeants politiques de l’islamisme radical. Du coup, il n’y aurait plus le moindre obstacle à ce qu’ils bénéficient de leurs pleins droits civiques et politiques. Et donc, la possibilité d’un retour de l’ex-FIS par un tout autre biais, un autre sigle, d’autres dirigeants, et surtout un autre programme que celui du projet islamique, devient parfaitement à portée de main. Ce serait alors se rapprocher de la vision défendue par Abou Djerra Soltani, par Louisa Hanoune, un certain Madani Mezrag ou encore par Ali Benhadj qui, pour sa part, considère cela comme un minimum en dehors de lui confier les clés de la ville. Aussi, le discours du chef de l’Etat intervient à un moment où de nombreuses composantes politiques qui espéraient nettement plus de gain politique de la réconciliation nationale se voient perdre une position importante avec le retour d’Ahmed Ouyahia. Des parties qui, hier, pressaient le président Bouteflika pour qu’il use des prérogatives que lui confère la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, et qui se retrouvent sans la moindre perspective en dehors de ce qui a déjà été mis en œuvre. C’est dire si les propos du chef de l’Etat représentent pour eux un soulagement. Encore leur faudra-t-il des éléments plus tangibles, et il n’est pas à exclure, dans ce sens, que certaines de ces parties s’en aillent une nouvelle fois demander de nouvelles mesures, critiquer les lenteurs de l’administration, pleurer sur les difficultés sociales des repentis. La fameuse pétition des 250 repentis qui exigeaient de bénéficier pleinement et immédiatement des dispositions de ladite Charte et adressée à Me Ksentini, sous la menace de retourner au maquis, en dit long sur les pressions qui entendent s’exercer, de temps à autre, sur les autorités. Il n’est pas exclu, cela dit, que le chef de l’Etat en vienne à ordonner une accélération de la mise en œuvre des différents volets de sa politique. De là, à attendre des mesures tout à fait nouvelles, il y a comme un pas qui reste encore à franchir et il ne se situe nullement ailleurs que dans le bilan même de la réconciliation nationale. Amine B.
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