Algérie

Analyse du Jeudi


L’assassinat des étrangers ne réussira pas à l’ex-GSPC Le début de cette semaine a enregistré le premier acte terroriste de l’année contre des ressortissants étrangers travaillant en Algérie. Il a ciblé des employés d’une entreprise russe qui a perdu un de ses ingénieurs alors qu’un autre est blessé en même temps que deux autres de nationalité ukrainienne. Dans ce même attentat à la bombe artisanale qui a explosé au passage d’un bus qui transportait ces employés, trois Algériens ont perdu la vie. Par cet acte terroriste que «Al-Qaïda au Maghreb» a revendiqué deux jours plus tard par communiqué, l’ex-GSPC qui en a été l’exécuteur vient de montrer au monde qu’il ne fait rien d’autre que de poursuivre ce que le GIA et l’AIS ont commencé à partir de 1993. Si ces deux organisations criminelles avaient pu, tout au long du reste de la décennie 1990, faire couler le sang et les larmes en ciblant une bonne trentaine de pays à travers leurs ressortissants en Algérie, elles n’ont finalement réussi qu’à s’afficher ouvertement comme de monstrueux assassins de la pire espèce pour connaître en fin de compte une issue lamentable. Et quel que soit le prix à payer, le même sort attend l’ex-GSPC et son parrain Al-Qaïda. Le terrorisme en Algérie a commencé à cibler les ressortissants étrangers, le 20 septembre 1993, avec l’assassinat de deux géomètres français dans la wilaya de Sidi Bel-Abbès qui était, au moment des faits, infestée par les hordes de Kada Benchiha alors que venait d’être «intronisé», à la tête du GIA, au niveau national, ce même mois, le sinistre «Afghan» Si Ahmed Mourad dit Sayf Allah Djaâfar El-Afghani. Cet ancien dévoué de Gulbuddin Hekmatyar, auprès de qui il a fait son baptême de feu dans la région de Khost, tentera de généraliser une panique en direction des étrangers résidant en Algérie en commençant son «règne» par l’enlèvement, le mois suivant, de trois agents consulaires qui finiront par être libérés sous la pression des forces de sécurité. Ils seront porteurs d’un message aux autorités de leur pays les sommant, dans un délai d’un mois, de rapatrier leurs ressortissants sous peine d’une guerre ouverte contre eux. Certains milieux complaisants avec le terrorisme ou «traditionnellement» hostiles à l’Algérie ont voulu mettre sur le dos des autorités du pays cet enlèvement «pour contraindre la France à soutenir l’Algérie à lutter contre l’opposition islamiste armée». Mais, malgré la propagande du GIA et du FIS (alors dans la clandestinité), à travers leur littérature, pour tenter de faire croire qu’il s’agissait d’une «guerre» contre la France en tant que puissance «néocoloniale», passé le «mois de délai» (novembre 1993), les assassinats contre les étrangers ont repris et ce n’était plus seulement la France qui en sera victime. Dès le 2 décembre, c’est un citoyen espagnol qui est assassiné, suivi par un Italien, puis une dame russe épouse d’un Algérien, et encore un Français avant un Britannique, 12 Croates et un Belge en même temps que son épouse algérienne. Et tout cela pour le seul mois de décembre 1993. Ce par quoi l’ex-GSPC veut se distinguer, aujourd’hui, en s’attaquant à des ressortissants est d’abord une reprise du caractère bestial et monstrueux du GIA qui, lui aussi, a commencé par tout faire pour paraître le plus proche possible de l’«Islam» et du «Livre» comme se prétend l’ex-GSPC. C’est ainsi que le successeur de Sayf Allah Djaâfar El-Afghani a tenté de justifier ses crimes contre les étrangers. Dans le premier numéro d’une publication clandestine portant le titre de «Et-Taïfat El-Mansourah» qu’il a créée, et qui s’intéressera particulièrement aux questions idéologiques et doctrinales, Cherif Gousmi dit Abou Abdallah Ahmed (mars 1994–septembre 1994) explique à grands renforts de références au Texte sacré, à des exégètes et autres interprétateurs des Hadiths, pour légitimer «le devoir» du GIA, selon lui, de tuer les étrangers «mécréants, associationnistes et Gens du Livre (entendre chrétiens et juifs, NDA)». C’est ce que dit et tente de faire, aujourd’hui, l’ex-GSPC. Avec l’attentat de samedi dernier qui a ciblé des ressortissants étrangers, la Russie (hier, avec le GIA et l’AIS, pour son «aide à l’Algérie» et aujourd’hui, avec le GSPC, pour son «implication en Tchétchénie») est le pays qui a été le plus visé, après la France. Sans compter les blessés, depuis le 5 décembre 1993, avec l’assassinat dans un marché à Alger de la regrettée Larissa Polnaya, à ce jour, selon un décompte non exhaustif à partir des médias, 25 citoyens de ce pays sont tombés dans des attentats du GIA, l’ex–GSPC et même l’AIS. Celle-ci a, en effet, revendiqué dans une de ses publications clandestines (El-Feth El-Moubine du 24 août 1994), au moins, avoir ciblé le jeudi 18 août 1994 à Bir Mourad Raïs (Alger), par sa «section des opérations spéciales» «deux agents des services secrets russes qui travaillent sous une couverture diplomatique», présentés sous les noms de Charbatov et Titarnikov, en précisant qu’un garde du corps appartenant aux «forces spéciales de l’ennemi» (algérien) a été tué. Entre temps, il y a eu les assassinats de Valijny et Lachiline (octobre 1993, à Laghouat), Oucharenko (février 1994 à Tahir/Jijel), Koukouchkine (mars 1994, à Saoula/Alger), Batourine, Tchentchikov, Petkivitch, Sioutkhine, Antipov et Maidanik (mai 1994, à Oued El-Djenane/Jijel), Panassenko, Natiganov, Glenkine et Zavgorodni (juillet 1994 à Makaria/Alger). Et cela à côté d’autres citoyens de ce même pays dont les noms n’ont pas été donnés, notamment les quatre assassinés ensemble le 7 juillet 1994 à Oued Ouchayeh (Alger), les quatre autres à Oued El-Aneb (Annaba) le 7 janvier 2001 et enfin cet ingénieur, samedi dernier, à Oued Djemaâ (Aïn Defla). L’Ukraine dont des fils ont été victimes de ce dernier attentat, avait déjà déploré la mort d’un de ses ressortissants, Pismeniouk Nikolaï, assassiné à Boussaâda (M’sila) en février 1995. Mais c’est, en fait, toute l’Algérie conviviale et accueillante qui croit en la paix, la liberté et la démocratie qui le déplore comme elle déplore toutes les victimes du terrorisme qui ont choisi de partager le quotidien des Algériens et vivre de près leurs luttes et leurs espérances. Qu’ils trouvent ici un hommage, même s’il est très modeste.


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