Algérie

Alors que l’Irak enregistre la mort du 3000e Américain



Bush exécute Saddam et souille l’Aïd Al-Adha Condamné à mort pour crimes contre l’humanité, l’ancien raïs irakien, Saddam Hussein, a été exécuté samedi, le premier jour de l’Aïd El-Adha, peu avant 06h00 (04h00, heure algérienne) à l’âge de 69 ans. Le jour choisi par Bush, et certainement imposé à Maliki, pour rendre «sa» justice n’était pas fortuit puisque les fêtes de l’Aïd Al-Adha commençait samedi. L’intention donc d’humilier davantage les musulmans n’était pas absente. Les Etats-Unis, eux, perdaient peu après leur 3.000e GI depuis l’invasion de l’Irak en mars 2003, rendant un peu plus inconfortable la position de George Bush face à l’offensive des Démocrates qui veulent le voir, enfin, parler de retrait des troupes américaines d’Irak. Et les arguments sont de leur côté du fait que les forces américaines occupant toujours l’Irak, n’ont toujours pas réussi à rétablir la sécurité et le calme. Mais George W. Bush persiste dans sa politique. Il l’a réaffirmé à l’occasion de son message de nouvel an. «Vaincre les terroristes et les extrémistes est le défi de notre époque et nous répondrons à l’appel de l’Histoire avec confiance et lutterons pour la liberté sans vaciller», a déclaré George Bush qui ajoutera: «L’année dernière, l’Amérique a poursuivi sa mission qui est de lutter et de gagner la guerre contre la terreur et promouvoir la liberté comme alternative à la tyrannie et au désespoir. Au cours de la nouvelle année, nous resterons offensifs face aux ennemis de la liberté, renforcerons la sécurité de notre pays et œuvrerons en vue d’un Irak libre et unifié». George Bush qui devra tout de même faire connaître sa nouvelle stratégie pour l’Irak dans le courant du mois de janvier, a annoncé la couleur en faisant valoir son intention de renforcer les effectifs des troupes américaines. Pour revenir à l’exécution de Saddam, la télévision nationale irakienne a diffusé des images montrant l’ancien raïs, calme, discutant avec son bourreau, encagoulé, alors qu’il plaçait le nœud d’une corde autour de son cou. Elle n’a en revanche pas montré la pendaison. Par la suite, les chaînes de télévisions reçoivent comme par enchantement des images filmées, très probablement, à partir d’un téléphone mobile où l’on entend Saddam prononcer la chahada juste avant que son bourreau n’active la trappe devant servir à la pendaison. L’exécution sera suivie -le son était parfait- par des slogans chiites connus. La question est de savoir pourquoi une telle médiatisation? Des observateurs avancent que c’est là un message des Américains à tous les régimes arabes, alors que d’autres voient dans le timing de la pendaison de Saddam une exacerbation des tensions entre chiites et sunnites. La suite des réactions vues et exprimées le confirme. Ce qui pourrait augurer d’une terrible fitna qui toucherait l’ensemble des pays de la région. Un tel schéma sécurisera pour longtemps l’approvisionnement énergétique aux Américains et mettra à «l’abri» l’Etat sioniste de toute riposte arabe, tant est que celle-ci puisse exister dans de telles conditions. Procès sur mesure Entre sa capture, le 13 décembre 2006, et sa pendaison, Saddam aura été entre les mains de ses «revanchards» presque trois ans, jour pour jour. L’ancien président irakien, renversé en avril 2003, avait été condamné, le 5 novembre dernier, à mort pour crimes contre l’humanité pour le massacre à Doujaïl de 148 chiites en 1982. Le procès a été une terrible mascarade au cours de laquelle un premier président de tribunal, kurde, avait été démissionné car il aurait présenté des sympathies envers le prévenu Saddam. La suite, tout le monde la connaît ; des témoins qui «ressuscitent», des documents préfabriqués. Les Etats-Unis et les chiites voulaient la tête de Saddam, ils l’ont eue. A telle enseigne que des associations de défense des droits de l’Homme, comme Amnesty International et Human Rights Watch, ont dénoncé les conditions jugées inéquitables du procès de Saddam Hussein Chiites en fête et Sunnites criant vengeance Les chiites, radieux, dansaient dans les rues de Nadjaf et des concerts de klaxons retentissaient dans le quartier chiite de Sadr City à Baghdad. Un homme originaire de Doudjaïl, qui a témoigné lors du procès de Saddam Hussein pour la mort de 148 chiites appartenant à ce village, a indiqué qu’il avait été autorisé à voir sa dépouille dans le bureau de Maliki. «Quand j’ai vu le cadavre dans le cercueil, j’ai pleuré. J’ai pensé à mes trois frères et à mon père qu’il a tués. Je me suis approché du corps et je lui ai dit: c’est un châtiment mérité pour un tyran». De son côté, le Premier ministre irakien et allié des Américains, Nouri Al-Maliki, a exhorté «les partisans du régime déchu à reconsidérer leur position car la porte est encore ouverte à tous ceux qui n’ont pas de sang innocent sur les mains, pour contribuer à la reconstruction d’un Irak pour l’ensemble des Irakiens». Mais quelques heures seulement après l’exécution, un attentat à la voiture piégée a frappé un marché bondé de la ville sainte chiite de Koufa dans le sud de l’Irak, faisant 30 morts et 58 blessés, a rapporté la police. Par ailleurs, les partisans de Saddam Hussein continuaient hier à lui rendre hommage, autour de son ancien bastion de Tikrit deux jours après sa pendaison. «Saddam n’est pas mort, il vit encore dans nos cœurs», ont scandé en hommage à l’ancien raïs plusieurs centaines de manifestants qui veulent venger leur raïs. Se réclamant du parti Baâth dissous, les manifestants, certains armés, brandissaient d’immenses portraits du «martyr et héros Saddam Hussein». Il n’y a pas eu d’incidents et aucune force de sécurité irakienne ou de l’armée américaine n’était présente. A quelques kilomètres de là, à Tikrit, fief de la tribu de l’ancien président, les Albou Nasser, des dizaines de tentes de deuil ont été installées lundi. Les accès de la ville restaient cependant bouclés par les autorités pour limiter le flot des pèlerins sur la tombe de l’ex-raïs. Saddam Hussein a été enterré dans une propriété familiale de ce petit village de la province de Salaheddine. C’est là aussi que sont enterrés, dans un cimetière familial, ses fils, Oudaï et Qoussaï, tués le 22 juillet 2003 par l’armée américaine à Mossoul (nord). Les regrets de l’Algérie Le gouvernement algérien a «regretté», avant-hier, l’exécution de Saddam Hussein, déplorant que sa pendaison ait été menée le jour de la fête musulmane du Sacrifice et espérant qu’elle «n’ajoutera pas à un surcroît de violence et d’épreuves à la tragédie que vit le peuple irakien». «L’Algérie regrette la mise à mort de l’ancien président Saddam Hussein le jour de l’Aïd El-Adha, jour sacré, dont l’esprit originel, évocateur de sacrifices, s’est sublimé dans les valeurs du pardon, de la clémence et de la générosité pour tout le monde arabo-musulman», indique le gouvernement dans un communiqué. Tout en rappelant que Saddam Hussein «a été exécuté suite à une condamnation à mort pour des actes relevant de ses activités à la tête de l’Etat irakien», le gouvernement algérien note que la culpabilité de l’ancien raïs «a été établie par un jugement des hommes dans des circonstances et dans un contexte faisant l’objet d’appréciations antagonistes et de positions polarisées». Considérant que cette exécution ainsi que les actions de l’ex-chef d’Etat «relèvent désormais du jugement de l’histoire», l’Algérie «forme le vœu que ce développement n’ajoutera pas à un surcroît de violence et d’épreuves à la tragédie que vit le peuple irakien frère». A noter que le demi-frère de Saddam Hussein, Barzan al Tikriti et l’ex-juge Aouad Al-Bandar seront exécutés dans une semaine.
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