Algérie

Alger, Sidi Fredj, Balade en mer : 15 minutes de paradis marin




 La mer claque contre la coque du bateau. Un bon vent marin venant du large fait tanguer le bateau lorsque le moteur est en marche. L’arnaque est intéressante : 400 DA une balade en mer à bord d’un bateau confortable. De Sidi Fredj à l’hôtel Hilton, un quart d’heure, c’est largement suffisant pour faire une petite virée en bateau. Le propriétaire propose également des tournées à 1000 DA la demi-heure.

Avant de détacher la corde du bateau qui le fixe au port, le propriétaire impose le port du gilet de sauvetage orange. On ne sait jamais ! Le gilet est sale et la fermeture éclair est cassée. L’eau de mer du port de Sidi Fredj est sale et vaseuse. Environ cinq bateaux sont amarrés attendant des clients. Il s’agit de bateaux mesurant dix mètres de long au moins pouvant transporter pas moins de 8 personnes assises. « Mais le ministère des Transports autorise uniquement le transport de cinq à sept personnes », explique le propriétaire. Nous sortons du port en silence. Le bateau affiche pavillon algérien. Une casquette sur la tête et quelques taches de rousseur qui attestent l’agressivité du soleil sur sa peau bronzée, le propriétaire maintient une attitude de chef d’escadron. La promenade est en ce début de journée agréable. Quelques doutes sur la capacité de l’estomac à supporter les remous de la houle et aucun sac en plastique pour rassurer en cas d’accidents gastriques. « Tant pis, s’il faut vomir, c’est les poissons qui écoperont », pense-t-on. Le propriétaire du bateau allume une radio encastrée dans le bateau qui diffuse une musique à la mode. Un peu agressive pour une balade qui se veut avant tout apaisante ! Sorti du port, le moteur vrombissant, le bateau accélère sa course. D’un coup, les vagues deviennent menaçantes et le bateau tangue brutalement. Un rire nerveux s’échappe de la bouche des passagers, mi-effrayés, mi-amusés. Les vagues frappent et éclaboussent. Le propriétaire limite la vitesse aux abords du port de Sidi Fredj, mais à un kilomètre de la côte, il s’en donne à cœur joie. On lui recommande de ralentir le rythme car la balade n’est plus si agréable que ça. Les passagers ont les yeux fermés à cause du vent et des vagues. Les mains sur le gouvernail, le « chauffeur » n’entend rien. C’est que la mer fait du bruit quand on la traverse. Aucun point à l’horizon, le port est derrière nous. Tout droit vers nulle part. De l’eau à perte de vue. La mer fait peur quand il n’y a plus qu’elle comme point de repère. La promenade est carrément déconseillée à ceux qui n’ont pas le pied marin ou pour qui la grandeur de l’océan n’apporte qu’effroi et angoisse. La profondeur est de 22 mètres, indique le propriétaire du bateau qui a ralenti le rythme une fois arrivé pas loin du Sheraton. Il s’apprête à faire demi-tour. Retour sous la direction motrice du vent et des vagues. Calmement, le bateau vogue en direction du port. En fait, l’essentiel et le plus beau de la promenade se situe à ce moment-là : lorsque le propriétaire veut économiser du gas-oil et que seul la naute dirige le gouvernail. Le sel marin laisse une couche granuleuse sur la peau. La fraîcheur marine trahit la férocité des rayons de soleil. Impossible de voir le fond. La mer est par ailleurs trop agitée et le regard n’est pas si curieux que ça. Il a peur de buter sur quelques poissons effrayants. L’eau est bleue au large et la houle ne permet pas de livrer les secrets des fonds marins. La musique émise par la radio rend inaudible le bruit des vagues qui s’incrustent vulgairement dans le paysage. Les passagers peuvent difficilement parler entre eux. Pour peu que l’un d’eux tombe du bateau, personne ne l’entendrait appeler au secours. Involontairement, c’est peut-être pour ça que chacun a les jointures blanchies contre les barres de fixation qui encadrent le bateau. Pour ne pas tomber. Le propriétaire du bateau ne fait pas beaucoup la causette mais se plaint des restrictions imposées par le ministère des Transports pour la saison estivale 2006. « L’année dernière, nous travaillions jusqu’à minuit ou une heure du matin. Le plus gros de notre bénéfice se faisait la nuit. Les gens ne cherchent pas tant à sortir en mer dans la journée. D’ailleurs, l’idée surgit lorsqu’ils voient le bateau après un bon repas en fin de journée au restaurant ou lorsqu’ils viennent pour prendre des glaces. Cette année, on nous a imposé de travailler jusqu’à sept heures du soir. Nous avons demandé des dérogations, leur expliquant que le gros du chiffre d’affaires ne se faisait pas la journée. Nous attendons une réponse », raconte d’un trait le propriétaire du bateau. Pourtant, la saison devrait battre son plein et les concurrents ne sont pas nombreux à Sidi Fredj. Ce type d’activités n’est pas prisé sur la côte algéroise. Idem pour le scooter des mers. Se sont généralement des particuliers qui s’amusent à ce genre d’activités. « La dernière des plages en Tunisie vous offre des balades en scooter des mers ou du parachute ascensionnel. Chez nous, une balade en mer à bord d’un petit bateau, c’est la mer à boire », continue le propriétaire. Nous sommes arrivés au port. Il amarre son outil de travail et nous aide à descendre. La balade est finie. Il empoche ses 400 DA et rejoint les autres jeunes qui attendent de faire, eux aussi, une tournée en mer.

 

 


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