Algérie

à la suite de l'élimination du n° 2 de la guérilla colombienne Grave crise entre Bogota, Quito et Caracas


Aux premières heures du premier mars, Raoul Reyes, le numéro deux des «Forces armées révolutionnaires colombiennes» (FARC), est abattu en territoire équatorien par les forces militaires colombiennes. Une vingtaine de guérilleros trouvent la mort au cours de cette opération. Le gouvernement équatorien dénonça une violation de son territoire, une réprobation qui trouvera son écho auprès du président vénézuélien Hugo Chavez ainsi que dans un grand nombre de capitales sud-américaines très sensibles au respect du principe de l´intégrité et de la souveraineté territoriales. Voilà près d´un demi-siècle que la Colombie lutte pour éradiquer une guérilla très implantée en milieu rural et accusée d´être liée au trafic de drogue. Les 6004 kilomètres de frontières qu´elle a avec les pays voisins (Panama, Venezuela, Brésil, Pérou, Equateur) facilitent une certaine perméabilité malgré la prédominance de la forêt amazonienne. Au sud-est du pays, quelque part le long des 590 kilomètres qui la séparent du territoire équatorien, la Colombie avait toujours dénoncé l´existence de camps de rebelles colombiens. Bogota aurait, à maintes reprises, sollicité, en vain, la collaboration du gouvernement équatorien pour neutraliser ces camps. Celui où se trouvaient Raoul Reyes et ses compagnons était situé à deux kilomètres à peine de la frontière. Sa localisation aurait été facilitée par le téléphone cellulaire utilisé par le chef rebelle, selon les services d´intelligence de l´armée colombienne qui lança une opération nocturne, à laquelle participa l´aviation, sans prévenir les autorités équatoriennes. Membre de l´état-major central des FARC et porte-parole de l´organisation, Raoul Reyes était connu du monde extérieur pour avoir négocié à plusieurs reprises entre 1999 et 2002 avec Bogota, et effectué des voyages en Europe avant que les FARC soient classées parmi les organisations terroristes par les Etats-Unis et l´Union européenne. Il était considéré comme un dirigeant radical, responsable non seulement des relations extérieures de son mouvement mais également des ressources financières d´obscure origine. Né le 30 septembre 1948 dans une province du Sud, son véritable nom est Luis Edgar Devia. Il fut syndicaliste, conseiller municipal avec l´étiquette communiste avant de rejoindre les FARC dans les années 70.Il avait fréquenté l´école des cadres communistes dans la défunte Allemagne orientale. Il opérait dans le sud du pays en zone amazonienne de Putumayo. Il se maria avec Olga Lucia qui n´est autre que la fille de Pedro Antonio Marin, alias Manual Merulanda «Tiro Fijo», le vieux leader des FARC. Bien entendu, le gouvernement colombien présenta la disparition de Raoul Reyes comme un grave revers de la rébellion alors que les présidents de l´Equateur et du Venezuela qualifièrent de répréhensible un tel événement entaché par la violation territoriale. Aussi bien Quito que Caracas annoncèrent la rupture diplomatique avec Bogota.Chavez fut le premier à décider l´envoi d´une dizaine de milliers de soldats avec des blindés soutenus par l´aviation à la frontière pour dissuader le voisin colombien de toute opération militaire sur le Venezuela. L´Equatorien Rafael Correa dépêcha également des forces dans la zone qui fut le théâtre de l´incursion colombienne. La presse latino-américaine s´empressa de se préoccuper de ces bruits de bottes et d´analyser la situation des forces en présence en émettant l´espoir qu´elles n´auront pas à s´affronter. Avec quelque 300.000 hommes et un budget annuel estimé à 4,6 milliards de dollars, l´armée colombienne est numériquement supérieure à celles de l´Equateur (58.000 hommes) et du Venezuela (57.000). Toute l´Amérique latine joignit ses efforts pour faire baisser les décibels, après avoir condamné la violation du territoire équatorien par l´armée colombienne.Après s´être félicité de la destruction du campement rebelle, le président colombien Alvaro Uribe accepta de présenter ses excuses à son collègue équatorien. La mort de Raoul Reyes fut une démonstration de la perméabilité de la frontière et l´utilisation du territoire équatorien comme base de repli de la rébellion. L´agenda diplomatique latino-américain allait offrir l´opportunité aux chefs d´Etat d´une vingtaine de pays, membres du groupe de Rio, de se retrouver le 8 mars dans la capitale de la République de Saint-Domingue. Ce groupe avait été créé en 1986 à Rio de Janeiro, au lendemain des chutes des dictatures locales, pour analyser et résoudre les problèmes de la région. La plupart de ces chefs d´Etat se déplacèrent à Saint-Domingue, y compris ceux de l´Equateur, du Venezuela et de la Colombie.Alvaro Uribe réitéra ses excuses tout en espérant que l´Equateur cesse d´être un sanctuaire pour la rébellion colombienne. Saint-Domingue fut ce jour-là la capitale sinon de la réconciliation du moins de la baisse de la tension régionale. Le secrétaire général de l´Organisation des Etats américains (OEA) fut chargé d´assurer le suivi et de se rendre en Equateur pour mieux évaluer les conséquences de la violation territoriale par la Colombie.
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