Algérie

1re partie


1re partie
-Mais pourquoi m'avoir demandée en mariage ' M'avoir fait un enfant, si tu avais l'intention de me quitter un jour ' Je peux te dire que si tu as l'intention de me répudier, sache que jamais je ne quitterai mon enfant !Celle qui parlait ainsi était Kamélia. Sa voix forte résonnait dans la petite cuisine. Leur installation dans la nouvelle maison ne l'avait jamais rendue heureuse.Elle l'avait héritée de ses défunts parents. Sa vieille maison en taule qui ne pouvait plus les préserver du froid et du soleil avait été détruite. Et pourtant, elle devrait être heureuse. Mais comme son mari Mostafa et elle ne s'entendaient pas, tout avait un goût amer en elle. Depuis 13 ans qu'ils étaient ensemble, rien ne la rendait heureuse. Leurs parents avaient arrangé leur mariage, ne tenant pas compte de leur avis. Maintenant qu'ils n'étaient plus de ce monde, il n'y avait plus personne pour songer à les garder unis. Mostafa commençait à regretter amèrement cette union.La peau tannée de son visage semblait tendue comme par de la colle, ses lèves grandes et minces demeuraient entrouvertes. Seuls ses yeux en amande donnaient quelques signes de vie, et leur expression faisait ressortir l'immobilité de son visage. Mais il était difficile de définir cette expression, car dans son regard sombre brûlaient à la fois des sentiments de ras-le-bol et de haine.Sa femme percevant ce sentiment de haine s'écria.- Va donc, crapule ! T'es un moins que rien !En attrapant le bol de lait sur la table, elle le lui jeta sur la figure. Le bol heurta le front de l'homme et le lait se répandit sur ses cheveux noirs, sur son visage, puis sur le col de la chemise. Il bondit en avant le poing levé puis se contenta de frapper violemment le coin de la table tandis qu'une voix d'enfant s'élevait dans le fond de la pièce.- Oh ! Papa, papa !Le lait qui tombait goutte à goutte était teinté de rose. Quelques instants s'écoulèrent avant que l'homme ne se redresse pour se diriger vers sa chambre.- Enlève ces morceaux ! ordonna-t-elle à son fils.L'enfant, après un moment d'hésitation, prit un torchon et essuya la table avec de grands gestes. Puis, lentement en gardant les yeux sur sa mère, il ramassa les débris et les emporta. Il traversait l'arrière cuisine, quand il entendit arriver sa mère à grands pas derrière lui. Elle lui dit en le tapant à l'épaule :- S'il croit me faire quitter cette maison, il se trompe !Elle agrippa l'enfant par le col, le fit pivoter vers elle et se pencha tout près de son visage.- Ecoute mon garçon, je vois qu'il t'a déjà mis de son côté ! Il t'a monté contre moi... Tu sais où est ton intérêt maintenant. Tu as 10 ans... Je t'aime plus que tout au monde !J'ai souffert pour toi. Tu es tout pour moi ! Dis à maman pourquoi il est si silencieux ' Que fait-il lorsqu'il ne travaille pas ' Où passe-t-il ses journées libres '- Je... Je ne sais pas, bredouilla l'enfant, les yeux agrandis par la peur et aussi par l'étonnement.C'était la première fois qu'elle lui parlait d'une voix calme après le coup de colère qu'elle venait d'avoir. Il ne comprenait pas son changement.-Wallah, maâlabalich ! Je te jure que je ne sais pas !Pas du tout satisfaite de sa réponse, elle se mit à le secouer, quand les débris du bol glissèrent des mains de l'enfant. Elle lui flanqua une gifle retentissante sur l'oreille gauche. Elle lui cria :- Dis-lui que je t'ai encore frappé ! Mais oui, va le lui dire... Peut-être qu'il me mettra à la porte !L'enfant courut vers la porte, la main collée à son oreille.La douleur le transperçait comme une aiguille au milieu de la tête, l'empêchant d'avaler sa salive. Il gémissait. Il alla jusqu'à un large olivier aux basses branches. Là il s'assit et se berça en se tenant la tête.(À suivre)A. K.




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