Algérie

1er Mai : pour ceux qui triment dans l'anonymat


Ce 1er Mai, celui de l'année 2008, sera bien amer pour les travailleurs. D'abord, ceux qui attendaient une substantielle augmentation salariale, au détour de longues négociations, auront été proprement assommés par le montant de cette augmentation. Car en même temps que cette «hausse», les prix des produits de large consommation ont grimpé à des sommets vertigineux. Autant l'huile que le sucre, la pomme de terre ou l'orange. Comment dès lors, parler d'augmentation des salaires, de niveau de vie décent quand des millions d'Algériens éprouvent les pires difficultés à boucler de difficiles fins de mois. Ceci d'autant que les salaires en Algérie sont restés bien bas, malgré la bonne santé de nos réserves en devises, les prix élevés du pétrole et un bon équilibre des grands agrégats macro-économiques. En un mot comme en mille, les Algériens, loin de profiter de recettes pétrolières qui font des jaloux dans le voisinage immédiat de l'Algérie, subissent de plein fouet cette aisance financière : hausse quasi simultanée des prix des grands produits de consommation, des matériaux de construction, de l'électricité, de l'eau etc... Rien que des hausses, pas suffisamment celles des salaires. En toile de fond d'une fiche de paie rachitique, sinon une pension alimentaire, il y a surtout ces paysages urbains où des grappes humaines, des jeunes pour la plupart, dessinent aujourd'hui l'immobilier. Des Hittistes à perte de vue, le vague à l'âme qui rêvent de partir ailleurs, le chômage qui ne rampe plus mais qui a pris possession de nos villes et campagnes, et l'on parle de croissance économique. Et comment dès lors, en plein marasme social, oser parler de ces plans de relance à l'échelle des wilayas quand des milliers de jeunes, poussés au désespoir, viennent offrir leurs poitrines nues au gourdin et aux bombes lacrymogènes ? Il y a, à l'évidence, une crise sociétale en pleine éruption, et ce 1er Mai 2008 est venu à point pour signifier à ceux qui ont la responsabilité de gérer les affaires citoyennes, de ne pas oublier que le peuple d'En Bas n'arrive plus ni à respirer, ni à manger. Celui qui, traditionnellement, s'appelle «les masses laborieuses». Enfin, cette fête des travailleurs sent, depuis quelques années, la colère et la résignation en même temps quant à une amélioration durable et effective de la situation dans le monde du travail. Loin des surenchères politiciennes, près de considérations plus humaines. Humanistes pour ces hommes et femmes qui triment dans l'anonymat d'un quotidien très dur.


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